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le grec ancien s'ouvre à de nouveaux horizons

mis à jour le 29/06/2012


echanger dossier 9

Peut-on offrir à des collégiens ruraux les mêmes choix qu'aux élèves scolarisés en centre-ville ? Comment ouvrir des options d'excellence dans de petits établissements ? Dans la Sarthe, où l'enseignement du grec ancien est menacé faute d'élèves et d'enseignants, une réponse innovante est expérimentée : l'enseignement par visioconférence.

mots clés : échanger, ENT, tice, grec ancien, autonomie


Plus encore que les autres départements de l'académie, la Sarthe connaît de grandes difficultés dans le recrutement d'enseignants de lettres classiques en collège, ce qui y compromet l'enseignement du grec. En effet, si bon nombre de professeurs de lettres modernes, titulaires ou remplaçants, peuvent assurer des cours de latin, ce n'est absolument pas le cas pour le grec. Les effectifs d'hellénistes fondent donc dans les collèges, risquant de tarir à terme le recrutement des lycées sarthois où une offre d'enseignement du grec existe. Comment préserver, valoriser la filière littéraire au lycée dans ce département, en étoffant les options de grec ou les enseignements d'exploration : "Langue et culture de l'Antiquité grecque" là où elle est proposée ? Comment permettre à des collégiens d'explorer une langue ancienne et d'ouvrir ainsi leur champ d'orientation ? Comment tendre à plus d'équité et à une meilleure égalité des chances sur le territoire ? Un dispositif innovant a été mis en place, à l'initiative de Madame Husson, IA-IPR lettres. Depuis septembre2010, l'enseignement en visioconférence du grec ancien existe dans cinq collèges sarthois où cet enseignement n'était pas proposé jusqu'alors. Ces établissements, qui faisaient nécessairement partie de la toute première vague d'implantation de l'ENT, ont été choisis en raison de la présence d'un professeur de lettres classiques, de l'offre d'enseignement dans le lycée du secteur, et enfin, l'adhésion forte des équipes de direction et des enseignants sollicités pour le projet a été déterminante.

Une classe virtuelle et un réseau

Une classe virtuelle regroupe ainsi vingt-deux élèves de troisième, les effectifs variant de un à huit dans chacun des cinq collèges. Cette classe reçoit deux fois par semaine une heure de cours en visioconférence. Ce cours est assuré pour tous, depuis sa classe de Marolles-les-Braults, par Claire Laimé, professeure agrégée de lettres classiques. La troisième heure de grec est assurée dans chaque établissement par l'enseignant de lettres classiques en place, pour le petit groupe concerné. Pendant les deux heures de cours communs, les élèves sont encadrés par un assistant d'éducation, formé en juin, en même temps que les enseignants, au maniement des outils et au fonctionnement du dispositif. Un espace collaboratif sur Caraïbes a été ouvert aux enseignants engagés. Pour l'heure, il reste peu utilisé ; les professeurs lui préfèrent les courriers électroniques, plus limités certes, mais plus accessibles, et permettant une meilleure réactivité, une grande efficacité et une facilité d'utilisation. Ce dispositif impose en effet de fréquents contacts entre tous les enseignants qui échangent à la fois sur les plans pédagogiques et pratiques. L'espace numérique de travail e-lyco du collège est d'autre part utilisé pour échanger les productions et pour le cahier de texte.

Un projet qui a su convaincre

La proposition de Madame Husson a reçu un accueil très favorable des chefs d'établissement, soucieux d'élargir l'offre d'enseignement dans leur collège, surtout avec cette option "classique", littéraire, porteuse d'une image très positive. Les enseignants de lettres classiques en place ont aussi été enthousiastes à cette idée ; certains n'avaient jusqu'alors jamais eu l'occasion d'enseigner le grec et se sont replongés dans cette langue avec plaisir. L'inquiétude des collègues devant cet enseignement sans professeur pendant deux des trois heures a été levée, pour une part par la nouveauté de l'offre - jamais, sans ce dispositif, les élèves de Château-du-Loir ou Malicorne, ni les autres, n'auraient pu avoir accès au grec. D'autre part, l'adhésion forte de l'enseignant en place au projet et son intégration au dispositif ont convaincu : non seulement, il assure la troisième heure, mais il est aussi associé à la réflexion pédagogique. Il peut donner son avis sur les outils proposés, aussi bien les supports de cours que les évaluations ; c'est lui qui corrige les devoirs et il garde sa totale liberté pédagogique pour la troisième heure, tout en l'articulant au cours collectif. Les élèves et les familles ont eux aussi été séduits par l'offre. Bien que nouvelle et s'ajoutant à des options déjà en place, parfois très nombreuses, comme à Château-du-Loir (latin, sports - handball et volley - ODP, section européenne anglais et espagnol), cette option grec ancien n'a pas manqué de volontaires - presque exclusivement des élèves sans option jusqu'alors -. Un seul candidat à Sillé-le-Guillaume, mais dix-huit au collège Bercé de Château !

