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l’habit ne fait pas le patrimoine

mis à jour le 10/10/2012


echanger dossier 4

Dans un lycée relativement éloigné du centre-ville, un petit groupe d'élèves a exploré le patrimoine nantais. Du Château des ducs de Bretagne aux fouilles archéologiques du Bouffay, ils ont découvert le passé de la métropole sous tous ses angles. Décliné en patrimoine historique, culturel, industriel, ce parcours leur a permis de se laisser conter Nantes.

mots clés : échanger, enseignement d’exploration, lycée, seconde, création et activités artistiques, patrimoine, Nantes, maison des hommes et des techniques, musée de l’histoire de Nantes


En cette fin d'année, c'est l'avant-dernier cours de l'enseignement d'exploration de type Création et activités artistiques, consacré à l'étude du patrimoine nantais. Les élèves s'affairent à réaliser leur production finale. Au sein de ce modeste groupe de onze élèves, l'une achève une plaquette dédiée à une exposition temporaire à la Maison des hommes et des techniques, une autre peaufine un guide touristique de trente-six pages portant sur la cité des ducs, d'autres encore se consacrent à une brochure décrivant le patrimoine urbain industriel. Il s'agit de mettre en œuvre un projet personnel et créatif rendant compte des connaissances et des compétences acquises au cours de cet enseignement, tout en utilisant les Tice. Ces réalisations qui recourent à des supports variés portent les traces des nombreuses visites préalablement effectuées et témoignent de l'intérêt porté aux richesses historiques de la ville de Nantes. Elles font en quelque sorte, à leur tour, œuvre de transmission d'un patrimoine découvert au cours d'un fructueux parcours.

Un groupe d'aventuriers

L'enseignement d'exploration s'est déroulé durant le second semestre, soit de la fin janvier à la mi-juin 2011, durant une plage de trois heures le jeudi après-midi. L'heure et demie prévue à cet effet a donc été annualisée. Le lycée Alcide-D'Orbigny se situe en effet à une vingtaine de kilomètres du centre-ville de Nantes, et le temps de transport pour s'y rendre est donc relativement important. Empruntant les transports en commun, le groupe sest aventuré en milieu urbain avec une certaine facilité. D'une part, les élèves ont une carte d'abonnement annuel à la TAN, d'autre part, la ville de Nantes met gratuitement à la disposition des scolaires des visites et des conférences dans le cadre du service "Patrimoine". Cet enseignement n'a donc coûté que vingt-cinq euros, soit le montant de la prestation d'un animateur présentant les métiers du patrimoine au musée d'histoire de Nantes ; budget minime s'il en est. Les élèves suivant cet enseignement sont issus de quatre classes de seconde ayant dans leur emploi du temps un alignement de l'enseignement d'exploration le jeudi après-midi. La professeure d'histoire-géographie qui l'anime n'a pas les élèves en charge par ailleurs. Son expérience en tant que chargée de mission au Château des ducs de Bretagne lui a sans aucun doute facilité la tâche, mais celle-ci témoigne dans le même temps de son engagement passionné à l'égard de ce thème.

Le patrimoine dans tous ses états

En effet, le parti pris pour cette première mise en œuvre de cet enseignement a été de travailler sur la ville de Nantes, pour la richesse de son patrimoine et pour la diversité des expériences de réhabilitation qui y sont menées. Les lycéens de Bouaye, bien que vivant dans l'agglomération nantaise, connaissent en réalité assez peu la ville. Il s'agissait ainsi de confronter les élèves à toutes les dimensions du patrimoine et de les inciter à dépasser leurs connaissances premières, qui se limitaient à l'identification de quelques monuments emblématiques de la ville. Les apprentissages cognitifs ont été multiples, consistant à connaître les différents lieux et objets du patrimoine nantais et à comprendre la diversité des dimensions du patrimoine, matériel ou immatériel, monumental aussi bien qu'oral. Le parcours proposé a eu pour objectifs de permettre aux élèves de comprendre le rapport entre la création des lieux ou objets de patrimoine et l'histoire de la ville, d'identifier et de connaître les principales ressources liées au patrimoine nantais, ainsi que de découvrir les différents métiers et formations existants en rapport avec le patrimoine : sa conservation, sa restauration, sa gestion et sa valorisation. Le parti pris qui a présidé à cet enseignement a donc été d'envisager le patrimoine matériel sous toutes ses formes, d'ordre culturel, architectural, industriel, toutes époques confondues, sans ordre chronologique. Le fil conducteur aura consisté en la découverte des richesses urbaines, ce qui requiert de la part de l'enseignante de bien connaître les ressources locales. Pourtant, dans le quartier du quai de la Fosse, celle-ci a découvert certains passages insoupçonnés et donc inexplorés, ce qui montre à l'envi que les professionnels du patrimoine mis à disposition connaissent parfaitement les arcanes de la ville. Il n'est pas moins important d'avoir un réseau de contacts auxquels s'adresser. Par exemple, par le truchement d'Élisabeth Perot, architecte spécialisée dans la restauration du bâti, travaillant pour la direction du patrimoine et de l'archéologie de la ville de Nantes, la professeure d'histoire-géographie a calé pas moins de quatre visites.

