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"quel malotru !"

mis à jour le 16/09/2010


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Lorsqu'un élève de cours moyen s'exprime ainsi pour qualifier l'un de ses camarades qui s'est mal conduit, l'enseignant en sourit d'aise. Les entrées multiples et ludiques utilisées dans cette classe pour l'apprentissage du lexique portent leurs fruits !

mots clés : motivation, motiver les élèves, vocabulaire, langue, lexique


L'équipe enseignante de l'école de Fégréac a repéré, dès la grande section, que les élèves ne disposaient pas d'un lexique suffisant. C'est, par exemple, une proportion importante d'élèves de cinq ans qui ne savent pas désigner par leur nom des objets aussi courants qu'une louche. Les "trucs" et les "machins" remplacent les noms manquants ; l'habitude de s'exprimer ainsi s'installe et même si le vocabulaire des élèves s'enrichit au cours de leur scolarité, il reste insuffisant à l'arrivée en cycle 3. L'enseignant du cours moyen, Vincent Gaudin, décide alors de participer à l'objectif que s'est fixé l'équipe : accorder une priorité à l'apprentissage du lexique. Ensuite, il prolongera ce travail lorsqu'il intègrera l'école de la Ronde à Plessé. L'expérience aidant, il en viendra tout naturellement à s'interroger : comment éviter la monotonie des listes de mots tirés des lectures ou issus des séances classiques sur les synonymes ou les antonymes ? V. Gaudin aime jouer avec les mots et amuse souvent ses élèves avec quelques palindromes ou anagrammes, alors tout naturellement, il se met à réfléchir à la manière d'aborder cet apprentissage pour le rendre vivant, drôle et organisé, tout comme l'est le lexique !

Quelques principes de base

Avant de se lancer dans des activités multiples avec ses élèves, l'enseignant a réfléchi à ce qui serait indispensable pour que les élèves possèdent un vocabulaire étoffé qu'ils sauraient utiliser, et pour qu'ils acquièrent une certaine autonomie dans l'analyse des mots nouveaux. De toute évidence, cet enseignement nécessite du temps, de la régularité et de l'exigence. Pour V. Gaudin, il faut saisir toutes les occasions, que ce soit en français, en histoire, en sciences... L'exigence est alors d'expliquer systématiquement l'importance de la maîtrise d'un grand nombre de mots pour mieux s'exprimer et se comprendre dans toutes les situations de la vie et également pour le plaisir que l'on peut prendre en jouant avec le lexique. Il s'agit aussi de créer l'habitude chez les élèves de questionner, de rechercher le sens des expressions qu'ils rencontrent. Il veut les rendre curieux et intrigués par les irrégularités dues à l'ancien français, par exemple (l'accent circonflexe dans forêt, hôpital...) ou dues à la provenance étrangère d'un mot, tel landau qui ne prend pas de "x" au pluriel. Il faut aussi apprendre à reconnaître les indices de sens donnés par les préfixes (voir annexe) et utiliser régulièrement la décomposition du mot pour donner une clé de plus. Ainsi, les élèves deviendront plus autonomes et plus confiants face à des mots inconnus. Mais une fois ces principes établis, comment passer de l'idée à la réalisation ?

Rituels et variétés

Chaque jour, la séance du "mot du jour" s'appuie sur un livre-chevalet 1 qui permet de découvrir un mot par jour. Après la découverte du mot par les élèves, l'enseignant ajoute une anecdote pour aider à la mémorisation. Si le mot est décomposable, comme aqueduc, par exemple, un défi est lancé pour le lendemain : trouver d'autres mots qui contiennent le même préfixe ou le même suffixe. Pour toute la semaine, un élève est chargé de la mise à jour du classeur de vocabulaire de la classe. Chaque mot découvert dans la journée, quelle que soit l'activité, est noté avec une brève explication. Parallèlement, à chaque fois que la demi-journée se termine et qu'il reste quelques minutes, l'enseignant lance le jeu du classeur : il prend un mot et les élèves, tous levés, doivent donner sa définition. Lorsque celui qui est interrogé se trompe, il s'asseoit, et c'est un camarade qui propose une réponse jusqu'à ce que cela soit exact. Ambiance assurée ! C'est un bon moyen de revoir régulièrement tous les mots rencontrés dont les élèves récupèrent ensuite la liste pour la mémoriser durant les petites vacances. Au retour, un petit test permettra de vérifier ce qui a été retenu. Mais ce n'est pas tout, il faut aussi revenir des congés avec un mot, nouveau pour eux, à offrir à la classe. Hormis quelques gentils plaisantins qui piochent dans le dictionnaire pour piéger le professeur, les élèves jouent le jeu et écoutent attentivement leurs parents pour rapporter un mot entendu à la maison, qui sera présenté au grand groupe à la rentrée.

