innovation pédagogique

Une approche horizontale, un nouveau contexte

“À quoi ça sert d’apprendre ça ?”, “Est-ce que ça va m’être utile plus tard ?” : combien de fois ces paroles d’élèves ont-elles résonné dans les salles de classe ? Combien de fois les professionnels de l’Éducation ont-ils tenté d’y répondre espérant provoquer chez leurs élèves la même flamme qui les pousse à enseigner et à décrypter le monde qui les entoure ? Souvent pour exprimer un mal-être scolaire, ces élèves montrent le signal de leur égarement. Comment les aider à retrouver le chemin de l’école ?

Car en prononçant ces paroles - “à quoi ça sert” - les élèves réinterrogent finalement les trois grandes fonctions de l’École : instruire (apporter des savoirs), former (entraîner à du savoir-faire)1, éduquer (faire évoluer le savoir-faire). L’école n’est plus le seul lieu d’une acquisition des savoirs. Elle ne peut plus être vue sous le seul prisme de sa fonction d’instruction et de programmes scolaires : “L’élève n’est plus un 'vase à remplir' […] et l’École n’a plus pour fonction principale de sélectionner le mieux adapté pour devenir l’élite de la nation, mais d’accompagner une 'personne en formation'. La visée du système éducatif est de donner naissance à de futurs citoyens qui auraient construit des compétences pour être autonomes et responsables dans un monde qui change.”2

À l’échelle du monde donc, les sociétés ont évolué et les êtres humains aspirent aujourd’hui à des relations moins verticales, moins hiérarchisées. Le modèle de soumission autrefois admis dans la relation parentale ou éducative est aujourd’hui révolu  : “C’est ce changement de paradigme qui fait que le monde de l’Éducation doit s’adapter, parents comme enseignants. Je pense que nos élèves le réclame. Car ce qui est vertical est de plus en plus mal vécu. Il ne s’agit pas d’y renoncer mais de le vivre de manière plus horizontale.”


Nourrir la relation pédagogique : une influence positive dans le rapport à l’école

Traduire cette horizontalité dans la relation pédagogique, c’est faire en sorte de tisser des liens enrichissants entre l’enseignant et l’élève, des liens fondés sur l’écoute, le respect mutuel et la coopération, explique Stéphanie Douet. Cette nécessité d’être dans un rapport d’autorité horizontal, elle l’a comprise très vite au cours de ses premières expériences d’enseignement en Seine-Saint-Denis : “Je ne pouvais pas imposer mon autorité en force, de manière verticale. Les élèves m’ont arrêtée tout de suite et m’ont dit : le respect madame, ça se gagne, ça ne se décrète pas. Il fallait donc trouver une autre manière de fonctionner, une autre manière de gagner leur respect.”

Mettre en place des ateliers de Discipline Positive® pour viser le développement des compétences psychosociales, pour gagner le respect des élèves en tissant des liens de confiance et de respect mutuel avec eux, c’est “comme apprendre une nouvelle langue, ça prend du temps” mais c’est gage de qualité pour l’enseignement, ajoute cette enseignante.

Des études l’attestent par ailleurs : une relation éducative enrichie entre le professeur et l’élève et les élèves entre eux, influe positivement et respectivement sur leur rapport à l’école et à leur environnement professionnel. Cela génère chez eux motivation et engagement : “Bien-être scolaire et bien-être professionnel des enseignants sont intimement liés”.3

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1. Soline Bourdeverre-Veyssiere, Les trois grandes fonctions de l’école, l’éducation positive dans la salle de classe, p. 20.
2. Daniel Favre, professeur honoraire de l’université de Montpellier en sciences de l’éducation, “L’école, vers un nouveau paradigme éducatif”, Le journal des psychologues, février 2017, n° 344.
3. Christophe Marsollier, docteur en sciences de l’éducation, Les conditions du bien-être à l’école, revue “Économie et management”, n° 162, le bonheur au travail, janvier 2017.