Nomadisme

Au cours de cet enseignement, les séances sur le terrain ont été privilégiées afin de rencontrer des lieux, mais aussi des acteurs de la conservation et de la valorisation du patrimoine. L'effectif modeste du groupe a sans nul doute facilité les déplacements hebdomadaires qui se sont déroulés dans de bonnes conditions. Chaque sortie a donc été conçue pour croiser trois objectifs : aborder un aspect du patrimoine nantais à travers un site, un quartier, un projet sur lequel les élèves devaient acquérir des connaissances et en comprendre les enjeux patrimoniaux et le développement de la ville, rencontrer les différents acteurs du patrimoine, professionnels, bénévoles, citoyens, et comprendre les enjeux parfois concurrents entre ces acteurs, mais aussi découvrir les métiers et formations qui étudient ou valorisent le patrimoine dans toutes ces dimensions. Il avait donc été décidé que les élèves passeraient le plus clair de leur temps à l'extérieur en explorant précisément les arcanes de la cité des ducs. Mais la séance d'ouverture s'est déroulée au lycée. Celle-ci a proposé une réflexion générale et théorique sur la notion de patrimoine, à partir des définitions de ce concept, via son étymologie, tant au niveau individuel que collectif. L'étude d'une manifestation institutionnelle telle que les journées du patrimoine qui se tiennent nationalement à chaque automne, et l'analyse de la notion de patrimoine de l'humanité selon l'UNESCO ont permis d'engager une réflexion sur les tenants et les aboutissants de ce concept. Les témoignages recueillis ont montré que les élèves ont été sensibilisés à l'importance de la connaissance, de la conservation et de la transmission d'un héritage historique et culturel local que certains associent au devoir de mémoire.
 

Exploration

Les élèves se sont d'abord livrés à des recherches sur l'objet d'étude, soit le cœur historique de Nantes, en trouvant des cartes et des plans de la ville à différentes époques (voir ci-contre les vues de Nantes de 1716 et de 1888). Ils ont alors exploité les sites des archives municipales, départementales et du musée de l'histoire de Nantes sis au Château des ducs de Bretagne. La seconde séance a eu pour objet de reconstituer les étapes du développement urbain depuis la période gallo-romaine jusqu'à nos jours. Selon une perspective historique, les élèves se sont employés à distinguer les diverses strates de l'évolution urbaine, fondement même de la notion de patrimoine (voir annexe). Par groupes, ils ont repéré les monuments historiques encore existants et identifié les traces du passé laissées dans le paysage. L'étude a notamment porté sur la question du fleuve, des îles et des ponts. Ces préliminaires ont mis en œuvre les compétences liées à la lecture de plans et de cartes. Que sont devenus le pont transbordeur et le champ de Mars ? Pourquoi parle-t-on de l'"Île" Feydeau ? Qu'appelait-on le pont maudit ? Forts de ces réflexions préliminaires et de quelques repères géographiques, les lycéens n'avaient qu'une envie en tête, revêtir leur tenue d'explorateur et battre le pavé nantais, tout du moins le macadam, hormis dans certains quartiers historiques.

