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vive la France !

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Professeur des écoles maître formateur (PEMF), Stéphane Braud est depuis très longtemps impliqué dans toutes les actions de l’école. Spécialiste du cycle 2, il est passionné par l’exploitation pédagogique des albums. Associant ces deux compétences, il a souhaité mener avec ses élèves une réflexion sur la citoyenneté par le truchement d’albums.
Autour d’une séquence qu’il a intitulée "Vive la France !", il propose donc à ses élèves de CP et de CE1 un panel de soixante albums autour de la question de la laïcité. L’objectif est d’inviter à lire tout en se questionnant sur les valeurs républicaines. Ce projet a trouvé son origine dans l’étude de l’ouvrage Vive la France ! de T. Lenain, et D. Durand (Nathan, collection Premiers romans). Sur une séquence, l’album est étudié : hypothèses de lecture, débat interprétatif, lecture d’images, affiches, saynètes. Ce livre rejoint un axe du projet d'école ("vivre la différence et se respecter par la médiation scolaire ") parce qu’il permet, entre autres, d’aborder en classe les différences, la tolérance, les inégalités.

Mais S. Braud a prolongé cette réflexion liminaire en organisant un comité de lecture dans sa classe autour d’une mise en réseau d’albums interrogeant les valeurs républicaines. Chaque élève choisit un album puis, après l’avoir lu, le présente à sa classe, avec suffisamment d’enthousiasme et de conviction pour inciter les autres élèves à emprunter l’album pour le lire. Cependant, l’élève n’a pas le droit de raconter l’histoire ; tout au plus peut-il, à partir d’une fiche synthétique-type, évoquer la situation initiale et l’événement perturbateur, présenter l’illustration qu’il préfère, indiquer le titre qu’il aurait proposé et proposer une image mentale d’un épisode du récit.

Ainsi, sur la durée de la séquence, le vendredi matin, les élèves choisissent l’album qu’ils liront au cours du week-end. Le mardi matin suivant, un mini-comité de lecture trouve sa place en classe : à tour de rôle, quelques élèves présentent succinctement leur album. Cette présentation est suivie d’un mini-débat au cours duquel les élèves sont invités à travailler le langage oral en ayant notamment recours à un vocabulaire précis, adapté. "C’est vrai, ils ne sont qu’en cycle 2, mais les débats sont riches", reconnaît S. Braud, "ils ont des arguments !"
S. Braud a volontairement construit sa palette d’albums de façon à ce qu’un lien puisse être aisément fait avec d’autres dispositifs de l’école : par exemple la médiation scolaire, une sensibilisation à la question du harcèlement et une réflexion sur les quatre émotions (la joie, la peur, la colère et la tristesse).

Cet ambitieux projet de lecture d’albums permet une entrée par la littérature pour susciter un cheminement cognitif vers les valeurs de la République. (insérer à côté de ce paragraphe la photo : "Réflexions sur les symboles de la République"). Et l’on retrouve en bonne place l’article neuf de la Charte de la laïcité : "La laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations, garantit l’égalité entre les filles et les garçons et repose sur une culture du respect et de la compréhension de l’autre". Cette mise en réseau d’albums permet de faire entrer dans la classe une réflexion sur les sujets rejoignant l’actualité des élèves : lutter contre les stéréotypes, contre les inégalités, contre les discriminations. Les élèves travaillent successivement des compétences langagières, ainsi que des compétences de lecteurs.
Développer des réflexions personnelles qui deviennent collectives, combattre la méconnaissance, interroger des fictions pour mieux appréhender la réalité, constituent les principales finalités de cette séquence, destinée à développer le goût pour la lecture. "Les élèves savent qu’ils lisent pour venir présenter les intérêts de leur album. Ils sont enthousiastes à cette idée, et n’ont pas l’impression de le faire pour moi", ajoute S. Braud.
Par ailleurs, parce qu’il est offert à chacun de pouvoir emporter l’album choisi à la maison, la lecture d’albums agrémente les week-ends des élèves. Et cette lecture à la maison peut donner aux parents le goût de feuilleter l’album avec leur enfant. "J’ai rencontré il y a quelques jours, un papa qui m’a dit qu’il était très content d’avoir découvert un album avec son fils" précise S. Braud, visiblement satisfait d’avoir pu provoquer un moment de complicité dans une famille.

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