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modalités pratiques et évolutions constatées au cours de l'année

En début d’année, avant la première séance du conseil de vie de classe, chaque élève a dû formuler trois propositions pour l’ordre du jour en complétant les trois papiers qui leur ont été remis (“je critique”, je “félicite”, “je propose”). Par la suite, les élèves ont la possibilité de renseigner, quand ils le souhaitent, un des papiers en fonction de leur actualité. Ils écrivent spontanément leurs propositions de sujets de discussion pour le prochain conseil de vie de classe. Les papiers sont glissés dans une boite située dans la classe du professeur principal. L’ordre du jour porte exclusivement sur ces propositions d’élèves 1. L’enseignant a également le droit de mettre un mot dans la boite, comme les élèves.

Certains s’emparent rapidement du dispositif. D’autres hésitent un peu avant de se lancer. Il leur faut plus de temps avant qu’ils s’en emparent à leur tour. Il en va de même pour la prise de parole : ceux qui trouvent immédiatement leur compte dans le conseil sont “à fond dans la participation” dit Isabelle Lery. D’autres sont plus en retrait. Mais ils y viennent petit à petit, en fonction des thèmes abordés et de l’intérêt que les élèves portent au conseil, indique l’équipe. En fonction aussi de la confiance que les élèves ont progressivement dans le dispositif selon Sylvain Connac qui fait le point sur les conseils de coopérative dans son ouvrage sur les pédagogies coopératives 2.

Il arrive que certains élèves conseillent à d’autres d’écrire un mot en prévision du prochain conseil de vie de classe. Le professeur peut aussi être amené à donner ce conseil à certains élèves dans une logique de guidage. Mais la plupart du temps, les contributions sont spontanées. Certains prennent même l’habitude de mettre un mot dans la boite au moindre problème, au point de se faire reprocher par d’autres de parasiter le conseil avec leurs problèmes et de n’avoir pas pris la peine de régler certains problèmes mineurs en dehors du conseil.

Dans la pratique, le conseil commence par un rappel des règles puis par les “je critique”. Cela permet aux élèves de présenter et de mettre en débat ce qui les gêne. Les “je félicite” ne viennent pas d’emblée dans les premières séances. Les élèves ont été contraints de renseigner cette rubrique en prévision de la première séance. Mais elle est délaissée lorsqu’ils choisissent eux-mêmes les thèmes de discussion pour les séances suivantes. Les félicitations finissent par arriver un peu plus tard, à l’automne, souvent à la suite des critiques de la semaine précédente lorsque des améliorations ont été constatées. Les élèves perçoivent rapidement la fonction d’apaisement des échanges qu’offre la possibilité de féliciter les autres. En effet, la multiplication des critiques peut créer une tension que tous cherchent à tempérer au bout d’un certain temps. Ils cherchent donc par eux-mêmes à la contrebalancer en soulignant les efforts accomplis par leurs camarades. Il arrive même que les félicitations visent des absents comme le chef cuisinier que des élèves ont tenu à féliciter car ils avaient apprécié ce qu’ils avaient mangé à la cantine. Ce satisfecit lui a évidemment été rapporté par les élèves suivant la suggestion de leur professeure.

Quant au troisième type de contribution (“je propose”), il intervient généralement après les premières séances également, et porte sur des sujets très divers. Les élèves de la classe de Christina Renan ont ainsi proposé un défi lecture en français. “À celui qui lira le plus de livres” ont d’abord proposé les élèves avant de moduler leurs critères. En mathématiques, une élève en difficulté en calcul a proposé de faire un challenge de calcul mental par équipes pour lui permettre de progresser. Dans la classe d’Isabelle Lery, les élèves ont décidé de thèmes d’articles pour alimenter le blog de la classe. Ils ont également fait leur une des propositions de leur professeure : organiser une soirée des parents pour leur faire découvrir ce que font leurs enfants au collège. L’idée empruntée à la pédagogie Freinet vise à donner des occasions aux élèves de présenter leur travail en public afin de le valoriser. Ils ont ainsi prévu, entre autres productions, de présenter le poème qu’ils ont écrit à plusieurs mains avec la professeure de français et d’en faire une lecture à plusieurs voix.


1. Dans un collège-lycée Freinet de Liège où Isabelle Lery a assisté à des conseils du même type, la première partie de l’ordre du jour était proposée par l’administration de l’établissement qui faisait instruire les questions importantes par les élèves, la suite de l’ordre du jour émanait des propositions des élèves. C’est ainsi que les élèves étaient responsabilisés pour prendre en charge leur cadre de vie.
2. CONNAC, Sylvain. Apprendre avec les pédagogies coopératives, démarches et outils pour l’école. ESF éditeur, Paris, 2009-2016. Voir Feuillet 1 – le conseil de coopérative, définition tirée de l’ouvrage de Sylvain Connac.

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