Mais pour autant toute image est-elle porteuse de vérité ? Parallèlement au travail du professeur d'histoire qui s'est penché sur les images d'actualité, d'autant plus qu'en ce printemps arabe 2011, celle-ci était brûlante, il s'agit de formuler une problématique sur laquelle on puisse travailler en commun : Peut-on mettre l'histoire en images sans la trahir ? Les élèves sont confrontés à deux Unes de quotidien. On leur demande d'imaginer qu'ils sont directeur artistique dans le comité de rédaction d'un journal et qu'ils doivent justifier le choix de l'une ou l'autre. Cet exercice d'argumentation est ainsi lié à une mise en situation créative. En première page du
Monde du 23/02/2011, on voit une foule d'hommes sur une place (voir ci-dessous). Certains piétinent un panneau d'affichage à terre dont il est difficile de dire, à partir de l'image, ce qu'il représente. La Une du
International Herald Tribune datée du lendemain montre en plongée les jambes d'un homme piétinant un panneau d'affichage à terre, lequel représente clairement le dirigeant lybien contesté Khadafi (voir ci-dessous). Les deux images n'ont pas la même lisibilité. Informant du même événement, elles le font d'une manière très différente. La première informe sur la densité de la foule présente. Elle donne à voir, par le point de vue choisi, la place sur laquelle l'événement se déroule. La lumière sature le haut de l'image qui est, par ailleurs, dans son ensemble, globalement floue. Elle donne l'impression au lecteur de participer à la manifestation qui se déroule. Mais, en elle-même, elle est très peu lisible. Il pourrait s'agir de tout autre chose qu'une manifestation politique, un jour de marché ou une fête populaire ou religieuse, par exemple. Seule la légende nous indique le lieu, Tobrouk, et l'identité de la personne représentée sur l'image piétinée. La deuxième image est, en revanche, beaucoup plus lisible. Kadhafi est immédiatement reconnaissable et la force symbolique prévaut clairement et efficacement sur la dimension informationnelle. Prise en plongée, la photographie ne permet pas d'identifier l'homme qui piétine, dont on ne voit que les jambes. Mais son geste iconoclaste est très fortement saisi, car le visage du "guide" est brisé en morceaux tout en restant parfaitement détaillé et expressif.
Une du Monde du 23 février
| Une du International Herald Tribune
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