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un projet qui s'inscrit dans les nouvelles démarches de l'école

Les dernières évolutions du système éducatif encouragent le travail de l'oral. Voici quelques exemples des attentes institutionnelles et de la façon dont le concours d'éloquence du collège la Durantière s'y réfère.

  Les inducteurs institutionnels Le concours du collège la Durantière
Le DNB Le brevet prévoit une épreuve d'examen à l'oral notée sur 100. Les élèves qui participent au concours d'éloquence du collège acquièrent des compétences qui les prédisposent à réussir cet oral d'examen.
La spécialité HLP Le programme de la nouvelle spécialité “humanité, littérature et philosophie” au lycée s'ouvre en première par un chapitre d'un semestre sur les pouvoirs de la parole (l’art de la parole, l’autorité de la parole, et la séduction de la parole). Pour les élèves qui ont participé au concours d'éloquence, les attendus de cette spécialité auront été travaillés sur le pouvoir de la parole que procurent les effets de style et de posture.
L'oral de bac La réforme du lycée prévoit un grand oral de bac dont le rapport de Cyril Delhay, professeur d'art oratoire à Sciences Po Paris, dessine les contours en invitant à le penser comme “l'aboutissement d'un parcours commencé dès l'école primaire.” Le concours d'éloquence devient une étape de ce parcours.
Le rapport Delhay indique que l'oral et son enseignement doivent être un vecteur d'égalité sociale. Il s'agit de développer un enseignement destiné à tous les élèves qui ne doit en aucun cas être une pratique élitaire. Au collège la Durantière, tous les élèves sont invités à s'inscrire au concours d'éloquence, quel que soit leur niveau scolaire, ou leur classe (de la 6e à la 3e). Des élèves en situation de handicap, des élèves allophones, des élèves de SEGPA s'y inscrivent régulièrement.
Le rapport précise que l'oral doit accompagner l'enseignement de tous les savoirs. La dimension orale doit être développée hors des disciplines strictement littéraires. Il s'agit donc d'une réflexion qui se veut triplement générale, en visant un oral qui concerne : tous les élèves ; tous les niveaux ; et aussi toutes les disciplines. Les thèmes des discours sont choisis par les élèves et touchent à des domaines très variés (thèmes d'actualité, questions scolaires, expériences personnelles).
Le rapport insiste sur le fait que la dimension orale suppose une pédagogie qui permette la "prise de risque", la participation, l'exposition devant les autres, par une forme de bienveillance, de confiance. La soirée consacrée au concours d'éloquence est une épreuve qui n'est surmontable que par le fait que le public, composé de camarades de classe, de parents et d'enseignants, fait preuve d'une indulgence remarquable. Le discours introductif insiste tout particulièrement sur les risques que prennent les élèves à s'exposer ainsi au jugement du public, sur l'importance de leur travail préparatoire et sur le trac que ressentent les candidats.
Le rapport mentionne que le corps joue un rôle important qu'il faut considérer et apprendre à travailler. Lors des entraînements à l'oral, les élèves sont invités à travailler la posture, le regard, la gestuelle et la respiration.

