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mis à jour le 23/10/2013


echanger dossier 8

Comment communiquer autour de ses projets ? Un enseignant décide d'explorer avec ses élèves une palette d'outils médiatiques. D'apprentis charpentiers, les jeunes deviennent journalistes radio, scénaristes et acteurs, portés par le souffle de l'Option découverte professionnelle (ODP).

mots clés : échanger, radio scolaire, découverte professionnelle, média, technologie


ous sommes en 2006, en terre mayennaise. Jimmy Prudhomme enseigne la technologie au collège de Craon, établissement rural de presque 350 élèves, le nez dans l'air du temps. Créatif et porteur de plusieurs projets (il vient de construire avec sa classe une maison bioclimatique avec Terres de vent), l'enseignant souhaite transmettre, médiatiser un tel travail. L'idée d'une exposition émerge et se concrétise en mai. Et pourquoi pas un film ?

De la construction à la conception sonore

Plusieurs mercredis après-midi extrascolaires sont consacrés à l'écriture et l'enregistrement des scènes. Au printemps, les reportages amateurs aboutissent. Filmées, et consultables sur les archives du site e-lyco du collège, ces productions laissent les élèves heureux de l'aventure. À l'issue de cette première expérience médiatique, leurs encadrants désirent aller plus loin. Comment communiquer sur ces projets ? L'été permet de méditer autour de cette question laissée en suspens. En septembre 2008, un nouvel outil de communication s'impose : la radio. Les enseignants de l'équipe sont néophytes, mais qu'importe. Au contraire. Leur appétit n'en est qu'aiguisé. Depuis 2005, on trouve dans les programmes officiels l'Option découverte professionnelle (ODP) pour les classes de troisième, laissant la part belle à toute une palette de métiers. Or, plutôt que de converger vers une pratique traditionnelle (visite des entreprises avoisinantes avec questionnaires et projection de diaporamas), l'équipe enseignante soumet au chef d'établissement la proposition suivante : cibler l'environnement professionnel des métiers médiatiques. Connaître les différents médias et outils de communication, visualiser l'organisation d'une chaîne de télévision et de radio, participer à la semaine de la Presse, visiter des imprimeries... et surtout, rendre compte de chacune de ces expériences au fil d'émissions radio concoctées dans l'enceinte même du collège. Exit la maison bioclimatique, vive la radio éclectique ! D'arrache-pied, l'équipe soumet son projet (voir annexe), rédige des dossiers explicatifs en vue de collecter les sommes nécessaires à l'achat du matériel sonore et d'enregistrement. Elle récolte l'adhésion et les subventions (deux mille euros en quatre ans) des partenaires suivants : inspection académique, rectorat, conseil général et département de la Mayenne, communauté de communes et mairie de Craon. Table de mixage, micros, enregistreurs, sono, casques, quelques tables et chaises dans un recoin au bout d'un couloir, l'affaire est lancée ! Judicieusement, un contrat technique s'engage avec des animateurs de la radio associative de Château-Gontier, L'Autre Radio. Sur les projets extérieurs, leur sont alloués un studio mobile et un intervenant technique. Celui-ci guide les professeurs vers la maîtrise de logiciels de montage du son (Audacity). Gratuites et facilement accessibles, ces nouvelles technologies captent l'attention des élèves qui, très vite, en maîtrisent le fonctionnement. Dès 2009, les premières émissions bourgeonnent.

L'immersion médiatique

Depuis ces trois années 2009-2012, il s'agit d'une vraie plongée médiatique, intense et fascinante. Suivez le mode d'emploi : en fin de quatrième, au mois de juin, l'option ODP "Communiquer, oui, mais comment ?" est proposée aux élèves, et transmise par voie écrite à tous les parents. On y apprend qu'il s'agit de découvrir l'environnement des métiers du journalisme, de la technique et des médias par le biais d'un panel impressionnant d'activités : voyage journalistique à Paris, participation à la semaine de la Presse, chroniques d'un festival de bande dessinée, organisation radiophonique d'Exposciences à Laval. De quoi susciter des candidatures ! Tant et si bien qu'au coupon-réponse que doivent retourner les familles avant mi-juin, s'ajoute une lettre de motivation des élèves, suivie d'un entretien face aux trois enseignants de technologie, documentation, et mathématiques. Il s'agit pour l'adolescent d'un premier travail d'écriture et de réflexion. Les critères retenus pour la sélection des candidats ont été réfléchis en amont : ponctualité de la restitution de la lettre, contenu argumenté, obtention d'un groupe mixte, homogène au niveau de l'envie, mais hétérogène du point de vue scolaire. En effet, l'un des objectifs est de "tirer vers le haut des élèves en difficulté, mais volontaires". Par conséquent, l'Option découverte professionnelle des médias se limite à quinze places. C'est un choix de l'équipe, en accord avec le nouveau principal du collège, Damien Beaufils. Le studio radio est exigu, les micros limités à quatre, et surtout, la répartition individualisée des tâches nécessite un groupe restreint. En termes d'emploi du temps, trois heures du mardi après-midi sont réservées, dans cette classe de troisième. Pour parvenir à vingt-cinq élèves, les dix autres sont ceux qui n'ont pas choisi l'option latin, placée sur ce même créneau horaire. Concrètement, les enseignants de technologie et de mathématiques œuvrent de manière bicéphale, soit au studio radio, soit au CDI (Centre de documentation et d'information). La nouvelle professeure-documentaliste, Bérangère Chéné, les y accueille depuis 2009 et participe pleinement au projet : fiches presse, historique de la radio, vérification de la syntaxe des documents élèves ; parce qu'oralité rime aussi avec grammaticalité, avant toute plongée radiophonique.

