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le numérique au service des compétences orales

mis à jour le 19/12/2023


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Jimmy Pierret, enseignant de construction mécanique, et Aurélie Bichon, enseignante de Lettres-Histoire, au lycée polyvalent des Herbiers, proposent de travailler la compétence communication avec leurs élèves de seconde et de première par un module d’activité qui exploite comme outils numériques, le téléphone portable et des applications. Comment l’exploitation des outils numériques du quotidien peut favoriser la construction des compétences orales chez les lycéens ?

mots clés : échanger, mise en situation, compétences transversales, communication orale, co-intervention, numérique, application


Les compétences orales en tant que compétences transversales sont un enjeu important dans le monde professionnel et les élèves de lycée professionnel qui sont régulièrement en période de formation professionnelle dès la seconde doivent savoir maîtriser les codes de communication à l’oral et à l’écrit. Or, même si tous les enseignants s’engagent dans le développement de ces compétences chez leurs élèves, ils font face à de nombreux écueils. Les lycéens n’osent pas forcément intervenir devant le groupe classe par manque d’assurance et par peur du regard des autres. Il n’est pas non plus aisé de faire travailler l’oral régulièrement à tous les élèves du groupe classe en enseignement général et les activités dans les ateliers ne sont pas non plus toujours propices.
La modalité pédagogique de la co-intervention qui permet d’articuler les attendus des enseignements professionnels et le programme de français, donne du sens au développement des compétences car elles se travaillent en contexte. Ici, cette pédagogie active a pour particularité d’exploiter à la fois un contexte professionnel emprunté au cinéma de science-fiction et une mise en situation1 réelle. Les enseignants se sont en effet inspirés du scénario d’un film de science-fiction américain réalisé par Robert Zemeckis et sorti en 1985 : Retour vers le futur1. L’activité est réalisée par binôme et demande aux élèves de rentrer dans la peau du personnage de Marty ou de Jennifer. Le premier a pour mission de renseigner le second suite à une demande d’assistance portant sur un convecteur temporel, une des pièces de la machine à voyager dans le temps, pur objet de science-fiction. S’appuyer sur un objet fictionnel, méconnu de tous ne nécessite pas de pré-requis en termes de connaissances et compétences. Tous les élèves quel que soit leur niveau scolaire ou leurs connaissances scolaires peuvent s’engager dans cette activité. Le choix de cet objet fictif permet de faire travailler le pôle communicationnel à tous les lycéens quelle que soit leur filière professionnelle. L’élève se sent donc en confiance et, comme le précise Aurélie Bichon, “il ne se retrouve pas en situation de revivre des difficultés passées en cours de français.”
 
L’activité dure une heure. Les enseignants distribuent une fiche d’activité permettant notamment aux élèves d’accéder à une application3 en scannant avec leur téléphone portable un QR Code. Au sein de chaque binôme, les élèves se répartissent les rôles de Marty ou Jennifer. Sur l’application2, ils identifient leur tâche respective ainsi que le matériel à disposition : l’un le schéma du convecteur temporel, l’autre le matériel de récupération qui fait office de convecteur temporel. Marty, l’élève qui dispose du schéma doit donner les directives à son camarade, Jennifer, pour réparer le convecteur temporel. Avant de commencer, les élèves se séparent pour se mettre en situation de communication téléphonique sans pouvoir se voir. À l’issue de l’activité, ils doivent saisir sur l’application un compte-rendu succinct de l’activité ainsi qu’une auto-évaluation.
Lors de cette activité, les élèves sont sensibilisés à la part de plus en plus importante du numérique dans les métiers qu’ils vont exercer. Selon Aurélie Bichon, “on pense à tort que les élèves sont a priori très à l’aise grâce au téléphone portable avec le numérique. Ce n’est en réalité pas le cas, nombreux sont ceux qui ne savaient pas télécharger une application ou scanner un QR code. ” Le numérique permet une mise en autonomie des élèves durant toute l’activité. Ils ne sont pas tous sous la surveillance d’un enseignant : pour les besoins de la séance, des lycéens travaillent dans le couloir ou dans une autre salle. Selon Jimmy Pierret, “responsabiliser l’élève est un objectif de l’année de seconde pour préparer au mieux les stages en entreprise”. Les enseignants ont pensé en amont l’application comme un outil d’étayage car les différents onglets proposent des images fixes et/ou mobiles qui explicitent les consignes de la fiche d’activité. Ils se focalisent donc dans leur rôle de régulation auprès des élèves : ils vérifient que les élèves respectent les consignes de sécurité (par exemple le port des Équipements de Protection Individuelle), ils aident les binômes qui ne parviennent pas à démarrer l’activité et accompagnent les élèves dans leur auto-évaluation.