S4C – Domaine 1
Le socle commun de connaissances de compétences et de culture invite dans le domaine 1 (des langages pour penser et communiquer) à conduire les élèves à parler, communiquer, argumenter à l'oral de façon claire et organisée ; à adapter son niveau de langue et son discours à la situation, à écouter et prendre en compte ses interlocuteurs. Les objectifs d'apprentissage du concours d'éloquence répondent précisément à cette commande du socle commun et sont déclinés dans la grille d'évaluation du jury.
Le socle demande également que l'élève s'exprime à l'écrit pour raconter, décrire, expliquer ou argumenter de façon claire et organisée. Il reprend ses écrits pour rechercher la formulation qui convient le mieux et préciser ses intentions et sa pensée. Il utilise à bon escient les principales règles grammaticales et orthographiques. Il emploie à l'écrit comme à l'oral un vocabulaire juste et précis (Domaine 1 - A). L'écrit qui soutient l'oral du concours est retravaillé longuement pour intégrer l'ensemble des contraintes imposées par le règlement. Ce travail s'effectue seul, à plusieurs et avec l'aide d'enseignants, d'assistants d'éducation et de parents. L'entraînement à l'oral donne lieu également à des réécritures pour renforcer les effets de style et pour que le candidat puisse l'incarner au mieux.
L'élève doit également concevoir et réaliser des productions verbales. Il s'exprime par des activités impliquant le corps. Il apprend ainsi le contrôle et la maîtrise de soi. (Domaine 1 – D). Le travail d'entraînement qui précède les prestations publiques est évidemment essentiel pour libérer les élèves d'un trac parfois très important. En plus des séances dans des salles de classe, les élèves peuvent s'entraîner au pupitre avec les micros tout l'après-midi qui précède la soirée du concours. A tour de rôle, ils présentent plusieurs fois leurs discours à la tribune.
S4C – Domaine 2 Le domaine 2 (les méthodes et outils pour apprendre) indique que l'élève doit savoir [...] préparer un exposé, prendre la parole, travailler à un projet, s'entraîner en choisissant les démarches adaptées aux objectifs d'apprentissage préalablement explicités. Le concours d'éloquence est une expérience qui permet de mettre au travail les compétences orales dans toutes leurs dimensions : construire un discours, le retravailler lors de séances d’entraînement, et le présenter en public de façon claire et convaincante.
La maîtrise des méthodes et outils pour apprendre […] favorise l'implication dans le travail commun, l'entraide et la coopération. L'élève se projette dans le temps, anticipe, planifie ses tâches. Il gère les étapes d'une production, écrite ou non, mémorise ce qui doit l'être. Il sait [...] accorder une importance particulière aux corrections. Le travail d'écriture puis d'entraînement à l'oral donne lieu à des séances collectives en salle multimédia notamment. Rapidement le lieu se transforme en « ruche » dans laquelle les uns écrivent, les autres déclament, et ceux qui les accompagnent (parents, enseignants, AED, camarades de classe) leur font des retours qui leur permettent de se corriger.
En outre l'élève [...] accepte la contradiction tout en défendant son point de vue, fait preuve de diplomatie, négocie et recherche un consensus. La question que le jury pose aux candidats après chaque discours pour éprouver leur répartie les oblige à faire preuve d'humour, à nuancer ou à compléter leur propos, tout en cherchant à s'attirer les faveurs du public.
Il apprend à gérer un projet, qu'il soit individuel ou collectif. Il en planifie les tâches, en fixe les étapes et évalue l'atteinte des objectifs. La gestion du projet dans la durée est une des principales difficultés de cet exercice. Une moitié environ de candidats préfère renoncer à cause de la quantité de travail qu'implique le concours le plus souvent. Ceux qui vont jusqu'au bout ont la satisfaction d'avoir su mener un projet qui suppose un fort engagement à son terme.
Enfin, l'élève sait mobiliser différents outils numériques pour créer des documents intégrant divers médias et les publier ou les transmettre, afin qu'ils soient consultables et utilisables par d'autres. Tous les discours sont écrits à l'ordinateur, les contraintes du règlement sont surlignées, et les textes sont archivés dans le réseau du collège pour que le jury puisse en prendre connaissance avant la soirée du concours, vérifier qu'ils remplissent toutes les conditions et préparer les questions posées aux candidats après leurs prestations.
