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témoignages d’enseignants

André Chaix, professeur d’arts plastiques au collège Costa Gavras, 40 années d’expérience

“J’ai appris à m’éloigner du chronomètre pour m’attacher à ce que l’élève possède. Mon regard est devenu plus humain. Au cours de la formation, certains ateliers nous permettaient de nous mettre en position de l’élève qui ne comprend pas le pourquoi, le comment, tout ce que l’on n’anticipe pas forcément quand on enseigne. J’ai appris à lire les postures des élèves. Maintenant, j’observe sans cesse la classe et je vais vers les élèves qui ne semblent pas dans l’activité. Cela permet de développer une meilleure relation avec les collégiens, on est donc plus calme, plus patient. Avant, face à une posture de refus, je finissais par me mettre en colère puis j’abandonnais. Récemment, un élève est entré en classe, sans dire bonjour, sans enlever sa capuche. Je le lui ai fait remarquer, sans réaction de sa part. En début de séance, je propose toujours une activité de manipulation ou un dessin. L’élève a pris la feuille et l’a froissée. Avant, je me serais mis en colère. Là, j’ai rebondi. Je lui ai demandé ce qu’il avait fait, comment il s’y était pris. Je lui ai montré des compressions de César et d’autres artistes ; il a levé la tête. Puis, pendant la séance, il a fait toute une structure avec des papiers froissés de couleur et est parti avec son œuvre. Ce jour-là, j’ai été surpris de ma réaction.

J’ai été conforté dans ma pratique : je laisse parler les élèves au lieu de placer le savoir en avant, je développe leur autonomie par des espaces de parole, des déplacements autorisés, des travaux d’équipe. Les élèves travaillent en îlots, je me déplace, je les questionne, je traduis plusieurs fois la consigne pour des élèves différents. Des collégiens qui travaillent, échangent, cela fait du bruit, le bruit d’une classe qui construit. Ce bruit pouvait paraître suspect, il m’est arrivé que l’on me demande de fermer ma porte. Une forme de honte a ainsi disparu pour moi.

Je prépare mes séances en ramifications et m’attache à pouvoir développer l’imprévu dans la création attendue comme dans les comportements des élèves. Il y a des classes agitées qui ont parfois une intention claire de ne rien faire. Dans ce cas, je patiente, je montre des documents, je fais quelque chose de mon impatience, ils voient que je veux avancer. On ne perd jamais l’heure complète, je me suis apaisé face à ce type de séance difficile.”

Doriane Arnoux, professeure des écoles, enseignante en CM2 à l’école de l’Épau, 15 années d’expérience

“En lien avec les apports de D. Bucheton, je me suis demandé si je me taisais suffisamment. Je me suis vraiment concentrée sur cet axe dans le but de développer le temps de penser des élèves tout comme la disponibilité de l’enseignant. J’ai essayé de développer les interactions entre les élèves, comme par exemple lors du rituel quotidien (voir “Le modèle du multi-agenda”). Je constate qu’au moment de la restitution, ceux qui prennent la parole sont ceux qui arrivent à synthétiser et ceux qui auraient proposé leur réponse en premier dans mon ancien fonctionnement. C’est donc la phase précédente (le débat en petites équipes) qui est la plus riche. Elle stimule le savoir-être des élèves, rassurés par le rituel, surpris par l’activité proposée, toujours nouvelle. En début d’année, quelques-uns attendent que le temps passe. À la faveur du rituel, on sort son cahier, on écoute, on n’a plus besoin d’aide : “je sais ce que l’on attend de moi, si je fais peu, je fais quand même”. 

Grâce à la formation, j’ai également amélioré l’explicitation des objectifs d’apprentissage que je dis aux élève ou que je leur demande de formuler : “à quoi cette notion/activité va-t-elle vous servir ?” Par exemple, si j’apprends les verbes à l’infinitif, c’est parce que bientôt la maîtresse dictera les leçons. Je relie également dès que possible les apprentissages à des situations concrètes en classe ou dans le quotidien. Mon objectif est que l’élève se situe au-delà de la situation d’entraînement.

Lors de la formation, nous avons travaillé en équipe, nous avons fait avec les autres et devant les autres. Cela nous a permis de travailler sur “la mise en danger”, les situations imprévues qui peuvent se produire en classe. Il faut sans cesse ajuster ses gestes pour ne pas être déstabilisé. Il faut accepter, écouter, utiliser les réactions et propos des élèves pour les ramener dans le cours. Cela nécessite d’accepter l’autre, de s’accepter soi, d’avoir confiance, d’écouter les élèves comme soi-même. C’est indispensable pour être capable d’accepter une situation inattendue, éviter qu’un petit incident ne prenne trop d’ampleur. Comment rebondir, ajuster en se nourrissant de ce qui se passe dans la classe ? C’est vraiment une difficulté de ce métier et c’était stimulant d’y réfléchir en équipe.

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