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quel bilan les élèves tirent-ils de cette première année d’enseignement d’exploration création et activités artistiques (EDE CAA) spectacle vivant ?

Pourquoi ne pas poser la question aux élèves eux-mêmes ? L'enquête permettra aux élèves d'effectuer un bilan de leur année.  Un questionnaire, qui mêle le qualitatif et le quantitatif, est ainsi élaboré (voir annexe). Pour être utile, un tel questionnaire doit être conçu de manière à permettre un dépouillement aisé (cinquante-cinq exemplaires sont remplis !). De fait, les données des questions 1 et 2 sont trop longues à dépouiller. Le nombre total de questions, vingt-trois, est trop important. La formulation de certaines de ces questions mériterait d'être revue ; elle entraîne des redondances (questions 17 et 18, par exemple). Bref, l'outil est loin d'être parfait, mais il n'est pas non plus inopérant. Effectuée par les élèves lors de la dernière séance, une synthèse écrite sera complétée par un bilan oral. Son objectif est soigneusement explicité ; il s'agit de faire un bilan, pour eux d'abord, pour l'enseignant ensuite, de ce qu'ils ont fait au cours de cette année : ce qu'ils ont appris, ce qui a bien marché, ce qu'il faudrait améliorer. Dans cette activité, ils œuvrent autant pour eux que pour ceux qui vont leur succéder. Ce questionnaire est important, il est essentiel qu'ils le remplissent avec soin et précision. D'ailleurs, c'est ce qu'ils feront avec une réelle application. L'anonymat permet une grande liberté de parole ; la sincérité est capitale, sinon c'est toute la validité de l'enquête qui est ruinée. On peut dire beaucoup de choses, tout est dans la manière de les exprimer... Les limites sont aussi rappelées, on ne peut pas tout faire, étirer le temps ou les moyens budgétaires, multiplier les déplacements, ignorer les directives officielles... Bref, on peut améliorer l'existant, certes, mais en tenant compte d'incontournables contraintes matérielles, pédagogiques, institutionnelles. Concrètement, le déroulement de la séance dédiée à la démarche d'évaluation est le suivant : explicitation du questionnaire et de ses finalités, renseignement  individuel, bilan oral de l'année par l'enseignant, puis par les élèves (qui seront nettement moins loquaces et précis que par écrit). Vient ensuite le travail de dépouillement du questionnaire. Qu'enseigne alors l'analyse de l'enquête ?

"Pas si facile"...

En aidant à mieux cibler le public accueilli et l'impact du travail de l'année, l'analyse des réponses permettra d'ajuster, en cas de besoin, les stratégies retenues dans cet enseignement. 64 % des élèves déclarent qu'ils n'avaient pas l'intention d'exercer un métier lié au spectacle vivant, 20 % ne savaient pas, 16 % répondent affirmativement (question 13). Pour ces 16 % (pourcentage par ailleurs nettement plus important que celui de la population active qui gagne sa vie dans ce secteur d'activité), la palette des réponses s'ouvre très largement : ils veulent être professeur de danse, organisateur d'événements, infographiste, ingénieur du son, chargé de communication, technicien lumière... Beaucoup ont mis un nom sur ce qui n'était avant qu'un vague domaine qui les intéressait (entre autres suite à la rencontre avec les différents intervenants). Fugace soufflé ou naissance d'une vocation ? Ces intentions sont à prendre pour ce qu'elles sont, certains projets sont encore bien peu affinés. Quoi qu'il en soit, si 84 % des élèves déclarent que cette année n'a pas modifié leur projet professionnel, certains expliquent qu'elle leur a permis de confirmer leur projet préalable (question 14). Les représentations liées au monde du spectacle (entre autres entretenues par des émissions du genre "Star Academy") ont été balayées, et ce n'est pas un mal. Mais il est également intéressant de voir que, pour 56 % des élèves, cette année a changé la vision du monde du travail en général (question 15). Appliquées ici au spectacle vivant, certaines réalités ou procédures existent quel que soit le domaine d'exercice, et les lycéens ne s'y sont pas trompés. Lesquelles ? Rigueur, organisation, responsabilité, investissement, gestion des contraintes, difficulté, expliquent-ils. Tous disent avoir réellement pris conscience de ce qu'est le monde du travail, notamment grâce aux rencontres avec les professionnels et aux travaux pratiques dans le cadre de l'organisation du spectacle de l'option théâtre. Autant d'éléments qui ne peuvent qu'encourager à poursuivre dans le sens d'une découverte de l'ensemble du processus de fabrication du spectacle vivant, sans se limiter à l'une ou l'autre des étapes. Un spectacle existe grâce aux artistes, certes, mais ils sont loin d'être les seuls à lui permettre de naître et de vivre.

