Dans un premier temps, il s'agissait d'enquêter auprès des entreprises locales pour connaître leurs besoins en recrutement de personnel à court et moyen terme et de vérifier également la pertinence des formations offertes par le lycée professionnel P. et M. Curie. Dans ce cadre, MM. Froissard et Pentecouteau (enseignants) ont rencontré les directeurs, responsables de site ou DRH de sept entreprises (SNERO, Tecmeto, Arfeo, Mécachrome, Joint Français, ATS, SM3D).

L'ensemble des entreprises a pointé sa difficulté à trouver des techniciens. Elles ont insisté sur le fait qu'elles étaient obligées de retarder le départ à la retraite de leurs salariés pour se donner le temps de trouver des solutions ("de nombreux départs dans les prochaines années"). Certaines sont obligées de recruter des personnels issus d'autres métiers (artisanat, agriculture...) et qui doivent être formés à l'interne. L'une d'entre elles a même mis en place une cellule d'embauche d'intérimaires sur le site pour palier les difficultés de trouver des personnes qualifiées. Les obstacles que rencontre le lycée pour inscrire des élèves dans les filières industrielles rejaillissent sur les difficultés des entreprises : notre problème est aussi le leur.
Les deux enseignants ont ensuite posé la question de l'existence de ces deux baccalauréats professionnels en bureau d'études (Étude et Définition des Produits Industriels) et fabrication (Technicien d'Usinage) et du travail engagé depuis plusieurs années pour permettre aux élèves de chacune de ces deux sections de connaître le métier de l'autre. Pour la plupart des responsables d'entreprises rencontrés, il est indispensable de décloisonner la conception et la production: les techniciens en bureau d'études ont besoin de connaître les moyens de fabrication pour optimiser les coûts et éviter les incompréhensions avec l'atelier ("ce n'est pas la peine de concevoir un produit qui ne pourra pas être fabriqué"). Et inversement, pour les techniciens de fabrication, des connaissances en mécanique et en construction leur permettront de dialoguer avec le bureau d'études pour suggérer des solutions plus pragmatiques, voire plus économiques. Non seulement, il faut pérenniser ces deux baccalauréats professionnels et c'est pour marquer leur intérêt que chacun des responsables a envoyé une lettre de soutien dans ce sens. Cependant, il est également nécessaire de rapprocher les deux métiers : les élèves formés de la sorte auront une polyvalence intéressante pour les entreprises et des atouts sur leur CV; ils pourront postuler dans une plus grande variété d'emplois.

Les entretiens menés avec le Club des entrepreneurs du Pays de Château-Gontier, partenaire de longue date du lycée, et les organisations patronales (UIMM Mayenne et MEDEF 53) ont eux aussi fait ressortir la complexité du recrutement de personnel à profil industriel pour l'ensemble des entreprises et la nécessité de décloisonner les tâches de conception et de fabrication dans la plupart des entreprises métallurgiques. Il est proposé une démarche conjointe entre l'UIMM, le MEDEF et le lycée pour travailler sur l'image des métiers industriels dans notre département et favoriser ainsi le recrutement de leurs futurs collaborateurs.
Enfin, la rencontre avec le directeur du Pôle emploi et un responsable d'équipe a permis d'analyser l'offre d'emploi sur le secteur : dans un rayon de 50 km et durant le mois de septembre 2010, trente trois offres dans les métiers industriels concernés (usinage et bureau d'études) ne sont pas pourvues (treize en intérim, huit en CDD et douze en CDI). Le besoin existe effectivement et est important: ce n'est pas une surprise quand on sait que 47% des emplois dans le sud Mayenne sont industriels
1 et que la tendance est à la reprise avec 63000 emplois dans l'industrie à pourvoir d'ici la fin de l'année au niveau national
2.
À partir de ces visites, une nouvelle réunion avec les deux enseignants et le chef de travaux a validé le document de synthèse "analyse des besoins en personnel sur le bassin d'emploi de Château-Gontier" et a défini une nouvelle stratégie de communication en sachant que l'existence et la pérennité des filières de formation devra s'appuyer sur cinq atouts :
- les besoins de main-d'œuvre qualifiée dans la filière ;
- une équipe de professeurs solide et innovante ;
- des machines et des locaux adaptés au référentiel et aux exigences de la profession ;
- une réelle attractivité vis-à-vis des élèves et de leur famille ;
- la cohérence avec l'offre de formation académique validée par le Rectorat.
Le 6 octobre, lors d'une rencontre avec la Dafpic, le dossier sur les bac pro TU et EDPI au lycée professionnel Curie est présenté avec cette analyse, les lettres des responsables d'entreprises et des articles de presse: le lycée a obtenu l'autorisation de mener à bien son plan d'action "pour valoriser ces formations auprès des collégiens et accentuer le partenariat avec le tissu économique".