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genèse et fondements de la Discipline Positive® 

La Discipline Positive® est un programme américain de renforcement des compétences psychosociales. Il s’adresse autant aux élèves qu’aux parents, aux enseignants qu’aux managers d’entreprises. Il se décline à travers des ateliers pratiques dont l’approche bienveillante encourageante et ferme permet d’engager avec autrui une relation de qualité, de développer chez soi un sentiment d’appartenance à une communauté et un sentiment d’efficacité personnelle : “Chacun fait mieux quand il se sent mieux”.


Des racines : la psychologie individuelle comparée d’Adler

La Discipline Positive® prend racine aux États-Unis au début du xxe siècle. Ce sont Alfred Adler et son disciple Rudolf Dreikurs, tous deux psychiatres autrichiens ayant émigré aux États-Unis avant que n’éclate la seconde guerre mondiale, qui l’initient à travers leur travail autour de la psychologie individuelle comparée. Adler y défend ainsi le sentiment d’appartenance communautaire. Selon lui, l’être humain est un être social qui appartient à l’humanité et qui a besoin de vivre en communauté et en harmonie avec ses pairs. Il croit à la théorie selon laquelle l’Homme “n’est pas une marionnette aux mains de son inconscient” : il est capable, d’agir, de comprendre les buts qui sous-tendent ses comportements, d’exprimer ses besoins et de devenir “maître de son destin”. C’est le cycle vertueux d’Adler : expérience, pensée, croyance, je décide d’agir. Avec son collaborateur Dreikurs, Adler devient alors précurseur en psychothérapie familiale et fonde aux États-Unis des instituts éducatifs pour la jeunesse et la parentalité. Tous deux y développent ainsi les principes de coéducation et sans encore les nommer, les compétences psychosociales.


Une mise en pratique : la Discipline Positive® de Jane Nelsen et Lynn Lott

Dans les années 1980, Jane Nelsen, alors mère de famille nombreuse, docteur en éducation et thérapeute familiale, découvre les travaux d’Adler et de Dreikurs. Inspirée par la psychologie individuelle comparée de ces deux psychiatres, elle décide de la traduire en ateliers pratiques et de tester les activités ainsi créées avec les jeunes et les familles de son quartier. Elle rencontre alors Lynn Lott, elle aussi thérapeute familiale, et déploient toutes deux ce qu’elles appelleront plus tard, les ateliers de Discipline Positive®. Cela fait quarante ans maintenant que la Discipline Positive® est pratiquée aux États-Unis. En France, elle a émergé en 2012.


Une approche psychoéducative fondée sur la bienveillance, l’encouragement et la fermeté

La philosophie de la Discipline Positive® consiste à associer bienveillance fermeté et encouragement. Ni laxiste, ni permissive, elle se veut être encadrante pour rassurer et développer chez l’enfant ou l’adulte le sentiment d’efficacité personnelle et le sentiment d’appartenance à une communauté.

La fermeté c’est pour un enfant, apprendre à respecter le monde de l’adulte et ses règles. La bienveillance - “benevolens, vouloir du bien à autrui” - c’est pour l’adulte, chercher à comprendre le monde de l’enfant, ses ressentis et ses émotions.

La Discipline Positive® met donc l’accent sur la psychologie de l’enfant et de l’adolescent. Et ce que dit cette dernière, les neurosciences le prouvent en expliquant que la maturité cérébrale d’un être-humain n’est atteint qu’à l’âge de 25 – 30 ans environ et que la plasticité du cerveau n’est optimisée que lorsque le nourrisson ou l’enfant est entouré de bienveillance.

La pédagogie de l’encouragement, c’est par conséquent le levier d’apprentissage, c’est-à-dire le moyen, le pont qui permet de concilier ces deux mondes : fermeté et bienveillance. Selon Alfred Adler, l’encouragement est pour l’éducateur “la tâche la plus importante, son devoir sacré”. À l’école, il doit “s’assurer […] que tout enfant découragé retrouve confiance en lui à travers son professeur […] car l’éducation n’est envisageable que si les enfants regardent l’avenir avec espoir et joie.”1
Viser in fine, avec la Discipline Positive® le renforcement des compétences psychosociales, c’est aider l’être-humain “à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne […] c’est maintenir un état de bien-être mental, en adoptant un comportement approprié et positif à l’occasion des relations entretenues avec les autres, sa propre culture et son environnement”2. C’est autrement dit l’aider à développer des compétences de vie comme la confiance en soi, le sentiment d’empathie, la recherche de solutions, l’autonomie, la responsabilité, le respect mutuel, la coopération, pour lui permettre enfin de s’épanouir dans son environnement de façon constructive, tout en contribuant dans le respect du cadre fixé.