Comme l’activité se fait en autonomie, tous les élèves de la classe travaillent simultanément les compétences de communication en interaction ce qui apporte une réelle plus-value par rapport à une prise de parole en classe durant un cours dialogué ou lors d’un exposé. En groupe et non face à un groupe classe, l’élève s’exerce de manière plus sereine. “Cette situation de communication est récurrente dans le monde professionnel”, précise Jimmy Pierret, “par exemple, un électricien va être amené à proposer une explication à un client”. Pour se préparer à cette exigence, l’élève doit apprendre à choisir le type de présentation orale adaptée à la situation : présentation temporelle, structurelle, ou fonctionnelle. C’est la pratique de la mise en situation qui va lui permettre de comprendre quelle stratégie adopter. Ainsi, lorsque l’élève joue le rôle de Marty, il va être confronté à plusieurs questions. Dans quel ordre donner les indications ? Quels termes utilisés pour que son camarade qui joue le rôle de Jennyfer, sache de quoi il s’agit ? Qu’est-ce qu’il n’a pas compris ? Comment corriger ce qu’il n’a pas réussi à formuler ? En interaction avec un pair, l’élève prend conscience de la nécessité de partir sur des bases communes (la description du schéma est un pré-requis), de structurer ses propos pour guider au mieux son interlocuteur, de la justesse du vocabulaire choisi au risque de ne pas se faire comprendre et de mettre en péril la situation de communication. La communication écrite intervient en fin d’activité non comme un support de l’oral mais comme un temps de bilan. Les élèves sont invités à rédiger au brouillon un compte-rendu avant de le saisir dans l’application. Les termes utilisés par les élèves pour rédiger le compte-rendu montrent qu’ils ont compris les enjeux de ces apprentissages : ils ont conscience d’avoir “communiquer”, “donner des noms au matériel”, “donner des consignes”.

L’application numérique a réussi à ancrer l’activité dans un imaginaire ludique : les élèves qui ont pour la plupart vu le film de science-fiction Retour vers le futur ou tout de moins vu quelques extraits ont particulièrement apprécié et la dimension ludique du jeu de rôles et la dimension collaborative. Les enseignants en tirent un bilan positif. Elle ne nécessite pas de matériel spécifique ni d’investissement particulier de la part de l’établissement. L’activité “clé en main” est mise à la disposition des collègues du lycée polyvalent : plusieurs enseignants ont déjà mis à profit cette ressource avec leurs élèves.


1. Le film met en scène le voyage dans le passé d'un adolescent, Marty McFly, à bord d'une machine à voyager dans le temps, la DeLorean, mise au point par le docteur Emmett Brown.
2. Les enseignants ont créé une application sur la plateforme Glide qui est facile d’utilisation même si l’on ne maîtrise pas le codage. La vidéo d’animation a été réalisée grâce à Animaker qui est un logiciel en ligne gratuit qui permet de créer des vidéos animées.
3. Durant les séances, les élèves ont tous un téléphone portable personnel mais cet outil n’est pas indispensable car les enseignants peuvent mettre à disposition des talkies-walkies.
 
auteur(s) :

N. Belkheir

contributeur(s) :

A. Bichon, J. Pierret, Lycée polyvalent, Les Herbiers [85]

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