S4C – Domaine 3 Le domaine 3 (la formation de la personne et du citoyen) insiste sur la responsabilité particulière de l'école dans la formation de l'élève en tant que personne et futur citoyen. Ce domaine fait appel à l'apprentissage et à l'expérience des principes qui garantissent la liberté de tous, comme la liberté de conscience et d'expression, la tolérance réciproque, l'égalité, notamment entre les hommes et les femmes, le refus des discriminations, l'affirmation de la capacité à juger et agir par soi-même. Ce domaine est mis en œuvre dans toutes les situations concrètes de la vie scolaire où connaissances et valeurs trouvent, en s'exerçant, les conditions d'un apprentissage permanent, qui procède par l'exemple, par l'appel à la sensibilité et à la conscience, par la mobilisation du vécu et par l'engagement de chacun. La liberté offerte aux élèves pour le choix des sujets est une preuve concrète de la liberté d'expression que leur garantit l'école. Elle les conduit à choisir le plus souvent de traiter de questions qui mobilisent leur sens de la justice et de l'égalité. Les discours visent à produire des effets émouvants ou amusants sur le public en recourant à des expériences personnelles.
En pratique, l'élève exprime ses sentiments et ses émotions en utilisant un vocabulaire précis. Il exploite ses facultés intellectuelles et physiques en ayant confiance en sa capacité à réussir et à progresser. Il fonde et défend ses jugements en s'appuyant sur sa réflexion et sur sa maîtrise de l'argumentation. Le concours oblige les élèves à s'efforcer de convaincre le jury en produisant une argumentation solide et un langage soutenu.
S4C – Domaine 5 Le domaine 5 (les représentations du monde et l'activité humaine) vise à développer des capacités d'imagination, de conception, d'action pour produire des objets, des services et des œuvres. Il permet en outre la formation du jugement et de la sensibilité esthétiques. [...] Pour la mise en œuvre, L'élève imagine, conçoit et réalise des productions de natures diverses. Pour cela, il met en œuvre des principes de conception et de fabrication d'objets ou les démarches et les techniques de création. Il mobilise son imagination et sa créativité au service d'un projet personnel ou collectif. Il développe son jugement, son goût, sa sensibilité, ses émotions esthétiques. Les discours écrits et présentés par les élèves sont de véritables chefs-d’œuvre au sens où ils y mettent beaucoup d'eux-mêmes. Les contraintes du règlement et l'aide qui leur est apportée leur permet de construire des discours très élaborés avec du vocabulaire difficile, des figures de styles, des citations d'auteurs célèbres, etc. Le plaisir qu'ils éprouvent à s'approprier du beau langage est une des raisons principales de l'engouement des élèves pour ce concours.
Le domaine 5 implique une réflexion sur soi et sur les autres, une ouverture à l'altérité, et contribue à la construction de la citoyenneté, en permettant à l'élève d'aborder de façon éclairée de grands débats du monde contemporain. Les discours portent des sujets très variés qui obligent les élèves à effectuer des recherches et à raisonner sur des questions d'actualité ou des grands débats : le racisme, le sexisme, les gilets jaunes, le handicap, l'égalité filles-garçons, etc.
Dans le cadre d'activités et de projets collectifs, l'élève prend sa place dans le groupe en étant attentif aux autres pour coopérer ou s'affronter dans un cadre réglementé. Le concours est une véritable compétition encadrée par des règles nombreuses et contraignantes. Mais les candidats se soutiennent mutuellement, aussi bien dans la préparation de l'épreuve que lors de leurs prestations pour dépasser collectivement le trac qui les envahit.

Précisons que si les élèves de l'éducation prioritaire peinent parfois plus que d'autres à produire une argumentation longue et articulée, à l'écrit comme à l'oral, disposent pour certains d'un vocabulaire un peu moins étendu que la moyenne des élèves de leur âge, et se sentent souvent peu familiers de la culture écrite, l'expérience indique qu'ils sont tous très sensibles à la force de la parole ou à la répartie dans l'échange. Cela se vérifie souvent en classe, qu'elle serve à enrôler dans le travail scolaire, à rappeler à l'ordre un élève ou à nourrir l'imaginaire. Il faut dire que certains élèves ont eux-mêmes une répartie incroyable. Les difficultés constatées et ce goût partagé pour l'art oratoire constituent des raisons essentielles de la mise en œuvre du concours d'éloquence au collège la Durantière et du succès qu'il rencontre.

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