Régler les points pratiques et techniques

Dès les mois de mai et juin 2010, tous les acteurs se sont penchés sur les aspects technologiques et pratiques du projet pour lever les appréhensions et en asseoir la faisabilité. Il a fallu se mettre d'accord sur les deux créneaux horaires. Le choix s'est porté sur 13 h 30-14 h 30 le mardi et le vendredi. Ces horaires sont en décalage avec ceux en vigueur dans plusieurs des établissements. Dans ce cas, les élèves hellénistes doivent arriver plus tôt que leurs camarades, en écourtant leur pause méridienne. Puis, ils passent, selon les cas, l'intervalle de fin de cours - de dix à vingt-cinq minutes - soit dans la salle, soit dans la cour, pour se caler sur le rythme de l'établissement. Cela ne pose aucun problème. Cette heure ne se place pas toujours sur le même créneau que les autres options du niveau 3e, ce qui a été une contrainte de plus à gérer pour les emplois du temps, dans un collège. À Marolles-les-Braults, collège émetteur, les options sont aussi en barrette. Un deuxième enseignant de lettres classiques est absolument nécessaire pour assurer le latin, d'autant que Madame Laimé tient à garder son enseignement en français. Or, il a été très difficile d'en recruter un pour un bloc de moyens provisoires de onze heures ; c'est la difficulté majeure qu'a dû surmonter ce collège. Une journée de formation a été proposée aux professeurs et aux assistants d'éducation par l'IPR et un technicien de la Direction des systèmes d'information. Il s'est avéré que le logiciel, très facile d'emploi, peut être maîtrisé par tous, même les moins avertis, en quelques heures. Pour l'établissement émetteur, outre le vidéoprojecteur et l'ordinateur avec micro et webcam indispensables dans chaque classe, il a fallu acheter un micro haute fidélité de bonne qualité pour l'enseignante, et une carte-son performante. Un TBI complète le dispositif dans chacune des salles.

Des limites techniques intégrées au projet

Le nombre d'élèves par salle a été limité à huit pour que le total reste proche de celui d'une classe réelle, et surtout, pour rester dans les limites techniques et humaines des outils proposés. D'une part, les connexions existantes ne permettent pas un nombre infini d'interventions simultanées ; il est difficile, par exemple, d'avoir plus de deux images de classes en même temps. D'autre part, l'adulte derrière l'ordinateur, et notamment la professeure assurant le cours, ne peut gérer qu'un certain nombre de sources de messages. Elle est d'ailleurs aidée par un élève sans option, et volontaire, qui est au clavier et assure une partie des tâches techniques avec aisance, soulageant l'enseignante d'une partie de ce travail. Mais c'est elle qui lui donne toutes les consignes et les messages. C'est pour cette raison de gestion des messages qu'il n'y a qu'un poste en service dans chaque classe. Les échanges s'apparentent donc plutôt à une webconférence qu'à une visioconférence 1 à proprement parler. L'assistant d'éducation ou un élève assure la liaison avec la classe émettrice. Si un élève lève la main, "le secrétaire" tape sur la touche correspondante qui affiche l'information sur tous les écrans. L'enseignante peut alors donner la parole à l'élève qui vient au micro pour parler. Son message peut aussi transcrit par le "secrétaire" et s'affiche alors dans la fenêtre-dialogue des ordinateurs, projetée dans toutes les salles. De même, un élève interrogé ou volontaire pour une lecture se déplace au bureau. L'enseignante émettrice lui donne alors l'accès au son et à l'image. À chaque instant, chacun a ainsi un statut et les droits qui lui sont associés. L'hôte, le professeur, peut tout faire, le présentateur peut parler, mettre des images, utiliser un diaporama, être filmé... C'est un statut provisoire, à la durée déterminée. Au cours du second trimestre, tous les élèves ont ainsi présenté, par deux, des exposés sur la mythologie ou l'histoire (voir annexe). Le dispositif ralentit incontestablement le rythme du cours, mais pas autant qu'on pourrait le craindre. La transmission écrite est rapide, et les déplacements sont soit anticipés par les consignes de l'enseignante : "Quentin, c'est toi qui liras le début du texte, au moment de la mise en commun", soit par l'élève qui a demandé à parler. Les élèves sont près de l'ordinateur et on entend assez bien d'une salle à l'autre de rares interventions spontanées. En effet, si la concentration exigée est grande, cela ne nuit pas du tout à une ambiance détendue.

