innovation pédagogique

Les élèves, consultés à l'oral après le passage de cinq d'entre eux devant la classe, font volontiers retour sur leur expérience. Tout d'abord, malgré les inquiétudes initiales liées à la responsabilité qu'on leur confiait, ils se sont sentis très épaulés dans la phase de travail préparatoire. Le cadre de l'exercice avait été posé clairement. Ils ont bien compris notamment qu'un des enjeux principaux était de mettre en activité leurs camarades. Ils ont bien sûr rencontré quelques difficultés lors de la présentation de leur leçon en classe, notamment lorsqu'il s'agit de choisir le bon moment pour passer d'une activité à une autre ; par exemple, reprendre le dialogue avec la classe à la suite d'un travail écrit. Ils ont parfois eu le sentiment d'interrompre leurs camarades à un moment inopportun. En outre, ils soulignent l'inconfort de la position d'animateur de la séance lorsqu’il faut par exemple relancer les élèves de façon insistante pour s'assurer que les consignes sont bien comprises si ces derniers ne le manifestent pas spontanément. L'expérience leur apprend qu'il faut "participer en cours, sinon le prof est un peu tout seul avec ses connaissances" déclare Morgane. Ils ont apprécié la qualité d'écoute de la classe mais ne sont pas sûrs qu'elle ait été équivalente si les élèves n'avaient pas déjà travaillé sur Madame Bovary au cours des semaines précédentes. "Cela aurait été plus difficile de travailler sur un matériau entièrement neuf", disent-ils. Ils reconnaissent aussi que, sans s'être concertés, toutes et tous s'interdisent de poser des questions trop compliquées pour ménager leurs camarades qui animent la leçon. "Pour ne pas les déstabiliser" justifie Foulématou. L'expérience leur a montré qu'il fallait bien maîtriser un sujet pour le transmettre. Ce qui implique que ceux qui conçoivent la leçon doivent approfondir davantage que ceux qui la reçoivent. Mais les élèves soulignent que, s'il existe une similitude apparente entre un exposé comme ceux qu'ils ont fait en TPE (Travaux personnels encadrés) l'année précédente et ce type de leçon, les deux démarches sont malgré tout assez différentes. En effet les deux relèvent d'un travail personnel et donnent lieu à une présentation orale. Mais dans le cas de la leçon, l'enjeu est de faire comprendre par des exercices et par l’interaction avec la classe. D'ailleurs depuis le début de leurs recherches, les élèves ont travaillé sur deux axes d'égale importance : les savoirs à retenir qui donnent lieu à une synthèse distribuée en fin de séance, et la façon de les faire passer en classe au moyen d'exercices mobilisateurs. S'ils ont pu s'inspirer de certaines pratiques observées dans les autres cours, ils se sont sentis très libres d'inventer les procédés de mise en activité de la classe.