Premiers pas vers la Discipline Positive®

La Discipline Positive® pour Stéphanie Douet, c’est un déclic. Une réponse à deux années scolaires difficiles passées avec des classes de troisième prépa-métiers. Deux années scolaires qu’elle nomme ses “Osni, Objets scolaires non identifiés” et qui lui permettront d’ouvrir sa voie vers la Discipline Positive®.

“En one to one, tout fonctionnait très bien. J’avais une très bonne relation avec eux. Mais dès que l’heure sonnait et qu’il fallait reprendre la séance de cours, c’était compliqué. Ils protestaient. J’avais des individus dans une classe et non pas un groupe classe”, explique Stéphanie Douet. Refus absolu d’entrer dans l’apprentissage des savoirs académiques, refus de s’investir dans une séance disciplinaire. Pourtant, la relation était qualitative et l’approche horizontale. D’ailleurs, ces mêmes élèves, paradoxalement, insistaient pour rester avec elle dans sa salle de classe durant l’heure de pause qu’ils partageaient mutuellement dans leur emploi du temps : “C’était avec eux l’heure la plus agréable”. À l’enseignante de les interroger alors : “qu’est-ce qui a changé entre l’heure de cours et l’heure où vous êtes en permanence avec moi ?”. Et ses élèves de lui répondre : “Pourquoi vous venez pour des branleurs comme nous qui n’en n’avons rien à faire des cours ?”.

Le constat résonne comme un cri. Une alarme. Jamais elle n’aurait estimé ses élèves de cette manière : “Moi j’étais axée sur mon programme, sur leur brevet. Je leur démontrais que je croyais en eux. Mais mes vieilles recettes de Saint-Denis ne fonctionnaient plus. Mes élèves – je ne le comprenais pas encore - me criaient qu’ils n’en avaient rien à faire des compétences académiques. Ils voulaient simplement que je développe chez eux leurs compétences psychosociales. Mais à cette époque, je n’avais aucun outil à leur faire vivre.”

L’expérience de cette enseignante atteste le constat de Daniel Favre et montre l’intérêt que l’école doit porter au développement de l’estime de soi chez les élèves parce qu’elle est intimement liée à la motivation et au sens qu’ils donneront à leurs apprentissages : “L’enfant ‘démotivé’ est souvent persuadé ou même certain de ne pas avoir les qualités requises pour réussir et de ce fait, il essaye de moins en moins, ce qui aggrave la situation. Il a ainsi de moins en moins de satisfactions en motivation d’innovation et, comme le monde extérieur lui fait ressentir qu’il ne fait pas correctement son métier d’élève et qu’il exerce sur lui des pressions, ou même des menaces, il est également frustré en motivation de sécurisation et, du coup, ce n’est pas rare d’observer chez ces jeunes des signes d’anxiété et de dépression.”

Pour apprendre et faire évoluer ses pratiques, Stéphanie Douet décide alors de s’outiller et se forme en Discipline Positive® à Paris. Ses objectifs sont désormais clairs : mettre à contribution - dans sa pratique enseignante - des outils de Discipline Positive® qui permettront de redonner confiance à ses élèves etde créer un climat éducatif de qualité propice aux apprentissages.

Stéphanie Douet a obtenu son master II recherche (MASH) à l’Inspé de Nantes en 2018. Son mémoire a porté sur les effets de la Discipline Positive® en termes de bien-être scolaire. Aujourd’hui en doctorat, elle poursuit son questionnement en parallèle de son métier d’enseignante et de sa fonction de formatrice en Discipline Positive® auprès de différents publics, qu’ils soient parents ou acteurs de la communauté éducative.


1. Citation d’Alfred Adler, in la Discipline Positive® dans la salle de classe, Jane Nelsen, Lynn Lott et Stephen Glenn, éditions du Toucan, 2018.
2. Définition des compétences psychosociales de l’OMS, 1993.

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