  




 

En chantier

L'enseignante a alors présenté au groupe le programme qu'elle lui avait concocté, immédiatement mis en pratique, en commençant par la visite de la Maison des hommes et des techniques. Installé dans les ateliers et chantiers de Nantes, ce musée est situé à proximité des Machines de l'Île. L'entrée par le patrimoine industriel en a surpris plus d'un qui s'attendait plutôt à découvrir des monuments historiques. Quels sont les objectifs et les enjeux de ce lieu patrimonial ? telle était la problématique de cette première sortie. Une association, créée en 1994, est dédiée à ce site dont les buts sont de valoriser l'histoire sociale de la ville et de maintenir vivante la mémoire de la construction navale. La visite des anciens ateliers s'est effectuée avec, pour guide, un ancien ouvrier, M. Jean Relet. Le patrimoine matériel s'est donc accompagné d'un patrimoine oral, par la transmission technique et passionnée d'une expérience professionnelle liée à une période révolue. Déplacés en 1982 à Saint-Nazaire, les chantiers navals, qui employaient de sept à huit mille salariés, constituaient un haut lieu de la culture ouvrière nantaise. Hormis le bâtiment principal qui a été restauré, le vestige le plus emblématique de cette période est une grue jaune, dont Presse Océan a inventé la disparition le premier avril dernier avant de publier, depuis cette date, un roman-photo qui prend cet événement imaginaire comme point de départ.

La forme d'une ville

Plus conventionnelle, la seconde visite s'est déroulée au Château des ducs de Bretagne, bâti dès le début du XIIIe siècle, et siège, depuis 2007, du musée d'histoire de Nantes. D'Anne de Bretagne au manuscrit de la chanson Nantes de Barbara, en passant par l'évocation de la traite négrière, les anneaux de la mémoire s'y succèdent sans chaînon manquant. Dans un monument lui-même objet patrimonial, comment les objets exposés sont-ils présentés au public ? Comment sont-ils mis en scène et en valeur ? C'est l'occasion rêvée d'aborder les questions de conservation et de muséographie. L'exploration des richesses patrimoniales de la ville s'est poursuivie, un autre jeudi, par un parcours dans l'Île Feydeau, quartier du XVIIIe siècle, l'un des fleurons de l'architecture nantaise avec son Temple du goût, ses rues pavées, son immeuble à cour ovale, ses façades à mascarons, etc. Cette excursion était dirigée par un guide exceptionnel en la personne d'Élisabeth Perot, une architecte travaillant au service archéologie et patrimoine de la ville de Nantes. Spécialisée dans la restauration du bâti, celle-ci a expliqué la politique municipale en matière de réhabilitation et préservation d'un patrimoine historique datant de l'époque du commerce triangulaire où les négociants logeaient dans ces hôtels particuliers. Ce cadre historique est régulièrement employé pour des films. Récemment, le cinéaste allemand Volker Schlöndorff y a tourné, rue Kervégan, quelques scènes d'un téléfilm évoquant le drame des Cinquante otages et appelé à être diffusé sur Arte. Ce geste cinématographique, de nature patrimoniale également, illustre bien la diversité des formes d'hommage au passé.

Voyage à travers les siècles

Deux autres quartiers ont été ensuite explorés. Sous la houlette de Françoise de Cossette, guide du service "archéologie et patrimoine", un parcours du quartier Graslin a permis de découvrir les vestiges de l'urbanisme de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle avec le théâtre, le café La Cigale, la rue Crébillon et le passage Pommeraye. Les connaissances architecturales de la médiatrice ont donné l'occasion, aux élèves comme à la professeure, de mesurer la profondeur du bâti des immeubles du quai de la Fosse, visible dans des arrière-cours. Enfin, l'ultime visite a été dédiée au quartier de la Madeleine et du Champ de Mars qui a connu, depuis la démolition, en 1988, du palais du Champ de Mars inauguré en 1938, d'étonnantes métamorphoses. Du Lieu Unique, ex-usine Lefèvre-Utile devenue lieu culturel à un immeuble de bureaux, autre usine transformée, quelle place réserve-t-on au passé dans les aménagements urbains ? Le programme s'est ainsi poursuivi, comme il avait débuté, par de saisissants exemples de réhabilitation du patrimoine industriel nantais en écho aux ex-chantiers navals.

En explorant le substrat urbain

Deux visites ont présenté un autre aspect plus technique du patrimoine, soit l'archéologie. Dans le quartier du Bouffay, les travaux entrepris afin de creuser un plateau piétonnier se sont accompagnés de fouilles préalables. À cette occasion et après avoir enfin obtenu le rendez-vous tant désiré, les élèves se sont rendus sur le chantier afin d'en découvrir les modalités. C'était en mai, il faisait une chaleur accablante qui, ajoutée au bruit assourdissant des machines, ne rendait pas la visite très plaisante. D'autant plus que l'accès au site étant interdit, la séance s'est limitée à des commentaires à distance de la part d'un archéologue, certes très qualifié, mais dont le discours très spécialisé exigeait d'être féru d'archéologie. Hormis l'aspect spectaculaire du site, ces fouilles qui passionnent habituellement de nombreux collégiens égyptologues en herbe, présentaient donc un intérêt relatif. Au moins était-ce l'occasion de faire référence aux responsabilités de l'État en matière de patrimoine. Dans le même ordre d'idées, une visite, qui a d'ailleurs précédé, a été consacrée au laboratoire nantais Arc'Antique. Spécialisée dans les métaux et céramiques, cette entreprise intervient lors de fouilles archéologiques sous-marines, d'épaves, par exemple. La directrice qui guidait la visite a montré les techniques chimiques de restauration de matériaux précieux. Les questions de la conservation, de la préservation, voire de la reconstitution de vestiges antiques ont alors été abordées.