Une préparation exigeante

Comme les assistants d'éducation, l'enseignante émettrice arrive une dizaine de minutes avant l'heure de démarrage du cours. Elle allume les différents appareils, puis se connecte - c'est parfois assez long - et vérifie que tout fonctionne. Elle coiffe son micro serre-tête sans fil, pose sur les tables les photocopies pour le cours à venir, puis accueille les six élèves au fur et à mesure de leur arrivée, tout en saluant au micro les autres classes dès qu'elles se connectent. Elle surveille du coin de l'œil son écran, tout en dialoguant brièvement avec ses propres élèves ou les assistants d'éducation des autres collèges. À l'heure dite, le cours commence. L'écran s'affiche sur le tableau blanc avec l'ensemble des fenêtres.

Saisie d'un écran


La taille de celles-ci va varier au fur et à mesure des activités, du plein écran jusqu'à s'effacer pour un temps, selon les besoins. Le cours se présente nécessairement sous forme de diaporama en power point, avec possibilité d'images en Jpeg. Les élèves travaillent sur les photocopies qui présentent tous les supports du cours avec des espaces prévus pour leur propre trace écrite. Les ciseaux et la colle permettent à chaque élève de personnaliser son travail et le cours dans son cahier. Ces outils doivent être conçus à la fois comme outils pour le cours lui-même, mais aussi comme aide pour un travail personnel à venir, au collège ou au domicile. Ils doivent se suffire à eux-mêmes : les consignes doivent être limpides pour tout élève (voir annexe). Chaque cours est pensé en fonction d'un nombre très limité d'objectifs précis, sur une trame très claire. La volonté est de mettre le plus possible les élèves en activité et d'imaginer des dispositifs qui impliquent chacun dans le travail, en lui donnant confiance en ses chances de réussite. Les cours doivent être prêts suffisamment à l'avance pour être communiqués aux autres enseignants, qui peuvent ainsi les intégrer à leur propre travail avec leur groupe, et faire les photocopies qu'ils confient à l'assistant.
 

Un cours presque ordinaire

La professeure peut partager son écran, elle s'efforce de solliciter des élèves dans chaque salle et cherche à collecter le maximum d'informations sur la manière dont le cours est reçu, par de rapides questions auxquelles, le plus souvent, la salle sollicitée répond par écrit de quelques mots dans la fenêtre dialogue. Cela ne perturbe en rien le cours. Ce jour-là, la première consigne était de retrouver dans un texte en grec la traduction des mots en gras. Aussitôt, dans la classe de Claire Laimé, les élèves se mettent au travail. Ils cherchent ensemble, sauf une qui travaille seule. Pendant ce temps, d'autres groupes se connectent. Rappel de la consigne - qui est aussi sur le document qu'on leur a remis. Dans chaque salle, l'adulte se déplace, donne éventuellement une indication, encourage... L'enseignante guide le travail en rappelant à tous le contexte du cours précédent. Elle demande à son élève technicien de bien cadrer le texte et annonce que c'est le collège de Bercé qui va commencer la correction, par la lecture du texte. Le temps restant est rappelé. À l'échéance, un élève de Bercé a le statut de présentateur et lit la première phrase, puis traduit les mots. Un autre élève, de Malicorne, enchaîne. L'image du lecteur apparaît à l'écran et accompagne sa voix. Le son est d'assez bonne qualité pour la première liaison, moins pour la suivante. Le second temps du cours est consacré à la découverte des prépositions à partir d'une série de dessins amusants mettant en scène un homme et un taureau, dans une saynète. Les élèves prennent le cours sur leur cahier. Après ce temps de prise de notes, ils amorcent un exercice de traduction de compléments circonstanciels, qui les amène à utiliser lesdites prépositions en mettant le groupe nominal au bon cas ! Claire Laimé annonce avant de les saluer que cet exercice de réemploi sera à terminer pour le cours suivant, où il sera repris. Tout au long du cours, l'enseignante a dialogué avec les différents groupes, appelant élèves et assistants par leurs prénoms, instaurant ainsi une proximité certaine. De même, les élèves se connaissent. Les différents groupes utilisent la fenêtre dialogue pour des demandes précises : "besoin de plus de temps, retour à l'image précédente, on n'a pas entendu...". Les rituels et l'ambiance sont très proches de ceux d'une classe ordinaire.