Le corps au service de l'abstraction

Pour s'approprier le concept de la synonymie puis de l'antonymie, deux séances se succèdent à une semaine d'intervalle. Les élèves sont invités à se rendre dans la cour. Pour une séance de français, comme c'est étrange ! Objectif : former un duo selon un principe commun à tous les élèves... mais lequel ? Après avoir pioché, secrètement, un mot dans une pochette qui en contient deux, chacun cherche à reconstituer la paire à laquelle il appartient. Il faut passer d'un camarade à l'autre, demander quel est le mot attribué, réfléchir à une raison de les associer, recommencer... Quelques paires un peu plus faciles que les autres permettent de comprendre le principe de l'association du jour. D'un seul coup, la fourmilière s'organise, les duos sont formés, la classe peut rejoindre la salle pour faire un bilan de ce qui vient de se passer et définir la synonymie ou l'antonymie avec de nombreux exemples. Le travail est suivi d'exercices d'entraînement classiques, mais comme l'entrée dans la leçon a mobilisé tous les élèves, ils restent, de ce fait, beaucoup plus impliqués dans la suite du travail.

Créer pour faciliter la compréhension

Le principe d'une sensibilisation concrète est également utilisé pour un travail sur le sens propre et le sens figuré. Saisissant l'opportunité du projet départemental arts visuels de cette année-là - Arts et textiles - l'enseignant demande à ses élèves de rechercher toutes les expressions qui ont un lien avec le tissu. D'abord, ils recensent toutes celles qu'ils connaissent, puis ils recherchent auprès des parents et finissent par collecter une bonne quinzaine d'expressions de "Manger la laine sur le dos" à "Porter la culotte" en passant par "Une main de fer dans un gant de velours". Chacune d'entre elles est expliquée et mise en contexte. Ensuite, chaque élève choisit l'expression qu'il préfère parce qu'elle est poétique, amusante ou très parlante. Chacun peut alors se mettre au travail, par petits groupes seulement, car il ne faut pas dévoiler à l'ensemble de la classe les choix opérés. En effet, une séance de test en grand groupe permettra de vérifier si l'on peut trouver la solution en regardant la composition réalisée avec toutes les bricoles rapportées de la maison. Enfin, grâce à la récupération de baguettes en bois mises au rebut par une usine, chaque œuvre est encadrée et présentée à l'antenne CDDP (centre départemental de documentation pédagogique) pour l'exposition Arts et textiles dans le bassin nazairien (voir annexe). Les visiteurs qui doivent deviner l'expression grâce à une courte phrase et à sa représentation figurée sèchent parfois, mais, quand on leur donne la réponse, tous font remarquer la justesse de la figuration. La notion est désormais bien comprise et le passage par la création a permis de garder tout au long de l'activité un enthousiasme sans faille.

Une volonté constante

Que les élèves prennent possession du lexique à tout moment, dans toutes les situations, est un axe fort de l'organisation des apprentissages dans la classe de V. Gaudin. Le choix des lectures 2 de l'année est orienté par la qualité du vocabulaire utilisé dans les fictions proposées. Il doit être riche et précis. De plus, lors de l'étude d'un roman, l'enseignant essaie de susciter des représentations mentales dans la tête de ses élèves en associant d'autres supports. La lecture des ouvrages de Roland Goigoux a été très formatrice à ce sujet : on y découvre que la représentation personnelle que l'élève peut se faire provient très souvent d'une activité dissociée, d'une surprise, d'une courte expérimentation d'un "autrement" qui maintient l'attention et donc la compréhension. Ainsi, pour accompagner la lecture de L'œil du loup de Daniel Pennac, c'est la chanson de Bénabar, Le Zoo de Vincennes, qui apporte son lot de métaphores. Les représentations mentales facilitent la visualisation et donnent du sens et du corps à ce qu'ils lisent. À partir d'une image comme celle du "vieux beau à bedaine", par exemple, les élèves inventent et chantent quelques vers. Il suffit de quelques minutes et de trois accords de guitare ou d'un refrain connu par tous pour que le mot "bedaine" s'inscrive dans leur répertoire personnel. D'année en année, les outils s'élaborent et servent aux élèves suivants. C'est un jeu de l'oie sur le thème des animaux, réalisé par une classe. Là encore, il y a eu recensement des expressions avec des noms d'animaux, puis formulation d'hypothèses sur le sens, discussion et mise au point, apprentissage des expressions, puis réalisation de cases dessinées sur lesquelles, entre autres, un canard grelotte... pour froid de canard bien sûr ! Une fois terminé, le jeu a été plastifié et il est désormais utilisé pour apprendre ou réviser des expressions qui seront introduites dans les prochains écrits. Une volonté constante donc pour que le jeu, le corps, les sensations, la création, alternent avec la parole du maître et l'écrit de l'élève. Une parole et des écrits qui restent des éléments clés dans l'apprentissage guidé par V. Gaudin, mais qui trouvent un nouvel écho dans les esprits des élèves lorsque ces derniers sont soudainement réveillés !

1. Les incollables 8-9 ans : 365 mots drôlement illustrés à découvrir chaque jour, édition Play-bac.
2. Mourlevat (J.-C.), L'homme à l'oreille coupée, éditions Thierry Magnier, collection Petite poche ; Drozd (Irina), Un tueur à ma porte, éditions Bayard jeunesse ; Browne (Anthony), L'histoire à quatre voix, éditions Kaléidoscope.
 
auteur(s) :

M. Blin

contributeur(s) :

V. Gaudin , Circonscription de Pontchâteau [44]

fichier joint

information(s) technique(s) : pdf

taille : 220 Ko ;

ressource(s) principale(s)

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