Découverte des métiers du patrimoine

L'un des objectifs de ces enseignements est l'exploration des métiers connectés au domaine d'activités étudié. Au cours du parcours proposé, les élèves ont eu l'occasion de découvrir diverses professions avec ceux qui les exercent. Dès la première visite à la Maison des hommes et des techniques, la rencontre de deux étudiantes en médiation culturelle leur a permis d'entendre exposer les parcours de formation et les débouchés professionnels dans ce secteur. Au musée d'histoire de Nantes, un médiateur a de même présenté les métiers du château. C'est d'ailleurs dans ce but que les élèves sont retournés au château pour une seconde visite sous un autre angle. Par ailleurs, au cours de leur itinéraire, les élèves auront entendu s'exprimer la directrice du laboratoire Arc'Antique, un archéologue, une guide officielle de la ville, etc. Des conservateurs de musée aux médiateurs culturels en passant par les techniciens chargés de la restauration de monuments anciens, ils auront eu un panorama assez complet des professions qui gravitent autour du thème du patrimoine. Une élève songeant à devenir architecte d'intérieur s'est d'ailleurs renseignée sur la formation nécessaire pour être architecte, projet qu'elle envisage de mener à bien, et a acquis, au cours de ce parcours, quelques bases en matière d'architecture, notamment en ce qui concerne son vocabulaire spécialisé.

Productions étonnantes

Au fil de leurs pérégrinations, les élèves ont individuellement tenu un carnet de bord. Avec la production finale, celui-ci, visé notamment fin mars, a participé à l'évaluation de cet enseignement. De séances en visites, les traces écrites ont ainsi balisé l'itinéraire. Les consignes étaient doubles. D'une part, faire apparaître les documents distribués ou collectés dans les divers sites tels que la Maison des hommes et des techniques, le château / musée d'histoire de Nantes et le laboratoire Arc'Antique ; d'autre part, rédiger, pour chacune des visites, un paragraphe d'au moins une vingtaine de lignes qui présente les principaux aspects du patrimoine qui y ont été abordés. Chacun pouvait également en profiter pour écrire ce qu'il avait pensé de chacune de ces visites. L'enseignante a assuré une continuité de réflexion sur les divers aspects de la notion de patrimoine en faisant converger, par-delà le calendrier des déplacements, des préoccupations communes. Les trois dernières séances ont été consacrées à une production que chaque élève a librement choisie, en adoptant des supports variés. Il s'est alors agi de mettre en œuvre un projet personnel et créatif rendant compte de l'acquisition des connaissances et des compétences au cours de l'année. Une élève a, par exemple, consacré une brochure à la Maison des hommes et des techniques à l'occasion d'une exposition intitulée Le "métier et l'art" dédiée à René Robin, qui s'est tenue du 26 avril au 19 juin. De 1916 à 1976, cet ingénieur, spécialiste en divers domaines dont celui de la construction des dragues, était doté d'un talent d'artiste au-delà de son génie technique. Il s'est d'ailleurs employé à représenter aussi bien des paysages ligériens que des scènes portuaires. La brochure réalisée par l'élève a pour devise : "Il faut se battre pour transmettre le site historique". On y voit quelques dessins de René Robin ainsi que d'anciennes vues des chantiers et on peut y lire des textes incitant à visiter les expositions permanente et temporaire (voir annexe). Une autre élève a réalisé un guide touristique de Nantes. Elle s'est inspirée d'un guide sur la Crète dont elle a reproduit la maquette, et a notamment exploité un ouvrage emprunté au CDI sur l'histoire de Nantes de 1904 à nos jours, qui lui a fourni de nombreuses ressources iconographiques. Une présentation de la ville en dix mots-clés et des informations pratiques constituent quelques éléments de ce parcours fléché particulièrement détaillé (voir annexe). Les autres productions, de qualité variable, consistent en des diaporamas, parfois un peu trop généraux, une affiche pour une exposition virtuelle sur le thème de la traite des Noirs, un site internet dédié au patrimoine nantais, etc. Mais, quel que soit le sujet traité, tous mettent un point d'honneur à présenter un travail plaisant à l'œil. L'un des aspects de cet enseignement artistique réside en effet en une éducation du regard. Si celui-ci ne donne pas vraiment lieu à une véritable création artistique, le sens de l'esthétique y est cultivé jusqu'à la production finale. L'usage des technologies informatiques, dont les élèves explorent à cette occasion les ressources, constitue un apport précieux sur le plan du transfert de documents iconographiques, de l'aide à la rédaction, de la mise en page, de la typographie, des effets visuels, etc. L'évaluation de la production et de l'attitude face au projet apparaît sur le bulletin du troisième trimestre de chaque élève. L'investissement personnel, la créativité et l'adéquation de la production au sujet choisi ont constitué les éléments essentiels de cette évaluation. Les savoir-faire acquis par les élèves consistent à être capable de situer un lieu ou un objet du patrimoine dans son contexte historique, économique, artistique et culturel, autant qu'à identifier, analyser et comprendre, sur un même lieu, les différentes strates et formes du patrimoine avec ses éléments constitutifs ; soit ses formes, ses techniques, ses significations, ainsi que ses usages passés et actuels, mais aussi à comprendre les enjeux liés à la conservation, à la restauration et à la réutilisation des lieux de patrimoine de même que le rôle de ses différents acteurs.