La troisième heure : un travail partagé

Assurée par l'enseignant en poste dans l'établissement, elle entretient bien évidemment un lien avec le cours commun. Pour partie, elle est consacrée à un retour sur le cours, avec des explications complémentaires si besoin, des exercices de manipulation... (voir annexe). Mais il peut aussi s'agir d'approfondissement, d'apprentissages nouveaux. Chaque enseignant choisit : il adapte le cours à ses élèves et à leurs demandes. Il arrive qu'un échange se fasse entre les enseignants sur les pistes de travail envisagées par tel ou tel à la suite d'un cours, que des supports soient utilisés par plusieurs, plus ou moins remaniés. Quand on sait que le logiciel utilisé pour le cours ne propose pas l'alphabet grec, on devine que tout support saisi en grec fait gagner à tous un temps précieux. Mais l'essentiel n'est pas là : les enseignants de lettres classiques n'ont jamais l'occasion de travailler à plusieurs. Cette action leur permet de prendre conscience de l'intérêt de la réflexion commune, des échanges d'idées ou d'outils pour enrichir leur pratique et la diversifier. Claire Laimé met son cours en ligne, ce qui permet aux autres enseignants d'anticiper l'accompagnement qu'ils vont mettre en place, et, le cours étant enregistré lui-même en totalité, il peut être revu à la demande. En outre, divers documents mis à disposition par Madame Laimé sur le site du collège de Marolles peuvent nourrir les recherches des élèves comme des professeurs. Le cahier de textes électronique, accessible à tous sur le site du collège, permet à chacun d'avoir une trace de la progression réelle par rapport au projet.

Un dispositif efficace

Au collège de Bercé, à Château-du-Loir, Anthony Salomé, professeur agrégé de lettres classiques, constate que le dispositif est efficace. Le niveau des élèves est tout à fait correct. Il pense que la qualité des cours de sa collègue y est pour beaucoup, tout comme la concertation pédagogique des quatre enseignants - même s'il estime que le nombre de points de grammaire abordés est peut-être un peu moins important que dans un enseignement classique. Les cours sont détendus, les élèves s'entraident, peuvent échanger, ils peuvent - et doivent même - se déplacer. Ils se sentent plus libres et donc plus responsables. Ils ont bien compris que la leçon peut continuer sans eux et que c'est à eux qu'incombe la responsabilité d'être réellement dans le cours. Ici, sur les huit élèves, sept sont des garçons, séduits sans doute par la dimension technologique du projet et par le paradoxe de cette forme d'enseignement d'une langue très ancienne au moyen de la technologie la plus moderne. Ne s'agit-il pas d'un dépoussiérage d'une option "grec" à l'image traditionnellement plutôt vieillotte ? Sans doute aussi les élèves sont-ils séduits par l'offre d'un enseignement nouveau à la fin de leur cursus en collège. C'est un moment où ils ont le sentiment d'avoir fait un peu le tour de ce premier cycle et attendent le lycée pour avoir du nouveau. De fait, ils sont très intéressés par la découverte culturelle, certains se passionnent pour l'étymologie, comme cette élève du collège Kennedy, à Allonnes, dont la vision des mots a changé, qui cherche à retrouver dans les mots français des mots grecs découverts en classe, à grouper les mots d'après des racines, et repense des mots usés à la lumière de leur sens étymologique. Du complètement nouveau pour elle. Un peu plus en difficulté dans l'apprentissage de la grammaire, les élèves reconnaissent que l'aide de leur professeur de l'établissement leur est indispensable : revoir les déclinaisons de manière ludique, bénéficier d'une autre approche de la conjugaison, c'est très utile, car le cours est dense. Après le cours où le professeur a été absent à Château-du-Loir, il y a eu un fléchissement dans le travail et les résultats. Depuis, c'est reparti. Hasard ? Ou pas ?

