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les Pieds dans le Paf !

mis à jour le 18/11/2010


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La télé ça nous regarde, tel est le slogan de l'association créée en 1988 avec pour objectif de se réapproprier la télévision. Vingt ans plus tard, le responsable de cette association d'éducation populaire, installée à Saint-Nazaire, poursuit son action. Les animations se déploient sur le département de la Loire-Atlantique et peu à peu sur l'académie, dans les écoles comme dans les maisons de quartier.

mots clés : échanger, image, décryptage, éducation à l'image, éduquer aux écrans


L'association Les Pieds dans le Paf (plan audiovisuel français) a plusieurs missions qu'elle décline en trois champs : la défense des téléspectateurs en analysant et en transmettant leurs demandes aux instances politiques, le soutien aux télévisions différentes en organisant leur promotion auprès du public et en leur ouvrant des portes pour la diffusion, enfin, l'éducation du téléspectateur. Celle-ci est devenue indispensable alors même que l'on constate l'absence d'outils pour prendre de la distance par rapport aux images. Il y a quelques années, l'association nationale avait lancé, entre autres, l'action Jeune spectateur actif puis, pour diverses raisons, l'association 44 a repris l'ensemble des actions et elle est devenue, depuis, le cœur actif de l'association nationale. C'est ce qui explique les nombreuses actions menées dans le département de Loire-Atlantique où Les Pieds dans le Paf est bien implantée et soutenue par les différentes institutions, la Région, le conseil général ainsi que les villes de Nantes et de Saint-Nazaire. C'est néanmoins grâce à un réseau de bénévoles que Julien Paugam, le responsable, peut organiser les actions envers le public enfant ou adulte. Depuis quelques années, dans la tradition de l'éducation populaire, la caravane Paf sillonne les routes pour aller à la rencontre des gens et parler avec eux de ce qu'ils regardent. Les TV.troquet, eux, réunissent régulièrement un public désireux de découvrir d'autres types d'émissions. Cette éducation à l'image se décline aussi dans les établissements scolaires sous des formes diverses.

Des principes fondateurs

Si la tentation a été grande, pour certains, au début des années quatre-vingts, de résister à l'arrivée massive du téléviseur dans les foyers français, l'heure n'est plus au refus du petit écran. Il s'agit bien d'apprendre à regarder la télévision et non pas d'arrêter de la regarder, même si l'une des actions les plus connues de l'association s'appelle Une semaine sans télé. Apprendre à regarder la télévision, c'est considérer que chacun est à même de décrypter ce qu'il voit. Cela signifie qu'avec l'aide des intervenants, qui ne se placent pas en spécialistes, mais plutôt en médiateurs, le savoir va se construire au travers des débats et par les prolongements individuels ou collectifs qui suivront une animation. Devenir un téléspectateur citoyen, c'est accepter de s'interroger sur ce qui est montré aux informations, dans des émissions connues et très populaires, et de le faire dans un contexte rassurant car sans aucun jugement de valeur. À partir de ce postulat, l'association propose des séances de décryptage télévisuel et répond à ceux qui la sollicitent en préparant l'intervention sur l'émission choisie par les demandeurs. À l'école, le projet d'intervention se construit avec les personnels éducatifs et en fonction de leurs objectifs, car ceux-ci peuvent grandement varier d'une école à l'autre. Ainsi cela peut être une infirmière scolaire qui veut attirer l'attention sur les problèmes de sommeil liés à l'abus de télévision avant l'endormissement, un enseignant de cours moyen qui souhaite éclairer le regard de ses élèves sur les programmes type Star Academy ou Pop Star ou un professeur de français qui suscite une réflexion sur le traitement de l'information en quatrième (lire à ce sujet les autres articles du dossier L'éducation aux écrans).

Du téléspectateur passif...

La première étape de cette éducation à l'image est donc le décryptage (voir annexe). Pour Julien Paugam, cela se décline en deux temps : une rencontre avec l'enseignant, l'infirmière scolaire ou le CPE (conseiller principal d'éducation) pour définir le contenu de la séance, puis la séance elle-même avec les élèves. Lors de celle-ci, l'émission-support est projetée avec des consignes d'observation. Les élèves doivent tout d'abord relever les différents aspects techniques : où sont placées les caméras ? Comment se répartissent les passages sonores et avec quels effets sont-ils produits ? Les images sont-elles montées, y a-t-il des coupures visibles ?... Bien sûr, le questionnement dépend de l'âge des élèves, mais en fait, tous sont capables d'observer ces aspects-là dès lors que la consigne est formulée dans un langage adapté. Cette première tâche permet de faire le relevé d'un certain nombre de détails techniques, relevé que l'animateur complète. Ensuite, la question qui se pose est de comprendre à quoi correspondent ces choix afin d'identifier les enjeux de telle ou telle émission. Par petits groupes, les élèves y réfléchissent et ensuite, une mise en commun rassemble les idées. Dès cet instant, des questionnements de la part des élèves émergent systématiquement. Pourquoi cherche-t-on à nous émouvoir à tel moment précis ? Pourquoi tel candidat nous paraît, à tous, antipathique ? Dans l'esprit des élèves, une interrogation s'est installée (voir annexe). La réflexion est amorcée et l'on peut s'arrêter là ou bien prolonger le décryptage par un travail élaboré par les personnels de l'établissement. Mais on peut aussi poursuivre avec l'association et faire participer les élèves à un atelier de réalisation vidéo.

