L'autonomie scolaire est souvent regardée comme une capacité à savoir faire seul, sans l’adulte, dans le contexte d'actes personnels quotidiens comme l'habillage (“je sais faire mes lacets”), le passage aux toilettes, l’hygiène, l’alimentation, les déplacements ou la posture dans le coin-regroupement par exemple. Mais cette définition correspond davantage à l’autonomie pratique, voire à l’indépendance qui, elle, détermine une capacité à gérer seul une activité sans recours à une aide extérieure. Alors que l'indépendance est une liberté face à toute contrainte, l’autonomie en pédagogie peut se définir comme une exonération consciente du besoin de solliciter l’adulte et comme un choix d’action pour répondre à une consigne.
L'enfant acquiert son autonomie en comprenant et en expérimentant qu'il peut vivre des moments en dehors de toute communication avec l'adulte. L'élève, quant à lui, acquiert son autonomie en comprenant le lâcher-prise de l'enseignant face à une finalité identifiée et acceptée. Il est donc indispensable de considérer l'autonomie comme un apprentissage dirigé par l'enseignant et non comme une compétence personnelle qui se construirait identiquement chez tous les enfants.
Les activités libres effectuées lors du temps d'accueil matinal ou après chaque atelier offrent à l'élève la possibilité de choisir ce qu'il fait selon ses préférences de l'instant. En revanche, le travail en autonomie suppose maintien dans l'activité, persévérance de la part de l'élève et effort pour respecter les attendus de l'école (apprentissage et respect d’exigences spatio-temporelles, sociales, matérielles, scolaires). C'est d'abord un effort sur soi, une résistance aux tentations (solliciter l'enseignant, détourner la consigne…), une résistance à ses pulsions, à ses désirs immédiats (faire autre chose, se déplacer, parler…). Il s'agit pour l’élève d'un engagement à finir l'activité, ce qui présuppose confiance en soi et conscientisation de ses propres compétences.
Travailler l'autonomie comme objet d'apprentissage, c'est développer des compétences permettant aux élèves d'être mieux outillés face aux bouleversements qu'ils rencontreront ne serait-ce que dans le cadre scolaire (arrivée à l'école élémentaire ou au collège par exemple).
L’autonomie est une conquête personnelle régulièrement remise en question par l'environnement de travail. Se réalisant dans un contexte social, elle est une acceptation consciente de contraintes, élaborée et dirigée par l’enseignant, impliquant la totalité de la personne. Parce qu’elle relève d’un engagement personnel dans un univers social, elle révèle donc la capacité personnelle d’action (autonomies corporelle, matérielle, spatio-temporelle), au milieu d’un groupe d’individus (autonomies morale, affective, langagière), face aux demandes de l’enseignant en termes d’apprentissages (autonomie cognitive).
Pour aller plus loin, on pourra lire Philippe Meirieu ou Bernard Lahire et notamment leurs articles très synthétiques en suivant ces liens :