Face à un nouvel enseignement, le besoin de formation et d'informations est plus que légitime, de même que certaines interrogations. Rassemblant les contributions de pas moins d'une quarantaine d'enseignants, inspecteurs et artistes, l'ouvrage
Pour enseigner l'histoire des arts apporte sur le sujet des réponses à la fois vastes et variées. Le sommaire suit une progression qui va du théorique au pratique, et, en huit chapitres, à partir du questionnement initial "Histoire des arts, un enseignement "nouveau" ?" conduit à "Être passeur culturel de tous les arts".
Plus théorique, l'entrée en matière de cet ouvrage expose une mise en perspective de l'histoire des arts en comparant notamment l'enseignement optionnel instauré en 1993 à son actuel enseignement obligatoire, voire en examinant la situation de cet enseignement dans divers pays européens.
Les comptes-rendus de pratiques pédagogiques sont abondants, certains d'entre eux étant illustrés par des tableaux synthétiques ou des fiches-outils. Qu'ils soient photographique ou circassien, architectural ou lyrique, tous les arts sont convoqués et représentés. Citons pour exemples un projet mené en collège en français et histoire s'appuyant sur
Une ville idéale, de Jules Verne pour explorer l'urbanisme amiénois ; ou bien, en seconde, en lettres et EPS, une séquence combinant danse et littérature ; ou bien encore, en sixième, une étude comparative de multiples représentations du mythe de Thésée, menée en histoire, français et arts plastiques.
La place des TICE, avec l'usage d'un cahier personnel numérique, par exemple, est abordée, de même que le rapport au socle commun, notamment le pilier 5 "donner à chacun l'envie d'avoir une vie culturelle personnelle". Enfin, certaines contributions approfondissent des questions qui sont loin d'être incidentes. Comment manier les reproductions d'œuvres d'art qui constituent la voie d'accès la plus immédiate ? Comment instaurer, dans les meilleures conditions, des partenariats avec des institutions culturelles qui soient de véritables contrats de collaboration ? Que nous apprennent les enquêtes sociologiques de fréquentation des musées ? Comment éduquer le regard ? Et surtout, comment croiser les disciplines et les arts ?
"Il faut mettre en transversalité étroite les enseignements traditionnels et l'histoire des arts qui les transcende." conclut le jazzman Didier Lockwood en postface, avant d'ajouter Les métissages font souvent les plus beaux enfants. De ce colloque collégial, le lecteur ressort rasséréné par un cadrage historique et théorique bienvenu autant que stimulé par les initiatives foisonnantes dont il est fait état. À telle enseigne que l'enseignement de l'histoire des arts lui apparaîtra sans doute comme l'enfance de l'art...
J. Perru