À l'heure des bilans, c'est ce comportement des élèves qui vient amoindrir les aspects positifs du projet. Après les dix jours passés à Valladolid où la pièce a rencontré un grand succès, après le séjour des élèves espagnols qui ont, eux également, montré énergie et talent dans l'interprétation de leur création en français, le troisième trimestre est à nouveau empreint d'une certaine agitation dans les autres cours. Et cette fois, c'est la menace d'annulation du spectacle de fin d'année prévu à Saint-Brévin qui vient calmer un peu les esprits. D'une part, parce que les professeurs de l'équipe se plaignent, d'autre part, parce que le professeur principal constate que les résultats scolaires des meilleurs élèves stagnent aux alentours de 13 ou 14 quand ils devraient être au-dessus. Le passage en seconde, évidemment, n'est pas remis en cause, et pour les élèves aux résultats moyens ou faibles, la différence avec les résultats attendus est moins notable. Néanmoins, il semble bien que toute l'énergie déployée par les élèves se soit concentrée essentiellement autour du projet de la classe. Et dans ce domaine, ils se sont vraiment dépassés, au bon sens du terme. La prise de confiance de chacun d'entre eux, la coopération, l'ouverture d'esprit a provoqué un épanouissement chez tous les élèves de la classe. Lors des rencontres avec leurs camarades espagnols, les échanges ont été immédiats grâce au partage des moments très forts que provoque une représentation. Tous ont vécu la même chose et se parlent sans difficulté, dans une langue approximative, de leurs émotions, de leurs joies ; tous échangent et se mélangent sans attendre d'avoir fait plus ample connaissance. Leur épanouissement se remarque également dans leur capacité à se mouvoir, à s'affirmer physiquement.
Un final très réussi !
Pour beaucoup de ces élèves un peu mal dans leur peau et dans leur scolarité, les trois professeurs notent aussi des progrès énormes dans leur faculté à s'exprimer à l'oral en français et, bien sûr, en espagnol. Alors certes, en deux ans, le groupe a pris l'allure d'une troupe, certes, en espagnol, l'écrit n'a pas profité pour l'instant de ce travail... mais les vingt-cinq élèves qui ont participé à ce projet de classe ont, de toute évidence, appris à aimer la langue espagnole, à échanger dans une langue étrangère, à découvrir une autre civilisation et à partager responsabilités collectives et plaisirs du jeu théâtral. Ce n'est sans doute déjà pas si mal !