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vivre en deux langues

mis à jour le 29/06/2010


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Pour se parler, se comprendre, se connaître, quoi de mieux que de vivre ensemble, de faire ensemble quelque chose de motivant ? C'est ainsi que de jeunes collégiens, français et allemands, ont partagé une semaine intense à Camaret et fait vivre de manière intensive les deux langues.

mots clés : stage linguistique, langues étrangères, apprentissage des langues, correspondance scolaire, bilinguisme, stage bilingue


Conquise par une expérience antérieure, Corinne Letourneau a proposé à ses vingt élèves germanistes de quatrième et troisième de rencontrer leurs correspondants, non pas en Allemagne, chez eux à Bad Nauheim, mais à Camaret-sur-Mer, dans le Finistère. La première fois, elle n'avait pas eu le choix : elle enseignait dans un établissement Ambition Réussite dont la plupart des familles ne pouvaient, pour des raisons matérielles, recevoir leurs correspondants. Elle avait cherché une alternative et trouvé, grâce à une circulaire du rectorat et à l'Ofaj (Office franco-allemand pour la jeunesse), cette possibilité de classe transplantée européenne : les correspondants se retrouvent en un tiers lieu pour pratiquer ensemble des activités de classe de mer. L'expérience l'a convaincue, bien plus que beaucoup de séjours classiques, souvent très touristiques et où les jeunes, logés en petits groupes, parlent le français plus que l'allemand, et souvent aussi dans la journée, quand ils se retrouvent entre eux. Le dispositif de la rencontre est ici conçu de manière à amener chaque jeune à pratiquer l'autre langue de manière intensive, c'est l'objectif premier. L'encadrement est bilingue : Johanna, la responsable du club Léo-Lagrange, qui organise ces classes de mer européennes de l'école au lycée, est allemande et parle très bien le français (elle vit en France depuis de nombreuses années). Tous les encadrants, moniteurs sportifs et animateurs diplômés, sont ainsi bilingues. Ces classes croisent en effet trois objectifs : une pratique linguistique intensive, l'acquisition de connaissances sur l'environnement naturel, culturel et socioprofessionnel local et enfin, à travers le partage de la vie quotidienne, la prise de conscience des différences culturelles, avec leurs difficultés et leurs richesses. Toutes les activités de la semaine sont conçues de manière à ce que chaque élève se retrouve en situation quasi constante de lire, parler, entendre sa langue seconde, dans des activités motivantes.

Un journal bilingue

Les jeunes Allemands ont fait étape auMans et, après avoir passé la première partie du week-end dans les familles de leurs correspondants, ils sont repartis le dimanche pour le port du Finistère, en même temps que les jeunes Français. Dès ce premier soir, un grand jeu bilingue a mis tous les élèves en situation de communication. Chacun reçoit un papier dans la langue qui n'est pas la sienne. L'indication qui est portée sur cette fiche : Il sait marcher sur les mains, par exemple, doit lui permettre de trouver de quel jeune de l'autre groupe il est question. Pour identifier leur futur partenaire, les jeunes Français, par exemple, vont très naturellement demander de l'aide aux Allemands, seuls capables de les mettre sur la bonne piste. À l'issue de cette première activité, tous les jeunes ont déjà tous lu, parlé, écouté dans les deux langues. Ils ont aussi commencé à faire connaissance. Ils se choisissent alors un binôme avec qui ils vont travailler à la rédaction du journal (bilingue bien sûr) du séjour. Chaque binôme choisit un thème (la Bretagne, les crêpes, la voile...) sur lequel chacun va écrire un article, dans la langue qui n'est pas la sienne. L'entraide est de rigueur, les recherches se font en commun, les améliorations successives du texte aussi. Une assistante allemande, une stagiaire qui se destine à l'enseignement du français, les a accompagnés dans ce travail (voir annexe). Ce journal, destiné à être diffusé auprès des familles, et qui restera comme objet souvenir, demande un travail important aux élèves : il faut qu'ils contribuent du mieux possible à la réussite collective. Ils doivent informer de manière exacte et si possible originale et attrayante, mais aussi penser à l'illustration, à la mise en pages. Ce travail exige une collaboration entre les deux rédacteurs qui passe bien sûr par des échanges nombreux autour du vocabulaire lié au domaine traité par l'article, mais aussi sur tout le travail annexe : réalisation et choix de l'illustration, du schéma, du dessin, formulation du titre... Cette activité menée tout au long de la semaine sur des plages horaires tournantes est souvent à l'origine de relations solides entre les jeunes qui ont vraiment réalisé ensemble quelque chose. Dans la durée.