Acteur d'un festival BD, micro à la main

Dès septembre, la première émission radio est en ligne de mire avec le festival BD au pays de Château-Gontier, début octobre. Cette agglomération se situe à une vingtaine de kilomètres du collège, il est donc aisé d'organiser le déplacement sur place. Immédiatement, les élèves doivent s'emparer des bandes dessinées au programme. En trois semaines, armés d'une fiche-questionnaire, ils entrent en contact avec ce neuvième art. Chacun doit produire une critique d'œuvre, ainsi qu'une interview de l'auteur durant le festival. Le ludique éducatif n'est pas en reste, puisque les collégiens concoctent des quiz radiophoniques (voir annexe) sur le vocabulaire BD et ses métiers : scénariste, coloriste, éditeur, dessinateur et infographiste. L'option professionnelle ne s'arrête pas là, car, comme ils le disent, les collégiens doivent "préparer en amont un jingle pour présenter le festival, faire l'accueil du public, distribuer les programmes, réaliser plusieurs émissions radio in situ grâce au studio mobile". De quoi paniquer lorsque l'on a quinze ans, mais le cadrage et l'organisation des enseignants rassurent les plus timorés (voir annexe).

Une accroche parisienne

Ensuite, en novembre, les élèves partent pour un voyage de trois jours à Paris. Le mardi, ils assistent à l'émission radio de Michel Drucker "Faites entrer l'invité", puis à l'enregistrement télévisuel de "On n'demande qu'à en rire" de Laurent Ruquier. Ces deux programmes grand public recueillent l'adhésion des jeunes. Même s'ils font miroiter des paillettes, ils permettent d'entrer dans la réalité des coulisses. Le mercredi, ils visualisent "Le Petit Journal", avant la visite des locaux du journal de France 2, pendant le direct en régie. Surtout, le but affiché, outre la cohésion dynamique du groupe dès l'automne, consiste en la découverte des diverses professions à l'œuvre : animateur, présentateur, journaliste, rédacteur en chef, correspondant, mais aussi infographiste, cameraman, technicien son et lumière, maquilleur, perchiste, chauffeur de salle... Au fur et à mesure de l'énumération, les yeux s'écarquillent, plusieurs vies possibles défilent - qui sait ? - dans l'esprit de ces jeunes en quête d'avenir. L'Option découverte professionnelle se réalise en face à face, et non par brassage de fiches papier, toujours un peu impersonnelles, le temps d'un cours sur l'orientation en classe. À l'issue de chaque visite parisienne, les enseignants organisent un temps de synthèse écrite et de discussion.

Profession : animateur radio...

De retour au collège, les professeurs constatent l'enthousiasme et le professionnalisme accru des quinze jeunes. C'est un plus, car d'autres échéances les attendent. En janvier, à Craon, ils doivent gérer, concevoir et mettre en œuvre la communication du forum "À la découverte des métiers", puis celle de la grande fête du monde scientifique "Exposciences" en mars, à Laval : contacts téléphoniques avec les entrepreneurs, débats en direct, interviews des invités, montage, planning de diffusion... chacun se répartit les rôles. Nul besoin de rappeler quiconque à sa responsabilité, la non-préparation à la radio se solde par un échec dissuasif. L'autonomie des élèves s'accroît de manière considérable ; ce sont eux qui gèrent micros, table de mixage, jingles, musiques et reportages divers. La gestion du temps s'affine également. Lorsque Martin, quinze ans, interroge l'astronaute Romain Charles, la maîtrise du langage s'impose ! Puis, sonne l'heure de la participation aux classes Presse, en lien avec le Centre de liaison de l'enseignement et des médias d'information (Clemi). Dans ce cadre, la classe rencontre des journalistes, étudie la portée de l'image, rédige des articles en binômes. Point d'orgue, ils partent à la découverte noctambule de l'imprimerie Ouest France à Rennes ; l'occasion d'appréhender encore une foule de métiers. Dans la suite logique, les élèves confrontent cette visite à celle d'une imprimerie locale tournée vers la fabrication d'affiches publicitaires.



