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les deux outils de la démarche

Fanny Parisot a donc élaboré avec ses élèves un parcours orthographique, accompagné d’un tétra-aide, en faisant le pari qu’un travail structurant sur la méthodologie de relecture amènerait les élèves à mieux appréhender l’acte d’écriture. Permettre à chacun de progresser à son rythme en privilégiant les réussites des élèves, en valorisant les productions écrites que l’élève sera fier de montrer à son enseignant ou à ses camarades en fonction de l’objectif de l’exercice proposé reste un défi à relever afin que les élèves s’impliquent positivement dans cette activité avant l’entrée au collège.
Construite progressivement, la collaboration Rased/enseignant de classe a permis au projet d’être expérimenté avec profit dans plusieurs classes. En effet, des élèves reconnus « en difficulté » et suivis par le Rased ont pu présenter leurs outils d’aide à l’ensemble des élèves de leur classe. Les enseignants se sont emparés de cette aide méthodologique dans un premier temps par curiosité, puis avec une réelle motivation, adaptant les grilles de relecture au contexte de leur classe.

Des petites patrouilles pour détecter ses erreurs
Dès que la typologie des erreurs est explicitée, les élèves comprennent que l’on va passer quatre filtres différents sur chaque production écrite. Ces filtres ne seront pas utilisés simultanément, mais successivement afin de ne pas alourdir le travail de relecture par une surcharge d’observations et de questionnements. De fait, une production écrite sera relue quatre fois : un filtre par relecture. C’est là qu’il a été nécessaire d’imaginer une stratégie pédagogique pour obtenir des élèves qu’ils acceptent de relire leur production non pas une fois, mais quatre fois. On sait l’enthousiasme très relatif des élèves pour se relire ne serait-ce qu’une fois ! Interviennent alors les petites patrouilles (ou brigades) d’autocorrection… En s’inspirant des procédures mises en oeuvre par Marie Garrec et des conclusions du Groupe Recherche-Formation de l’Académie de Strasbourg, Fanny Parisot va raconter aux élèves qu’une petite patrouille, matérialisée par une petite voiture de couleur, va parcourir le texte et s’arrêter devant chaque obstacle potentiel. Par exemple, la petite patrouille lexique va s’arrêter devant chaque mot, interroger son orthographe lexicale, éventuellement corriger un mot mal orthographié, puis va prolonger son cheminement dans le texte. Lorsque cette petite patrouille a terminé son cheminement, une autre petite patrouille (par exemple accords dans le GN) va se lancer à l’assaut du texte. Et ainsi de suite. Fanny Parisot précise qu’en début de projet "l’utilisation d’une voiture va susciter l’intérêt et l’engagement - même des filles - et que progressivement cet objet ne sera plus utilisé : il sert plutôt à motiver et à visualiser, à créer une image mentale du parcours ainsi qu’à mobiliser le corps (approche kinesthésique des apprentissages)".
Une fiche schématise les parcours à suivre avec les petites voitures imaginaires. On parle alors de chemins orthographiques (ou chemins d’orthographe dans le langage des élèves). Cette mise en contexte ludique favorise l’implication des élèves : ils vont s’imaginer au volant de la voiture d’une brigade sillonnant le texte en suivant divers chemins.
La méthodologie de la brigade d’autocorrection impose trois étapes : la détection, l’analyse, la correction. Ces trois étapes doivent être respectées dans chacun des chemins orthographiques. Cela peut paraître contraignant, mais les élèves acceptent ces règles parce que cette relecture est inscrite dans un contexte ludique. S’imaginer au volant d’une petite voiture offre à l’élève une représentation positive, valorisante, de lui : il a le sentiment de maîtriser (au sens propre, comme au sens figuré).
Un tel truchement dédramatise la relecture et donne une finalité objective à cette tâche souvent mal appréciée des élèves, parce que peu guidée et, dans ce cas, rarement efficace.

Un tétra-aide-relecture pour informer
Un autre outil a progressivement trouvé sa place dans ce dispositif : le tétra-aide. Inspiré du tétraèdre en mathématiques et d’une utilisation pragmatique en classe (certains enseignants l’utilisent pour éviter de longues files d’attente devant leur bureau tandis que dans d’autres classes, les élèves l’utilisent pour indiquer l’évolution de leur travail par exemple), cet objet a été adapté pour obliger les élèves à effectuer tous les passages sur leur production écrite. À chaque face correspond un type d’erreur, donc le traitement du texte sous un angle prédéfini. À l’issue de chaque passage de la petite patrouille, l’élève tourne son tétra-aide.
Procéder ainsi s’accorde avec les attendus du domaine 2 du socle commun de connaissances, de compétences et de culture (2015) : "[L’élève] sait identifier un problème, s'engager dans une démarche de résolution, mobiliser les connaissances nécessaires, analyser et exploiter les erreurs, mettre à l'essai plusieurs solutions, accorder une importance particulière aux corrections." Les erreurs identifiées sont corrigées par raisonnement déductif et non par hasard.

Volonté d’harmonisation
Cette méthode nécessite un vrai travail en classe. Il est indispensable de la faire vivre par une utilisation régulière pour que les élèves se familiarisent et adoptent de bons réflexes de relecture. L’inspecteur de la circonscription a émis le souhait d’une harmonisation de secteur de la grille de relecture, et pour commencer d’une harmonisation des codes utilisés ("p" pour ponctuation par exemple) autant à l’école qu’au collège. D’ailleurs, lors d’un Conseil École-Collège, la méthode a été présentée et a semblé intéresser les enseignants du second degré : cela devrait faciliter la logique de cohérence des outils et de continuité pédagogique entre le premier degré et le second degré.

"J’attrape mes erreurs"
L’objectif est bien de développer l’autonomie des élèves face à un écrit susceptible de contenir des erreurs. Une phase de verbalisation est, selon Fanny Parisot, à encourager car elle permet à chaque élève d’expliciter ses stratégies, ses interrogations, ses doutes : expliquer aux autres élèves comment on a questionné son texte favorise l’échange de procédures. L’activité induit le sens donné à une relecture : l’élève sait comment il va procéder, il peut planifier sa recherche, il prend plaisir à chercher. On évite ainsi de laisser l’élève seul face à une tâche floue, dépourvue de méthode et pourtant exigeante. Bien entendu, l’enseignant peut aider les élèves, par exemple en indiquant d’une croix sous un mot une erreur à corriger, ou encore selon les compétences des élèves indiquer dans la marge le nombre d’erreurs à corriger dans la ligne. L’élève peut ainsi se sentir compétent en devenant détecteur d’erreurs et en constatant qu’il parvient à corriger lui-même une production.

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