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quels retours l’enseignante fait-elle de cette expérience ?

Pour compléter la présentation de cette expérience, l’enseignante a accepté de se livrer à un jeu de questions-réponses :

L’élève se sent-il légitime pour évaluer ses copains ?
“Aucune difficulté n’a émergé à ce niveau. Le fait d’évaluer en binômes a sans doute facilité les choses. En outre, les élèves ont évalué par compétences, ils n’ont pas noté. Cela a peut-être retiré une pression. Chacun étant tour à tour évaluateur et évalué y a sans doute également contribué.”

Y a-t-il eu progression entre le premier orateur et le dernier ? Y a-t-il eu progression des exigences ?
“Il y a eu des interrogations après les premiers passages : les élèves avaient tendance à ne pas trancher entre deux niveaux et à mettre des croix entre les deux. Beaucoup m’ont sollicitée pour cela et je leur ai demandé de trancher. J’ai repris cela collectivement au début de la deuxième heure, pour leur expliquer qu’évaluer c’est également choisir. La tendance naturelle les poussait à avoir une bienveillance complaisante alors que leurs appréciations pouvaient les contredire. Je leur ai aussi expliqué que l’objectif était de donner à leurs camarades des clefs de progression. Et donc de fait, les exigences se sont accrues.”


Les élèves ont-ils éprouvé des difficultés ?
“- Du stress au moment du passage pour certains.
- Les difficultés évoquées dans la réponse précédente pour trancher : la peur d’être méchants. Là aussi j’ai essayé de leur expliquer que ce n’est pas sur ce registre que la question se pose : on ne note pas pour être gentil ou méchant, on cherche à être le plus objectif possible et le plus formateur possible.
- L’activité a été très vite maîtrisée et réalisée avec enthousiasme. Ils ont apprécié être en activité et être responsabilisés. De ne pas trop m’avoir sur le dos également. Ils ont fait preuve de beaucoup de maturité.”

Comment savoir s’ils ne construisent pas des savoirs erronés ? Et si un élève dit quelque chose de faux ? Réaction immédiate ou différée de l’enseignante ?
“C’est sans doute la question qui m’a le plus fait douter. C’est pour cela que j’ai donné les grilles des contenus attendus mais elles ne garantissent pas contre les erreurs de contenus. Ceci dit, sans les négliger, je dirais que ce n’était pas forcément l’objectif principal. Il ne s’agissait pas d’un exercice de construction de savoirs : tout avait été abordé en cours, on était plus dans la restitution. J’ai mis l’accent sur la forme de l’oral plus que sur le fond. C’est cela qui m’intéressait. En revanche, j’ai corrigé certaines évaluations : quand certains items essentiels n’étaient pas cochés dans la grille, j’ai montré aux évaluateurs (en différé) que l’on ne pouvait pas être dans le très satisfaisant ni même dans le satisfaisant. Mais cette situation a été marginale.”

Comment sont constitués les groupes ?
“Mes élèves sont habitués à travailler en groupes et à chaque fois j’en modifie la composition. Je crois que c’est également un préalable important pour qu’ils puissent se faire confiance et que je puisse également être certaine de leur autonomie.”


Comment êtes-vous intervenue pendant ce dispositif ?
“Il est compliqué au début de vérifier que tout a été compris.
Je suis passée de groupes en groupes, je me suis déplacée en fonction des demandes pour répondre à des difficultés soulevées. J’ai eu peu de temps pour écouter les prestations. Ma présence pouvait d’ailleurs déstabiliser les élèves qui s’exprimaient.
J’avais ma propre fiche d’évaluation pour vérifier ce que les élèves faisaient : leur engagement, leur concentration, leur capacité d’écoute puis d’argumentation : j’ai plus observé les évaluateurs que les évalués.”



Laquelle des trois grilles a paru la plus facile, la plus difficile pour les élèves ?
“La plus facile : l’expression orale. La plus difficile : la qualité des connaissances. Mais j’y ai retrouvé les difficultés qu’ils ont à être eux-mêmes exigeants sur ce qu’ils produisent : l’approximation ne leur pose pas forcément de problèmes.”
 
Quels conseils les élèves ont-ils donné ?
« La plupart des conseils portaient sur l’expression : vitesse de parole, mots et gestes parasites, contrôle des mouvements du corps.
Ils ont facilement relevé si le temps imparti était respecté ou non. Ils ont facilement remarqué aussi, mais il y a eu très peu de cas, les contenus insuffisants ou le manque de structuration.”

À posteriori, quel regard portez-vous sur le contenu des grilles d’auto-évaluation ?
“C’est la partie la plus décevante de l’exercice pour moi. Il y avait deux colonnes dans cette grille : se regarder et regarder les autres pour voir ce qu’ils pouvaient apporter à chacun. Effet selfie garanti : ils ont souvent fait preuve de beaucoup d’autosatisfaction : la première colonne n’a pas été difficile à remplir. Mais s’ils ont plutôt bien évalué leurs camarades, la plupart n’ont pas utilisé l’effet miroir que j’attendais pour relever ce qu’il ne faut absolument pas faire ou au contraire pour s’inspirer de certaines démarches, attitudes, expressions. Mais finalement c’est un peu comme les copies : rares sont les élèves qui s’approprient réellement nos observations ou les corrigés que l’on donne pour progresser. Ils peinent à conscientiser la progression. C’est ce qui m’interpelle le plus.
Mais peut-être est-ce aussi parce que cet exercice est venu à la fin de l’activité pour laquelle ils se sont beaucoup engagés. Comme nous partions en vacances, ils ont fait cela avec plus de légèreté chez eux. Ils ne l’ont pas pris pour un exercice nécessitant un travail sérieux. Il aurait sans doute été plus pertinent de le faire en classe et que je passe dans les rangs pour les aider à s’interroger. Entre la covid et la neige, les choses étaient contraintes !”
 
Avez-vous eu des réactions des parents ?
“Aucune. Je n’ai eu aucun retour. L’expérience me laisse à penser que s’ils avaient eu des doutes sur ce travail ils auraient réagi. Je sais seulement que beaucoup ont aidé leurs enfants à se préparer : ils les ont écoutés, chronométrés. Je n’aime pas l’anglicisme coachés, mais ceux qui sont intervenus l’ont fait dans ce sens.”

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