De la piste aux étoiles aux frissons du micro, il n'y a qu'un saut de puce. L'école ouverte préconise un équilibre entre les types d'activités (physiques et orales) et une "pédagogie du détour", appliquée sur la partie
remise à niveau : la conception d'une émission de radio permet la mise en œuvre de compétences, travaillées à l'école, dans le champ des pratiques langagières. Tous les après-midi, des ateliers de pratique journalistique, complétés par des techniques de "lecture" des médias (images, écrits, paroles) sont proposés. En amont, les trois enseignants ont pris contact avec des médias locaux. En collaboration avec le Clemi (Centre de liaison de l'enseignement et des médias de l'information), ils souhaitent étendre les travaux des élèves à la lecture de la presse écrite, dans l'esprit de la Semaine de la presse. Cet apport théorique répond au besoin d'équilibre (corps-esprit) des activités. Les durées sont équitables, trois heures chacune. Ces sessions d'été sont organisées avec la volonté de mobiliser les apprentissages scolaires. Visant plus spécifiquement les élèves de CM2, ces connaissances doivent aussi permettre de combler certaines lacunes avant le passage en sixième. C'est l'enjeu de ce stage de remise à niveau. Avant de prendre le micro, les enfants choisissent les rubriques de leur émission du jeudi suivant. C'est un bon moyen de développer leur autonomie et leur choix critique : le cirque, bien sûr, sera sous les feux de la rampe, mais aussi des thématiques plus classiques (recettes de cuisine, blagues, sport) et également des focus sur leurs problématiques quotidiennes (l'égalité hommes-femmes dans les tâches ménagères, les loisirs durant les vacances). Chaque élève prend en charge le thème de son choix. De leur côté, les enseignants s'attachent à alterner les types et les durées d'activités : individuel, en groupes, à l'oral, à l'écrit... Avant l'enregistrement (les enregistreurs ont été prêtés par la radio locale partenaire), il faut rédiger les questions et prendre le stylo ! L'oral ne se formule pas correctement sans l'écrit. Les apprentis journalistes acceptent de se plier à cette étape préliminaire durant trente minutes environ, ce qui correspond à la durée moyenne de concentration pour un enfant de sept ans. Bénéficiant d'un tout petit groupe (six élèves), l'enseignante peut aider tout à loisir chacun des petits journalistes. Elle évoque avec satisfaction ce dispositif à effectif restreint, permettant une aide vraiment individuelle. Ce jour-là, le petit groupe est divisé en deux : les uns seront encadrés par Nicolas Quatrevaux, coordonnateur du Clemi, pour un regard ludique sur la presse écrite, les autres s'attelleront aux interviews radiophoniques. Sarah Gourfink rappelle l'importance de cette pédagogie du projet : cadencer des activités autour d'un projet commun (présenter en fin de semaine aux familles leurs numéros de cirque et émission radiophonique). Ainsi, acteurs et conscients de leur objectif, les enfants sortent de la passivité et montrent une réelle motivation. Pour l'occasion, cinq tables de la salle de classe ont été regroupées en un bloc central, au milieu duquel se place Lucie Prouteau, professeur d'école en CP, entourée de cinq enfants. Le petit groupe favorise le climat de confiance, la parole ouverte à tous, le face-à-face visuel. Chacun peut s'exprimer librement, sans lever la main. Il s'agit d'une autre organisation spatiale, d'autres règles, d'un autre rythme pour cette session d'été.
