La mise en œuvre du projet global de prise en charge des élèves en difficulté s'est accompagnée, de la part de tous les acteurs du collège, d'une réelle considération de l'élève dans son individualité, pour un suivi scolaire toujours vigilant et bienveillant. Les professeurs ont trouvé des solutions pour adapter leurs pratiques à l'hétérogénéité dans les groupes. Ainsi, depuis la rentrée 2012, la classe sans note a été mise en place pour tout le niveau sixième. L'enseignement par compétences associé à des évaluations qui mesurent les progrès effectués génèrent une plus grande sérénité chez les élèves, ainsi qu'une meilleure confiance en soi, car on ne peut comparer ses résultats à ceux de ses camarades. V. Frantz souligne combien ce dispositif agit parfaitement en prévention du décrochage. Cette année, suite à une sixième sans note, deux élèves de cinquième seulement ont été identifiés pour suivre un parcours de raccrochage. Parallèlement, les enseignants se sont davantage investis dans le soutien disciplinaire et le tutorat. La réflexion sur la différenciation pédagogique est aussi en ébullition, un travail sur l'adaptation des supports des évaluations est par exemple mené. La communication entre les membres de la communauté éducative s'est développée, comme les opportunités de croiser des regards sur le travail des élèves. Par exemple, dans le cadre de leur EAP, les deux étudiants effectuent ponctuellement des stages d'observation dans les classes, où ils peuvent retrouver des élèves qu'ils suivent en accompagnement méthodologique. Le fruit de cette observation est un support d'échanges riches avec l'enseignant et/ou même avec l'élève concerné. Au cœur du dispositif, la responsabilité de chacun, l'autorité de tous, notamment celle des surveillants, ont été renforcées. Tous les personnels de l'établissement sont membres des jurys de stage en classe de troisième. Les personnels de la vie scolaire participent aux conseils de classes. La multiplicité des regards permet d'évaluer avec plus de précision les compétences transversales. Indéniablement, le projet a renforcé la communication et la réactivité de tous. "Dès qu'un adulte rencontre une difficulté avec un élève ou observe un comportement préoccupant, il nous adresse un mail et sait que dans la journée, le problème va être pris en charge, en amont de la cellule de veille, de manière à ne pas laisser une situation se dégrader.", explique la principale de l'établissement. La force du dispositif est bien cette implication de tous associée à un riche panel des aides possibles. "Les situations d'échec sont en général liées à des difficultés familiales trop lourdes. C'est la seule limite que nous rencontrons", conclut V. Frantz. Pour la plupart des élèves qui ont intégré le dispositif, la réconciliation scolaire a bien eu lieu. Et la réflexion se poursuit ! Au troisième trimestre, une formation d'établissement sur la gestion de l'hétérogénéité des élèves est programmée. Une nouvelle piste est aussi en gestation : pourrait-on passer à une évaluation par compétences, ne serait-ce que temporairement et de manière isolée dans la classe, pour un élève en décrochage ? Face à cet élan général, le dispositif n'a pas fini de s'enrichir, pour le bien-être accru des élèves.
1. L'établissement n'est pas doté d'un poste de conseiller principal d'éducation.
2. La mise en œuvre du dispositif impliquait d'étoffer l'équipe de vie scolaire. Sans poste de CPE (conseiller principal d'éducation), elle était initialement composée de trois assistants d'éducation (AED), un auxiliaire de vie scolaire (AVS). L'équipe de direction a recruté deux étudiants de statut emploi avenir professeur (EAP), une personne qui effectue un service civique, deux autres en contrat aidé. Cette mixité des statuts en vie scolaire est un réel atout, explique Y. Auffret, elle permet d'apporter une réelle présence des adultes qui ont chacun des compétences différentes, que l'on forme aussi, et qui peuvent ensuite prendre en charge quelques élèves, sur des temps d'accompagnement méthodologique notamment.