Le grec ancien : un franc succès

La proposition de cet enseignement à Château-du-Loir a provoqué un véritable engouement : dix-sept candidatures pour huit places ! Les huit élèves retenus, sans option jusque-là, appartiennent tous à la même classe. Pour huit des neuf autres, libres sur un même créneau horaire, sur la pause méridienne, Anthony Salomé anime un atelier de grec ancien, où il propose aussi une découverte de la civilisation et de la langue, ludique... Dans ce collège, dix-sept élèves de troisième vivent donc, de manières différentes, une initiation au grec ancien. Cette offre répond donc bien à un besoin, à un manque, même informulé. C'est très vrai aussi à Allonnes, collège relevant de l'Éducation prioritaire, situé en périphérie du Mans. Si cette année, seuls cinq élèves de la classe orchestre ont adhéré au projet - pourtant présenté dans toutes les classes - pour l'an prochain, c'est très différent. En passant dans les différentes quatrièmes, le principal a recueilli trente-six candidatures émanant de toutes les classes et d'élèves aux profils différents ! Preuve que là aussi, cet enseignement a trouvé pleinement sa place. C'est grâce à de telles offres d'excellence qu'un collège comme celui d'Allonnes peut espérer maintenir une diversité sociale chèrement acquise : les parents des villages résidentiels de la périphérie un peu plus lointaine du Mans sont sensibles à des possibilités valorisantes pour leurs enfants, et les élèves eux-mêmes pensent qu'il est souhaitable que cette option soit pérenne. Ils se disent vraiment intéressés par ce qu'ils apprennent et sont séduits par la situation particulière qu'ils ont dans ce cours. Le contexte technologique, l'émulation entre les salles, l'excellente relation avec Philippe, leur assistant d'éducation, perçu un peu comme un tuteur, tout cela contribue à l'attrait de cet enseignement. Philippe est un étudiant en master 2 d'histoire, qui se destine à l'enseignement, puis à la recherche. Par sa formation et son projet professionnel, très à l'aise en informatique, il est particulièrement apte à cet accompagnement et c'est naturellement à lui que le principal l'a proposé. Pendant la prise de notes sur les différents types de temples, il mène habilement, avec les élèves, des activités de reformulation qui guident la prise de notes et, en heure de soutien, le soir, il a pu aider certains dans la préparation de leur exposé.

De la technologie, mais d'abord des personnes

Outre l'enseignement du grec ancien très apprécié et ainsi valorisé - cela permettra-t-il de nourrir les options des lycées sarthois, même si à Marolles-les-Braults, cinq élèves déclarent aujourd'hui vouloir continuer le grec en seconde ? - d'autres apprentissages sont en jeu. La concentration : "Moi qui suis rêveur, là, je suis obligé d'être attentif", et aussi l'autonomie. Le cahier est ainsi géré par l'élève seul. Pendant le cours, la prise de notes est très méthodique, et fortement guidée par Claire Laimé qui précise titres et numéros et propose des outils : "Vous pouvez faire un tableau, vous pouvez utiliser des couleurs différentes...". Mais au final, chaque élève se débrouille. On observe une bonne efficacité : les feuilles sont coupées et collées au fur et à mesure. L'entraide est la règle, mais le silence est de rigueur ; sans lui, impossible de suivre et il s'impose, apparemment sans problème. L'élève sait qu'il ne peut pas attendre une aide directe de l'enseignante, donc il apprend à chercher seul la solution ou à solliciter ses camarades... Tous les enseignants notent un gain d'autonomie et un investissement personnel. Des élèves participent à l'installation et au rangement, ils sont tous vraiment acteurs du cours ; leurs interventions à l'ordinateur sont rapides et efficaces. Ce dispositif est très efficient. Avec cinq heures intégrées à la dotation globale horaire du collège Jean-Moulin de Marolles-les-Braults, qui permettent à Claire Laimé d'assurer ses trois heures de cours de grec, dont les deux en visioconférence, et de coordonner le projet, plus une heure dans chaque collège pour l'enseignant, avec neuf heures donc, il permet à plus de vingt élèves de troisième éparpillés dans cinq établissements distants de bénéficier d'un enseignement de qualité, rare, et qui leur plaît. Mais, comme le souligne le principal du collège Jean-Moulin, la réussite du projet tient d'abord à des personnes, à leur investissement individuel. Les cinq professeurs forment une équipe convaincue qui prend le temps nécessaire aux échanges, les chefs d'établissement ont partout soutenu le projet, les assistants d'éducation trouvent là une activité responsabilisante et valorisante, mais exigeante... Sans cette adhésion forte, un tel dispositif perdrait son sens et sans nul doute son efficacité.

1. Sur le plan technique, le terme renvoie au principe de la webconférence.
 
auteur(s) :

M. Coupry

contributeur(s) :

C. Laimé, A. Salomé, J. Perrin, G. Jamin, N. Duval, M. Mette King Cheang, P. Constant, Collège Jean-Moulin, Marolles-les-Braults [72]

fichier joint

information(s) technique(s) : pdf

taille : 181 Ko ;

ressource(s) principale(s)

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site web
le visio-enseignement en lettres classiques : organisation académique
    http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/1317663805376/0/fiche___ressourcepedagogique/&RH=1209578372416

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