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mettre au travail les adolescents

Le "Guide pédagogique et didactique d’accompagnement du nouveau programme de technologie" de mars 2016 indique clairement qu’il faut prendre en compte les spécificités du public que sont les adolescents d’aujourd’hui : "l’impatience (besoin de réactivité rapide dans les rapports humains ou les interfaces hommes-machines ; le multitâche (habitude d’utiliser plusieurs médias à la fois) ; la communauté virtuelle (chat, réseaux sociaux, jeux en ligne, etc.) ; le flux continu (besoin de rester connecté ou proche d’un accès) ; la nécessité d’être acteurs de leurs apprentissages, une méfiance à l’égard de l’autorité et de l’information descendante." (p.11)

Les adolescents traversent une période de leur existence qui les perturbe : entre l’enfant qu’ils souhaitent rester et l’adulte qu’ils sont impatients de devenir, ils se détachent des adultes qui les entourent. Les savoirs ne constituent plus leur première préoccupation, car trop attirés et absorbés par des contingences sociales entre pairs. On peut reprendre ici les conclusions d’Henri Wallon concernant les stades du développement et plus particulièrement le développement de l’adolescent qui fait apparaître la prédominance de préoccupations affectives au détriment de l’intelligence. L’adolescent traverse une période de contradictions : aspirer au statut inconnu d’adulte et vouloir quitter l’enfance rassurante au risque de la regretter ; réclamer son indépendance vis-à-vis de la protection parentale, vécue comme étouffante et craindre de perdre cette protection. Françoise Dolto a résumé cette période de mouvance en parlant de "complexe du homard". Sans chercher à généraliser, les similitudes des adolescents sont aisément repérables : de la séduction (Eros), à l’insolence, voire à la prise de risque inconsidérée (Thanatos) ; de la volonté de se différencier (par un « look » singulier) au conformisme vis-à-vis du groupe identitaire des adolescents (en s’habillant comme ses pairs) ; rêves d’un idéalisme rimbaldien et réalité d’un corps que l’on exècre au point de le mutiler…
En conséquence, dans le cadre scolaire, la complexité de l’enseignement se trouve dans la gestion de ces jeunes qui s’éloignent des savoirs, s’accrochent à leurs pairs, et se méfient des adultes que certains osent défier.

Difficile aujourd’hui de faire cours face à des jeunes qui manifestent parfois peu d’intérêts aux contenus enseignés, sauf à proposer une pédagogie différente. On sait qu’un élève qui apprécie un enseignant réussira certainement dans sa discipline. Il convient donc dans son enseignement de prendre en compte : la prédominance affective de ces jeunes, leur mal-être, leurs certitudes, leurs médias. Découlent les réponses suivantes : mise en place d’une pédagogie collaborative, bienveillance de l’adulte, mise en projet, recherche de solutions non encore établies, recours à leurs modes de communication. On comprend mieux alors pourquoi de nouvelles organisations (îlots et travaux de groupes) s’avèrent efficaces : les élèves adhèrent au projet qu’ils se sont choisi et non à celui qu’impose l’adulte.
Il ne faut pas penser que les adolescents refusent les apprentissages scolaires : ils attendent une organisation qui leur permettra d’être entre eux ; d’où un "aménagement des salles en îlots" (op. cité. p11) regroupant quelques élèves constituant une équipe, avec son organisation, des responsabilités partagées et des objectifs fixés par le projet défini par l’enseignant. Lorsqu’elle prend ainsi en compte les problématiques des adolescents, la technologie donne un autre sens aux savoirs et à la validation de compétences ; elle place les élèves dans une dynamique motivante où l’émulation et le projet jouent un rôle régulateur que n’a plus à remplir seul l’enseignant.

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