Terminus

Les élèves ont apprécié ce programme ambitieux et varié. Préférant individuellement telle visite plus que telle autre, ils disent avoir acquis de nombreuses connaissances sur les richesses historiques de la ville de Nantes. Tous sont très sensibles aux enjeux de la transmission d'un héritage historique. Ils définissent le patrimoine comme quelque chose qu'on lègue à la population ou tout ce qui est fait pour que Nantes n'oublie pas son histoire (voir annexe). De son côté, la professeure d'histoire-géographie expérimentait bien évidemment ce nouveau type d'enseignement à teneur artistique. Certes, sa fonction de chargée de mission la prédestinait à faire explorer aux élèves, qu'elle n'avait pas en charge par ailleurs, les richesses du passé nantais. Son expérience dans ce domaine lui facilitait sans doute la tâche. Mais les modalités étaient nouvelles. Il fallait mettre sur pied un programme et un itinéraire dans un cadre donné. À l'heure du bilan, la professeure tire quelques enseignements de cette exploration qui nécessiterait quelques ajustements pour sa mise en œuvre l'année suivante. D'abord, mieux vaut être deux à l'animer, d'autant plus que, succès aidant, l'effectif risque de s'accroître. Au-delà de la charge de travail, un encadrement par deux enseignants semble indispensable, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité. Une enseignante de lettres pourrait, par exemple, accompagner les visites urbaines d'une nanthologie, soit un recueil de textes d'écrivains qui, de Stendhal à Gracq, en passant par Pieyre de Mandiargues, ont évoqué la cité des ducs. En effet, le patrimoine peut aussi bien être d'essence littéraire. Ensuite, il serait préférable de prévoir de plus nombreuses séances intermédiaires se déroulant au lycée afin de mieux assurer le suivi de cet enseignement. Faire régulièrement retour sur les visites qui ont eu lieu permettra de faciliter le compte rendu de celles-ci. Certaines d'entre elles pourraient être supprimées, d'autres ajoutées, selon un programme à géométrie variable. Enfin, à l'heure où la gastronomie française a été reconnue par l'UNESCO comme faisant partie du patrimoine immatériel de l'humanité, pourquoi ne pas intégrer cet aspect au projet. La réforme des lycées a instauré des enseignements d'exploration qui offrent une certaine liberté d'organisation corrélée à l'autonomie des établissements. En s'emparant de ces opportunités, les enseignants, en fonction de leurs compétences et de leurs préférences, ont d'ores et déjà imaginé des scénarios élaborés et cohérents. L'audace et l'expérience aidant, nul doute que ces initiatives se multiplieront en offrant un panorama diversifié, et proposeront aux élèves des menus artistiques à la carte.
 
auteur(s) :

J. Perru

contributeur(s) :

S. Jarno, Lycée Alcide-d'Orbigny, Bouaye [44]

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taille : 594 Ko ;

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