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les postures des enseignants et des élèves conceptualisées par Dominique Bucheton

Les postures sont des manières langagières et cognitives de piloter une activité à réaliser. D. Bucheton a identifié cinq postures qui traduisent l’implication des élèves dans les activités menées en classe. Du côté de l’enseignant, elle a formalisé six postures d’étayage, c’est-à-dire des postures d’accompagnement des élèves dans les apprentissages afin d’atteindre les objectifs didactiques visés. Dans son dernier ouvrage Les gestes professionnels dans la classe (ESF, 2019 – voir bibliographie dans le feuillet 3), D. Bucheton consacre un chapitre sur « le jeu croisé des postures des élèves et des enseignants », éclairant les liens forts qui les unissent, les secondes générant les premières à ceci près : une posture enseignante peut déclencher différentes postures d’élèves. D’où l’intérêt pour le professeur de les identifier : il va ainsi réagir en modifiant sa propre posture et/ou en ciblant les élèves qui restent en retrait de l’activité d’apprentissage. L’enseignant peut par exemple aller vers eux pour réexpliquer, écouter, relancer... Ce jeu croisé des postures influe ainsi incontestablement la dynamique du cours : en avoir conscience permet de gagner une expertise nouvelle dans l’observation de la séance et de saisir les ajustements qui s’imposent. Toutes les postures peuvent être utilisées par l’enseignant en fonction de l’objectif poursuivi. Il s’agit même de varier ces postures dans une même séance car les élèves répondent différemment aux postures des enseignants. La réussite des élèves passant favorablement par la mise en réflexivité de ceux-ci sur leurs apprentissages.

Voici la description des postures telle qu’elle est proposée sur le site de l’Institut Français de l’Éducation (Ifé):

Les postures des élèves

• La posture première correspond à la manière dont les élèves se lancent dans la tâche sans trop réfléchir.
• La posture ludique-créative traduit la tentation toujours latente et plus ou moins assurée de détourner la tâche ou de la re-prescrire à son gré.
• La posture réflexive est celle qui permet à l’élève non seulement d’être dans l’agir mais de revenir sur cet agir, de le "secondariser” pour en comprendre les finalités, les ratés, les apports.
• La posture de refus : le refus de faire, d’apprendre, le refus de se conformer est toujours un indicateur à prendre au sérieux qui renvoie souvent à des problèmes identitaires, psycho-affectifs, à des violences symboliques ou réelles subies par les élèves.
• La posture scolaire caractérise davantage la manière dont l’élève essaie avant tout de rentrer dans les normes scolaires attendues, tente de se caler dans les attentes de l’enseignant.

Les postures des enseignants

• La posture de contrôle : elle vise à mettre en place un certain cadrage de la situation. Par un pilotage serré de l’avancée des tâches, l’enseignant chercher à faire avancer tout le groupe en synchronie.
• La posture d’accompagnement : l’enseignant apporte, de manière latérale, une aide ponctuelle, en partie individuelle, en partie collective, en fonction de l’avancée de la tâche et des observables à surmonter.
• La posture de lâcher-prise : l’enseignant assigne aux élèves la responsabilité de leur travail et l’autorisation à expérimenter les chemins qu’ils choisissent.
• La posture de sur-étayage ou contre-étayage : variante de la posture de contrôle, le professeur pour avancer, si la nécessité s’impose, peut aller jusqu’à faire à la place de l’élève.
• La posture d’enseignement : l’enseignant formule, structure les savoirs, les normes, en fait éventuellement la démonstration.
• La posture dite du “magicien” : par des jeux, par des gestes théâtraux, des récits frappants, l’enseignant capte momentanément l’attention des élèves.

Comment modifier sa posture ? Un exemple

Au sein de la classe, la réflexion de l’enseignant sur sa posture n’engendre pas nécessairement une « révolution pédagogique » mais plutôt des micro changements.

Doriane Arnoux en donne un exemple :
“Avant, lors du rituel de début de séance, chacun écrivait sa phrase réponse à l’énigme du jour dans le cahier, puis je faisais une reprise collective au tableau. Maintenant, après la phase individuelle, les élèves échangent en groupe, confrontent leurs réponses, c’est plus riche. Quand ils interagissent, j’observe les groupes, cela me permet d’améliorer, de raccrocher la persévérance des élèves : je suis disponible pour aller relancer les plus discrets, leur redonner confiance, ce qui n’est pas envisageable en enseignement frontal.”
Le découpage de l’activité, en trois puis en quatre étapes, met au jour les changements de posture opérés par l’enseignante.

Activité : rituel de début de séance (durée totale de 10/15 min.)

  Avant Posture Après Posture
Étape 1 Le professeur présente l’énigme à la classe. Posture de contrôle. Le professeur présente l’énigme à la classe. Posture de contrôle.
Étape 2 Temps d’activité individuelle pour chercher la réponse Posture d’accompagnement. Temps d’activité individuelle pour chercher la réponse. Posture d’accompagnement.
Étape 3 Mise en commun en classe entière : le professeur note les hypothèses au tableau, formulation de la réponse. Posture de contrôle. Mise en commun des réponses en petites équipes, débat autour des réponses des membres de l’équipe. Posture d’accompagnement ou/et de lâcher prise
(le professeur conseille, aide mais peut être aussi en observation).
Étape 4     Mise en commun en classe entière : le professeur note les hypothèses au tableau, formulation de la réponse à l’énigme. Posture de contrôle.

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