Quand on effectue des remplacements en Zil (zone d'intervention localisée), on a peu de temps pour agir. Ces ziliens
1 bien connus des enseignants du premier degré remplacent leurs collègues absents sur un secteur déterminé. François Soulard intervient depuis de nombreuses années sur celui de Saint-Jean-de-Monts. Il a l'avantage de bien connaître les écoles et les enseignants. Mais quoi qu'il en soit, il doit toujours faire face à la délicate situation d'être l'étranger qui a pris la place du maître. Alors, la motivation qu'il définit comme un état d'esprit, il connaît bien. C'est même le fil conducteur qui guide les activités pédagogiques qu'il construit. Il a choisi en exemple une séquence faite auprès d'élèves de cours préparatoire, plutôt dans la deuxième partie de l'année, avec des enfants lecteurs, à l'école de Saint-Jean-de-Monts. Il la pratique, en adaptant les activités demandées, à tous les niveaux et dans de nombreuses écoles. Les objectifs sont la lecture de textes, d'images et de plans. Les domaines abordés sont aussi bien le français que la découverte du monde, en l'occurrence l'espace proche, pour des CP. Son matériel pédagogique : un album, des plans, un appareil photo numérique... et une cour.
Un texte est une mine d'or...
L'aventure commence donc par la lecture des Trois brigands
2. L'histoire fonctionne toujours bien. Les enfants ont lu cette histoire de bandits qui collectionnent des coffres remplis d'or et de bijoux. Les trésors, ça marche immanquablement... Autant exploiter le filon, s'est dit l'enseignant. Voilà donc qu'un matin, les enfants se voient proposer la lecture d'une fiche qui va susciter bien des discussions... un trésor enfoui dans la cour de récréation de leur école !
Un texte est une mine d'or

Le texte fait l'effet d'une bombe. C'est un ensemble de petites choses qui suscite l'intérêt des enfants et va faire qu'ils se prennent au jeu, note l'instituteur : le fait d'utiliser les prénoms des enfants de la classe, d'ancrer le récit dans leur vécu, de choisir un sujet qui fait écho pour eux... La référence aux Trois brigands est explicite puisque le texte, qui évoque des "coffres pleins de pièces, pleins de perles et de pierres précieuses...", reprend presque mot pour mot l'une des expressions de l'album. Le lien est fait avec le travail de lecture précédent, et les enfants attendent avec encore plus d'impatience que d'habitude l'heure de la récréation. Ils se précipitent dans la cour (de sable) et commencent à faire des trous partout pour mettre la main sur les précieuses pièces. Cela va durer toute la semaine. Inutile de préciser que lorsque leur maître leur propose de partir à la chasse au trésor, la réponse est unanimement enthousiaste.
... et lire un plan, un vrai travail de détective
Il faut procéder avec méthode. Cette séquence s'inscrit à la suite d'une séance sur le plan de la classe. Les enfants ont réalisé leur plan, puis les différentes productions ont été confrontées. Après s'être approprié cette représentation symbolique de leur classe, les élèves ont découvert d'autres plans en tous genres. L'espace s'élargit, on passe au stade supérieur : les enfants se voient confier des photocopies de plans de masse et de plans simplifiés de la cour. Leur enseignant dispose d'un grand plan utilisé par les maçons lors de la construction, qu'il affiche au tableau. Lorsque cette séance a été effectuée, l'école ne disposait pas encore de vidéoprojecteur. Aujourd'hui, François Soulard commencerait par leur montrer une photo satellite de leur école. Quand on est en CP, la lecture d'un plan est en soi toute une aventure. Qu'est-ce que ça peut bien être que cet agencement de lignes et de formes ? Ce sont eux qui pistent les indices et élucident le mystère. On apprend à repérer les différents éléments, à lire les symboles et les mots écrits, à orienter le plan. Autre facteur de motivation : ne pas tout donner aux élèves, les laisser chercher, faire des hypothèses, trouver par eux-mêmes. L'activité est d'autant plus motivante que le jeu en vaut la chandelle : c'est la carte qui donnera la clef de l'énigme. Et il est capital également pour motiver les élèves, surtout lorsqu'ils sont jeunes, de laisser une place importante à l'action, dans des activités concrètes où l'apprentissage mobilise tout le corps, et pas seulement la tête. Avant de se lancer dans la grande aventure, on s'entraîne. Différents jeux de repérage sont effectués sur place : il faut se rendre à un endroit indiqué par une gommette que le maître place sur le plan, placer le schéma dans la bonne direction, retrouver in situ un élément symbolisé sur le papier... Les enfants apprennent à orienter le plan, et à s'orienter eux-mêmes dans l'espace. Ils se familiarisent à la lecture du langage spécifique de la carte et du plan.
Lire toujours
Et puis le jour J arrive enfin. Six groupes de quatre élèves sont constitués. Ce choix d'un effectif peu important par groupe répond à la volonté de faire manipuler tous les enfants au maximum. Pas de chef, mais l'obligation pour chaque équipe que chaque membre effectue à un moment les différentes tâches : lire le plan, ouvrir l'enveloppe, rapporter l'indice au maître... La règle du jeu est parfois un peu complexe pour de jeunes enfants. Aussi l'enseignant prévoit-il un exemple réalisé collectivement, avec une fiche supplémentaire. Chaque équipe doit rapporter six indices, placés dans une enveloppe dans six endroits différents de la cour. Les indices varient suivant le niveau des élèves. Pour les CP, ce sont des dessins, mais avec des plus grands, il peut s'agir d'une énigme, d'un problème à résoudre, d'une opération à faire... Une fiche est distribuée à chaque équipe. Un plan y est figuré, avec une gommette indiquant un endroit donné et une photographie le représentant.