... au réalisateur décomplexé !

Mais alors ? C'est rien que du trucage ?La séance de décryptage a permis de constituer une base de travail avec les élèves, grâce aux aspects techniques observés et surtout grâce à la réflexion collective qui a mis à jour le rôle de la technique dans l'impact des images. On va donc proposer ensuite aux élèves de fabriquer eux-mêmes une émission. Les Pieds dans le Paf apporte l'assistance technique et matérielle afin de mettre en place un atelier vidéo de quelques heures qui se conclura par la production d'un DVD. Ainsi, pendant trois ans, l'atelier Les petits citoyens de l'image créé par l'école de Sucé-sur-Erdre et l'amicale laïque a produit, chaque année, un film sur des thèmes différents : la publicité, le sport et l'écocitoyenneté. À Nantes, c'est l'école du Soleil Levant qui a fait réfléchir quatre classes sur le décryptage de l'émission Star Academy et qui, ensuite, a fait produire une émission par les élèves qui s'en sont donné à cœur joie dans l'émotionnel fabriqué ! Car s'il est important de permettre aux élèves de porter un regard éclairé et distancié sur ce que montre le petit écran, il est également essentiel de ne pas juger ce que les élèves aiment regarder. Mieux vaut, sans aucun doute, les inciter à maîtriser suffisamment leur analyse pour les rendre capables de manipuler l'image. Auparavant, Julien Paugam commençait indifféremment par l'atelier vidéo, puis le décryptage, ou inversement. Mais l'expérience lui a montré à quel point la séance de décryptage débridait l'imaginaire des élèves et les aidait à se lancer en exploitant des savoirs devenus utiles. Pour autant, l'atelier vidéo n'est pas seulement intéressant par son aspect créatif et ludique, il nourrit également la réflexion amorcée et prolonge ainsi la démarche d'éducation à l'image mise en œuvre dans la classe. Les étapes de l'atelier vidéo après un décryptage sont les suivantes : écriture du scénario (choix du sujet, choix des ITV, choix des personnages, dialogue...), préparation du tournage (prise en main du matériel, repérage, découpage du scénario), tournage, montage, diffusion. Grâce au travail précédent de décryptage, il est plus facile de faire faire un choix aux élèves entre voix off ou pas voix off, caméra fixe ou en mouvement, plan long ou court... Le décryptage leur permet également de développer leur imagination. Tout est possible et dépend de leurs envies de départ, des limites qu'ils s'imposent encore ou pas...

La télé, peut-on s'en passer ?

L'une des questions qui se pose à tout éducateur est celle de l'évolution des comportements. Apprendre à analyser est une très bonne chose, mais cela prendra sans doute du temps avant d'amener l'élève à se détacher d'une dépendance installée depuis plusieurs années. Le deuxième axe de travail de l'association est donc de faire expérimenter aux élèves une situation de sevrage télévisuel ! Depuis plusieurs années, les bénévoles animent La semaine sans télé. L'idée, cette fois, est de tout mettre en œuvre pour qu'un enseignant, ou tout autre personnel éducatif dans un établissement, puisse s'emparer du projet conçu par Les pieds dans le Paf, qu'il puisse se l'approprier et solliciter éventuellement l'association pour qu'une personne formée apporte un complément ou une aide ponctuelle. En contactant l'association ou en allant sur son site http://www.piedsdanslepaf.org, on découvre le projet qui consiste à vivre une expérience hors du commun aujourd'hui pour un grand nombre de personnes : ne pas regarder la télévision pendant une semaine. Le kit d'outils proposé par l'association est composé d'un contrat à établir avec les participants, d'un questionnaire qui permet de faire le point, et d'un journal de bord à proposer à tous ceux qui se lancent dans l'aventure. Un seul objectif, se poser vraiment la question : Peut-on passer une semaine sans télé ?. Il va de soi que lorsque le projet est lancé dans une classe, il est intéressant de faire le point avec les élèves, d'en tirer un bilan en ayant laissé à chacun le droit d'exprimer sa joie d'avoir découvert autre chose à faire ou sa souffrance face au manque !
Et si d'ailleurs, des élèves tellement séduits par la télévision souhaitaient envisager un métier en rapport avec elle, il est aussi possible de participer à des séances découverte. À la suite d'un travail de décryptage dans une classe, Julien Paugam peut organiser la participation de la classe à une émission, en général à Paris. Les élèves préparent alors avec leur enseignant les questions qu'ils poseront lors des rencontres prévues avec animateurs et techniciens après la découverte de l'émission en direct. Les Pieds dans le Paf, agréée par le conseil général de Loire-Atlantique en tant qu'association ressources en éducation populaire, peut donc être une aide précieuse pour les projets scolaires d'éducation à l'image.
 
auteur(s) :

M. Blin

contributeur(s) :

J. Paugam, Association Les Pieds dans le Paf, Saint-Nazaire [44]

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information(s) technique(s) : pdf

taille : 288 Ko ;

ressource(s) principale(s)

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