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les 24 heures de la maternelle

mis à jour le 07/03/2013


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Les 22 et 23 novembre 2012, la première édition des "24h de la maternelle" sur la thématique "Jouer ? Est-ce bien raisonnable ?" s'est déroulée dans toutes les classes maternelles des écoles publiques de la Sarthe.

mots clés : jeux, maternelle, école


Les 22 et 23 novembre derniers, s'est déroulée dans la Sarthe la première édition des "24 heures de la maternelle".
Pilotée par Madame Oger, inspectrice en charge de l'école préélémentaire, cette manifestation avait pour objectif d'engager durablement les enseignants dans une réflexion sur le thème du jeu. "Jouer, est-ce bien raisonnable ?", tel est l'axe de réflexion qui a été développé pendant ces deux journées.
Un thème choisi pour sa transversalité : le jeu est inscrit dans les programmes de maternelle, mais c'est aussi un vecteur précieux pour développer le langage (priorité départementale), comme pour aborder la notion du "devenir élève" de ces jeunes enfants. Le jeu occupe l'univers enfantin, il n'est pas réservé à l'école.
Toutefois, dans le cadre scolaire, la différence est bel et bien l'objectif poursuivi par l'enseignant. Comment sont organisés les coins-jeux dans les classes ? Quand et comment sont-ils utilisés ? Quels apprentissages peuvent se faire à travers les jeux ? Selon quel rythme ? Quelques questions parmi d'autres qui interrogent les enjeux du jeu et qui ont été soulevées lors de la manifestation organisée autour de conférences et d'actions dans les écoles.
Le jeu dans toutes ses dimensions a en effet fait l'objet, en amont, d'un travail avec tous les groupes départementaux ; des formations ont eu lieu dans certaines circonscriptions. Les écoles participantes avaient pour mission d'organiser une fête du jeu du jeudi midi au vendredi midi. Trois pistes de réflexion étaient proposées : le jeu comme vecteur d'apprentissage, le jeu pour développer la confiance en soi, le jeu pour favoriser le lien avec les familles.
Le jeudi matin, deux conférences ont ouvert la manifestation : Quelques éléments pour combattre les contresens à propos du devenir élève, par Madame Viviane Bouysse, inspectrice générale de l'Éducation nationale, et Du jeu déjà là au jeu pédagogique par Madame Catherine Valiant, formatrice à l'IUFM de Paris, qui est ensuite allée dans quelques établissements pour animer des ateliers. Une troisième conférence a clos ces 24 heures, le vendredi après-midi : Jouer pour devenir grand par Madame Liliane Bellion, médecin de l'Éducation nationale. Du côté des écoles, les équipes pédagogiques ont eu toute liberté pour organiser la manifestation ; il s'est agi d'investir les activités ludiques et les lieux de manière variée, et différente dans chaque établissement.
 

Trois exemples d'actions mises en place dans les écoles


À l'école Maryse-Bastié
(Éclair 1), l'idée principale était de faire entrer les parents dans l'école autour d'activités habituelles, mais en expliquant l'objectif pédagogique du jeu. C'était aussi un moyen de montrer en action l'intérêt de la nouvelle structure des classes, toutes multi-âges. Treize ateliers ont été mis en place, autour de jeux de construction, de motricité, de langage... Les parents ont répondu présents ; un effort pour ces familles qui ont parfois rompu le lien avec l'école ou ne considèrent pas la maternelle comme un lieu d'apprentissage. Chaque parent prenait en charge un petit groupe d'enfants qu'il faisait passer d'un atelier à un autre, avec le rôle de maître du jeu. Les trois enseignantes géraient la coordination d'ensemble. Réconcilier les parents avec l'institution scolaire est un élément fondamental pour désinhiber les peurs de certains enfants. À l'issue des ateliers, le regroupement a permis de dialoguer, d'amorcer un réel échange avec les parents autour d'une expérience commune.

L'école Eugénie-Cotton (Éclair) est particulière, car elle bénéficie de la présence d'un CLAE (centre de loisirs associé à l'école) en partenariat avec les Francas 2. Des projets pédagogiques sont menés avec les animatrices du centre de loisirs. Pour les "24heures de la maternelle", la présence de tous les membres de la structure (enseignants, atsem 3, animatrices, bénévoles des Francas et de l'association Lire et faire lire 4) a permis de concevoir huit ateliers. Les parents volontaires prenaient en charge un groupe d'enfants et découvraient avec lui un atelier de vingt minutes environ. Un circuit permettait aux groupes de réaliser tous les ateliers dans la demi-journée. Chaque atelier était conçu de manière à ce que le parent puisse participer au même titre que les enfants. Voir les parents réaliser le parcours de motricité a été un moment jubilatoire pour les petits. Découvrir les activités des enfants, les voir évoluer dans leur cadre scolaire, rencontrer tous les acteurs de la structure et identifier le rôle de chacun, tels étaient les objectifs définis par l'école. Dans le cadre de la manifestation, il a été également décidé de lancer des ateliers innovants qui se poursuivront, évolueront, et s'enrichiront des apprentissages tout au long de l'année : le coin eau et le coin cuisine (décor réalisé à taille d'enfant). D'autres ateliers, installés pour l'occasion, ont aussi créé la surprise : la lecture Kamishibaï (qui crée une réelle interaction verbale avec les enfants au fil de l'histoire racontée sous forme de petit théâtre), l'atelier "cinq sens". Dans cette école, on souhaitait que cette manifestation soit l'occasion pour les parents de retrouver le lien avec leurs enfants, et de montrer combien le jeu favorise le développement du langage. En gagnant la confiance des parents, on peut aussi leur faire prendre conscience du travail mené à l'école.