Question de genres

56 % des élèves qui s'inscrivent en CAA ont une pratique artistique, dans ou hors de l'établissement. Les genres sont variés : twirling, musique, danse, théâtre, chant, dessin... La plupart des inscrits dans l'un des dispositifs à caractère artistique proposés par le lycée (clubs musique ; ateliers régie-scénographie, cinéma-vidéo ; option facultative théâtre) choisissent aussi l'EDE CCA. Pour 40 % des élèves, les séances  de CAA ont donné envie de se lancer dans une pratique artistique (55 % répondent négativement et 7 % sont indécis). L'envie deviendra-t-elle réalité ? c'est autre chose, mais quoi qu'il en soit, une bonne moitié des lycéens inscrits en CAA cumule les activités liées à la création artistique. Certains expriment le souhait d'une plus grande ouverture à la pratique durant les cours, avec des arts plastiques ou de la vidéo, par exemple. On n'évite pas la représentation des élèves qui imaginait une pratique spécifique alors même que la création contemporaine d'aujourd'hui associe de nombreuses techniques, en particulier dans le domaine du spectacle vivant. Les passionnés d'un genre se montrent parfois très exclusifs. Des danseuses regrettent que ce genre n'ait pas été assez présent dans l'année, alors que la troupe professionnelle suivie était pourtant une compagnie de danse. Difficile de plaire à tout le monde, bien sûr, mais ces remarques posent la question de l'équilibre à trouver entre l'exploration de la diversité (générique, diachronique, professionnelle) et un approfondissement plus spécialisé. De ce fait, l'année suivante, des travaux de groupes avec restitution à l'ensemble de la classe seront développés plus tôt, avec la présentation d'un genre par groupe, à partir du site et de l'intervention d'un photographe de scènes. Chaque classe sera par ailleurs associée à deux compagnies, de deux genres différents, que les élèves suivront et rencontreront, notamment pour assister à une répétition.

Sous les feux de la rampe, ou derrière ?

Autre point d'achoppement : les activités de pratique au sein des cours. Des exercices ont été pratiqués, assez peu dans la mesure où la dernière séquence envisagée (réalisation de petites formes spectaculaires en lien avec le thème du projet culturel collectif - autour de L'Odyssée -) n'a pas eu lieu faute de temps. Deux intervenants professionnels ont également initié les élèves au mime et à l'art du clown. Les questionnaires font ressortir deux points de vue aussi nets qu'opposés. D'un côté, on regrette de ne pas avoir fait assez d'exercices de plateau, ce qui revient régulièrement aux questions 7 et 20. Pour d'autres, au contraire, les activités les moins appréciées sont ces mêmes exercices de pratique, qui les gênent parfois profondément. Ce ne sont pourtant pas les élèves les moins intéressés, et ils ont parfaitement leur place en CAA. Comment tenir compte de cette double réalité sans laisser personne de côté ? Quelle réponse apporter ? Des temps de pratique avec un groupe spectateur et un groupe acteur ? Des activités en petits groupes autonomes qui permettraient à certains d'explorer davantage cet aspect du spectacle vivant tandis que les autres prendraient en charge d'autres tâches de réalisation ? Rien n'est encore tranché. Et il faut garder les pieds sur terre, l'enseignant ne peut être partout pour accompagner des élèves qui, aussi autonomes soient-ils, ont besoin de son guidage. Les élèves ont aussi découvert que l'action n'est pas la seule chose qui compte : "J'ai réalisé tout ce à quoi il faut penser", note l'un d'eux. Et ils sont nombreux à demander que la phase de recherche documentaire soit plus importante (ce qui ne manque pas de faire sourire l'enseignant, car ce n'était pas forcément les temps qui soulevaient le plus d'enthousiasme...). Que ce soit pour les travaux liés au suivi du spectacle de l'option, que ce soit avant de rencontrer une compagnie, ils ont compris qu'il est capital de savoir où on va et où on veut aller, ce qui passe par les livres et autres outils documentaires, les carnets de notes, organigrammes ou croquis...

Au cœur de l'action

Si globalement les élèves sont satisfaits de leur année de CAA - aucun ne regrette de s'y être inscrit - les deux moments forts qui ressortent nettement sont les rencontres avec les compagnies professionnelles sur leur lieu de résidence respectif, d'une part, et les travaux d'organisation du spectacle de l'option facultative théâtre, d'autre part. Les élèves apprécient particulièrement d'avoir pu voir "les coulisses" de la création, ce qui leur a permis de mesurer le parcours qui conduit jusqu'au produit fini qu'est la représentation. Le fait d'assister à une répétition puis au spectacle lors de la "sortie de résidence" est incontestablement enrichissant. "On voit le spectacle se former", écrit un élève. Le résultat d'un travail vient du travail derrière, note un autre. "Cela m'a fait rêver", peut-on lire ailleurs, On entre dans leur monde. Quant à toutes les activités liées au spectacle de l'option, Télémaque (réalisation des affiches, des flyers, de la communication, de catalogues de costumes, etc.), les élèves en redemandent. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit d'un vrai travail, comme ils le disent. Responsabilisés, autonomes, mais contraints par des échéances précises, ils apprécient d'autant plus le challenge qu'ils savent que leurs réalisations serviront vraiment. "C'était comme si on était des professionnels", "Il faut être efficace, sinon c'est tout un projet qui tombe à l'eau", peut-on lire. Ils apprécient aussi bien la part de créativité que la rigueur nécessaire à l'accomplissement de leurs travaux, même si c'est dur et exigeant. Pour ce qui est des interventions des différents professionnels, l'analyse des élèves n'est pas moins intéressante. Ces rencontres sont incontestablement  formatrices et riches, mais certaines modalités pourraient être améliorées. Deux heures, c'est parfois trop long, font-ils observer avec justesse. Ce serait mieux de mettre les tables en rond pour pouvoir mieux échanger tous ensemble [évidemment, que n'y avais-je pensé moi-même ! se dit alors l'enseignant]... Bref,  ils se font ainsi force de propositions.

Article rédigé par D. Grégoire

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