Vivre en deux langues

Les correspondants sont répartis en trois sous-groupes pour les activités. Par exemple, pendant qu'un groupe pratique la voile sur un deux-mâts pouvant accueillir jusqu'à quatorze jeunes, un deuxième groupe travaille pour le journal, pendant que les autres font un rallye-découverte de Camaret. Toutes ces activités visent d'abord la rencontre, elles sont vécues dans les deux langues. Le moniteur maîtrise l'enseignement en allemand et en français ; il emploie tantôt l'une, tantôt l'autre langue, traduit parfois, mais pas toujours. Pour tenir sa place à la manœuvre, il faut comprendre non seulement ce qu'on a à faire, mais aussi ce que les autres font et, souvent, se mettre d'accord à deux ou trois pour réaliser une tâche au bon moment et dans les délais les plus brefs. Pour le rallye, c'est la même chose. Les questions portent sur l'histoire de la ville, l'activité des pêcheurs, les faits culturels marquants. Les questions, consignes, jeux, sont pour moitié en français et pour les autres en allemand. Donc, pour réussir, il faut que tout le monde s'y mette: en français, en allemand, on échange les idées, les solutions, on se répartit les rôles... Les réponses sont écrites en français et en allemand. Une récompense annoncée pour le groupe qui aura obtenu le plus grand nombre de réponses exactes amène à une émulation stimulante. La règle est : toujours en groupe bilingue, parfois en tandem. Les groupes se constituent par affinité, pas nécessairement en conservant les binômes du journal. Par exemple, après la sortie pêche à pied, les jeunes réalisent plusieurs aquariums et aussi, dans le prolongement, des panneaux sur les animaux marins de leur choix. Pour certaines de ces activités, les jeunes reçoivent chacun des documents-ressources: textes, vocabulaire, schémas, photographies... à partir desquels ils peuvent préparer un exposé oral sur le principe du speed-dating, c'est-à-dire en temps très contraint, ou un travail écrit rapide ou plus construit.

La convivialité ou le partage de la langue

Chacun peut trouver, au fil de la semaine, le thème ou l'activité qui lui plaît et va l'amener à s'impliquer davantage. Le rythme est soutenu, avec des configurations variées, des animateurs différents. Aux animations linguistiques, directement centrées sur l'acquisition de vocabulaire et de tournures idiomatiques, succèdent la voile ou la randonnée, puis la rédaction du journal. Parfois, ce sont les moments de liberté (le temps libre de fin d'après-midi était l'occasion d'aller renouveler les réserves de bonbons et on pouvait voir principalement des groupes franco-
allemands) ou les soirées conviviales qui vont déclencher la participation. Ainsi, le grand jeu des équipes du deuxième soir qui fonctionne sur une entraide dans des jeux bilingues (sur le même principe que le rallye) ou la soirée crêpes qui amène les Français à demander aux Allemand(e)s ce qu'ils/elles veulent comme garniture, à confectionner cette garniture - il est facile de voir ainsi si on a tout compris !... Pour les danses bretonnes, Johanna donne les explications en français et en allemand. Bien que très codifiées, ces danses amènent à des contacts nouveaux, pas toujours faciles à cet âge. Bientôt, la séparation en groupes nationaux, observée le premier soir, à table, éclate: les repas deviennent aussi des moments de mélanges et d'échanges informels. La boum finale, entièrement gérée par les jeunes, est l'occasion de vérifier que les rapprochements binationaux, ça marche...

Avant/après : Y'a pas photo

Avant le séjour à Camaret, Yvan était de ces élèves qui disaient volontiers que l'allemand ne les intéressait pas ; il ne travaillait pas, ne participait pas au cours. Mais Yvan aime parler, il a le sens et le goût du contact. À Camaret, dès le premier soir, il s'est lancé, plus facilement que des élèves scolairement bien meilleurs en allemand que lui. Pendant la semaine, il a rentabilisé au maximum son atout charme auprès des jeunes Allemandes: il a beaucoup parlé (baratiné peut-être). Il a été des plus actifs sur tous les fronts. Et au retour, sa belle ardeur ne s'est pas démentie : il participe, il travaille... Ses résultats explosent. Sans être toujours aussi spectaculaires, les changements sont sensibles; beaucoup ont vécu des situations qui leur ont fait comprendre ce que c'est que communiquer en vrai et ils gardent le bénéfice du vocabulaire plus quotidien, d'expressions typiques, d'un usage décomplexé, plus spontané de la langue (voir annexe). Ils gardent d'ailleurs, pour certains, contact par téléphone ou par messagerie avec un ou plusieurs jeunes Allemands qui leur ont parfois même proposé d'être accueillis en Allemagne cet été...
 
auteur(s) :

M. Coupry

contributeur(s) :

C. Letourneau, D. Melun, Collège Maroc-Huchepie - Le  Mans [72]

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information(s) technique(s) : pdf

taille : 160 Ko ;

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