À l'école Pauline-Kergomard
, la réflexion autour du jeu était depuis quelque temps au centre des préoccupations. Un psychologue a suivi pendant un an les enseignants dans les différentes classes. De cette observation bienveillante est née une remise en question des pratiques. Il a été mis au jour que certaines activités routinières ne faisaient pas sens auprès des enfants, voire anticipaient leur rythme ou leur capacité d'apprentissage. Dans cette perspective, il fallait revoir la place attribuée au jeu en revenant aux fondamentaux, en se repositionnant par rapport au jeune enfant, considéré trop tôt comme un élève. Les activités d'apprentissage déguisées en jeux avaient remplacé le jeu plaisir. Alors, afin de remettre au centre le jeu, pour construire progressivement le langage et la motricité, par exemple, on a ressorti les jeux d'eau, de transvasement, de pâte à modeler, à sel... On a aussi repensé les coins-jeux pour les développer intelligemment en donnant aux enfants la possibilité de les investir régulièrement dans la journée. Corollairement, on a revu l'autorisation des déplacements, plus fluides, dans cette nouvelle géographie de la classe. De cette expérience, s'est dégagé le constat que l'enfant est considéré trop tôt comme un élève. Or, pour le devenir, il doit aussi être perçu par l'enseignant comme "l'enfant au sein de sa famille", sans dichotomie entre la vie scolaire et la vie familiale. Cette prise de conscience permet d'envisager autrement le pont à établir entre les familles et l'école, essentiel pour aider l'enfant à se situer dans l'institution. La manifestation des "24heures de la maternelle" est donc arrivée opportunément pour rencontrer les parents autour d'une pratique commune aux cadres familial et scolaire, le jeu. Le jeudi après-midi avec les enfants de grande section et le vendredi matin avec ceux de petite et moyenne sections, les parents sont venus jouer. Les jeux de société étaient à l'honneur, ceux de l'école, d'autres prêtés par la ludothèque du Mans, d'autres encore apportés par les familles. Le plaisir a été manifeste, les références des jeux ont circulé entre parents. L'idée pour la directrice est que si l'école valide le jeu plaisir, les familles peuvent alors se le réapproprier. Pour favoriser les liens intergénérationnels, pour montrer la relation d'aide et d'échange que le jeu instaure entre petits et grands, les enseignants ont organisé une grande rencontre jeux, le jeudi soir après l'école. Les familles sont venues, mais aussi des assistantes maternelles, des grands-parents, des frères et sœurs, les enfants de l'accueil périscolaire et leurs animateurs. L'occasion de montrer que le jeu peut permettre de faire comprendre au jeune enfant qu'il faut respecter des règles, qu'il faut coopérer, que l'altérité existe. Le projet de reconduire une rencontre par trimestre autour du jeu et avec les parents est programmé.

Les défis

En parallèle de la manifestation, chaque école a eu la possibilité de s'inscrire à un défi : l'aménagement d'un nouveau coin-jeu.

À l'école Maryse-Bastié, lors d'un atelier de ces 24heures exceptionnelles, les jeunes enfants ont aménagé un nouveau coin docteur, de la salle d'attente au bureau médical, en passant par la table d'auscultation et la pharmacie. Les enseignantes avaient déposé du matériel et des objets multiples. Les enfants ont organisé l'espace et choisi la place des objets. Ce bureau médical a immédiatement été ouvert par les groupes suivants à une série de consultations. Associé au jeu Docteur Maboul pour apprendre à nommer les parties du corps, les simulations de visites médicales permettent de mettre des mots sur les maux et les peurs associées.

À l'école Eugénie-Cotton, c'est le coin poupée et le coin cuisine (à travers la construction d'un décor de cuisine à taille d'enfant) qui ont été privilégiés. La maison de poupée en bois, vide, va devoir être décorée puis habitée. Mais combien y a-t-il de membres dans la famille, quelles générations ? Alors combien de chambres ? Et où va-t-on placer les fenêtres ? Pourquoi ? Autant de questions qui favorisent la réflexion, le repérage dans l'espace, le langage. Une fois la maison achevée, les enfants vont créer une fiche pour présenter leur maison. Puis ils la videront et la passeront à une autre classe en leur lançant un nouveau défi : à l'aide de notre fiche, et avant de construire votre propre maison, saurez-vous reconstruire la nôtre ?

Ces 24heures ont ouvert une réelle réflexion sur le jeu, que chaque école a mis en scène à sa manière, autour de jeux simples, autour de coins innovants, mais avec un enjeu de taille, celui d'une nouvelle forme de rencontre avec les familles et, à travers elle, un regard affiné posé sur l'enfant en devenir d'élève.

Texte rédigé par Nathalie Le Rouge à partir d'échanges avec Madame Oger, inspectrice en charge du préélémentaire, Madame Harbach, directrice de l'école Maryse-Bastié, Madame Marais, directrice de l'école Pauline-Kergomard, Madame Ménissez, directrice de l'école Eugénie-Cotton.

1. (Le programme des) Écoles, collèges et lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite.
2. Mouvement d'éducation populaire, la Fédération nationale des Francas est une association complémentaire de l'école, reconnue d'utilité publique et agréée par les ministères de l'Éducation nationale, et de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative.
3. Agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles
4. http://www.lireetfairelire.org/content/qui-sommes-nous
 

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information(s) technique(s) : pdf

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