... ou technicien : éclairagiste ? Électricien ?

Pour autant, l'orientation vers d'autres professions industrielles et tertiaires n'est pas écartée, permettant à chacun de ces jeunes de réfléchir à son cursus personnel, au-delà du seul vecteur médiatique. Systématiquement, ils réalisent des fiches-métiers qu'ils sont ensuite chargés de mettre en scène, lors d'un exposé filmé d'une dizaine de minutes. Pour les enseignants, cette représentation doit mettre en lumière la maîtrise acquise à l'oral en cette fin d'année scolaire. Les contraintes sont multiples : vêtements professionnels, outils et démonstration pratique, définition du métier, diplômes, salaire, contraintes et atouts, dialogue interactif avec le public, dynamisme et gestualité. On voit ainsi débarquer un pseudo-électricien en combinaison grise, explicitant la sécurité liée à cette tenue, exhibant une lampe-torche en détaillant le circuit électrique, associant un élève surpris à sa démonstration, et prétextant joyeusement un rendez-vous avec un client pour mettre fin, de mots de maître, à son exposé ! S'ensuit un florilège de questions, émanant tant des élèves que du professeur encadrant. La vidéo est conservée pour être retravaillée en classe. Parallèlement, les adolescents recueillent la matière nécessaire à leurs propres productions radiophoniques et, comme ils s'y sont engagés, produisent une émission mensuelle. Celle-ci est podcastable sur l'antenne de L'Autre Radio castrogontérienne, un moyen confortable pour permettre à toutes les familles et partenaires d'écouter les créations sonores. Une manière également de réajuster le mardi suivant l'analyse de sa diction, correction grammaticale, audibilité, vivacité. À cette fin, plusieurs fiches outils sont réalisées, et utilisées par les élèves en autoévaluation (voir annexe).

Volney School Radio

La transversalité de ce projet s'est révélée fructueuse. Au fil du temps, d'autres collègues s'y sont associés de façon ponctuelle ou sur une plus longue durée : le professeur d'éducation musicale œuvre pour créer les jingles en compagnie des adolescents, celui de dessin imagine un logo coloré. La professeure d'anglais nourrit ses cours, de la sixième à la troisième, autour de l'outil radio. Au palier 1 du socle commun, s'inscrit la compétence d'expression orale en continu. Au palier 2, l'élève "doit pouvoir décrire, expliquer, argumenter". Ainsi, un travail particulier s'effectue autour du logiciel sonore "A capela" : celui-ci permet, à partir d'une phrase type, d'entendre sa prononciation selon les différents accents anglophones. Avec plaisir, les élèves s'entraînent en diction et choisissent de traiter leur émission radio en version écossaise, américaine, anglaise, ou pourquoi pas, avec l'intonation de Queen Elisabeth ! Et les voici devenus présentateurs du bulletin météorologique, ou chroniqueurs sportifs, sur l'antenne. À l'heure du petit déjeuner, concocté en accord avec l'équipe des cuisines, c'est l'ensemble du collège qui doit s'exprimer made in USA pour savourer muffins et pancakes ; la règle est simple et attractive : quiconque ne s'exprimera pas en anglais se verra refuser le plateau fumant et appétissant ! Il faut dire que l'une des aide-cuisiniers, associée de facto au projet, a elle-même travaillé à Guernesey. Zelia Malhaire, enseignante d'anglais, se félicite de ce vecteur d'apprentissage. Cela donne vraiment un sens à la prononciation, pour être réellement compris par les auditeurs. Les élèves prennent le travail à cœur, c'est une plus-value certaine.

Kaléidoscope sonore

Au final, lorsque l'on interroge les multiples acteurs de ce projet foisonnant, chacun s'enthousiasme. Voix des collégiens : "on s'exprime mieux, ça nous a ouvert les yeux sur des métiers inconnus" ; voix de la professeure-documentaliste "rien de tel pour mettre un pied dans l'établissement, guider et valoriser les élèves". Voix des créateurs du projet : "la radio, c'est juste un outil performant. Sa force, c'est son paradoxe, car, derrière la vitrine orale, elle oblige à maîtriser l'écrit". Lucidité, autoévaluation et perspectives professionnelles, l'option découverte des métiers médiatiques remplit ses engagements. Dès 2006, la machine à remonter le temps fixait déjà le cadran sur 2013, casque à l'oreille et micros ouverts.
 
auteur(s) :

C. Coquereau

contributeur(s) :

J. Prudhomme, B. Chéné, Z. Malhaire, O. Duval, Collège Volney, Craon [53]

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