ORGANISATION PRATIQUE
En fonction du groupe classe, les élèves sont en plus ou moins grande autonomie, base de la différenciation.
Leçons et exercices d'entraînement
Toutes les fiches sont à disposition des élèves. Ils choisissent eux-mêmes ce sur quoi ils travaillent, en fonction de leurs besoins et de leur avancée. Nous fonctionnons par ateliers de quatre ou cinq selon la disposition de la salle. De la même manière, ils sont libres de se déplacer dans la classe et de s'organiser comme ils le souhaitent : tantôt tout un îlot travaille sur une même fiche, tantôt ils travaillent sur des fiches différentes, ceux ayant déjà fait la fiche (et donc acquis la notion) peuvent alors aider ceux qui prennent plus de temps.
Nous avons choisi de laisser une entière liberté sur ces phases d'ateliers : les corrigés sont disponibles sans avoir à demander au professeur (sauf pour les évaluations).
Lorsqu'un élève a fini une fiche, il passe à la suivante. Là encore, les possibilités sont multiples : il peut choisir la fiche qui suit (elles sont numérotées) ou passer à une autre qui l'intéresse davantage. Quel que soit son choix, il devra cependant faire l'évaluation. D'autre part, si certaines notions simples sont faites en autonomie complète, les nouveaux apprentissages sont parfois vus en classe entière. Dans ce cas, la leçon est distribuée la séance précédente afin d'être intégrée au mieux à la maison. La vérification de la compréhension et l'entraînement se font ensuite lors de la séance proprement dite. Nous pouvons alors vérifier ceux qui ont compris la leçon et qui peuvent donc travailler en autonomie. Pour les autres, nous les rassemblons à un ou plusieurs îlots et nous travaillons ensemble ce qui n'a pas été compris.
Les évaluations
Chaque étape est vérifiée par le professeur de manière plus ou moins systématique. Le travail en autonomie permet au professeur d'être entièrement disponible pour les élèves qui en ont besoin. Au début de l'année, nous souhaitions ramasser tous les travaux des élèves : un bac de récupération du travail avait été fait, où l'élève déposait ce qu'il était en train de faire, même si ce n'était pas fini ou si ce n'était pas une évaluation. Ce système a été très vite chronophage et décourageant pour les enseignantes : nous passions notre temps à tout relire et vérifier afin de mesurer l'acquisition de la compétence.
Une approche a donc été adoptée : laisser l'élève le soin de repérer s'il était prêt ou non pour l'évaluation en estimant lui-même (par des outils fournis par les professeurs) si la notion était acquise.
En fonction des bonnes réponses, l'élève peut, avant l'évaluation, faire des exercices de remédiation. Cela doit venir de l'élève lui-même. Nous les conseillons, parfois dans l'intégralité, parfois seulement sur un type d'exercice. Nous formons nos élèves à distinguer leurs points forts et leurs faiblesses.
Le fonctionnement des évaluations diffère également selon les classes. Si nous avons misé sur une autonomie complète pour les troisièmes, ce n'est pas le cas pour les cinquièmes que nous accompagnons davantage.
En effet, les troisièmes décident eux-mêmes de l'évaluation qu'ils travaillent et à quel moment. Pendant que certains font des exercices, d'autres font une évaluation. Les évaluations imposées sont celles sur les notions nouvelles vues en classe entière.
En cinquième, évaluations et dictées sont prévues lorsque la classe a fini de travailler sur la fiche.
En cas d'évaluation montrant une maîtrise insuffisante, l'élève, s'il le souhaite, mais jusque là nos élèves ont toujours répondu favorablement à cette proposition, peut revoir la fiche en prenant le niveau inférieur : un élève de cinquième n'ayant déjà pas acquis le programme de sixième aura du mal à suivre ; il peut donc, grâce au système des classeurs à disposition, choisir de travailler la fiche au niveau sixième, dès la phase d'entraînement ou après une évaluation ratée.
En fonctionnant ainsi, notre objectif est que l'élève maîtrise toutes les fiches qu'il travaille, même s'il en travaille moins que les autres au départ. Il pourra ainsi travailler le reste plus tard dans sa scolarité.
Les dictées
Toujours dans un souci d'autonomie et de différenciation, les dictées ont été enregistrées au format mp3, disponibles sur l'ordinateur de la classe. L'élève choisit donc quand il va faire sa dictée et sur quel point de langue. Il peut prendre le temps dont il a besoin, la réécouter plusieurs fois, voire la faire en deux étapes. Nous avons des mp3 achetés par le collège en libre service. Les élèves se servent et vont chercher le fichier dont ils ont besoin ou nous demandent de le mettre sur le lecteur.
Les corrigés
Pour les évaluations, les corrigés sont donnés au moment où la copie est rendue notée à l'élève. Ils doivent alors repérer leurs erreurs et les corriger en vert, malgré la feuille de corrigé. Nous avons aussi fait des corrections en classe sous différentes modalités : échanges de copies, auto-correction, etc.
Un exercice de remédiation est toujours donné avec la dictée. Il n'est pas obligatoire.
Avantages
Une très grande autonomie des élèves... et de l'enseignant
Nous repérons très rapidement les élèves qui seront plus autonomes et ceux qui auront besoin d'aide ou de cadres. Une fois le système adopté par les élèves (ce qui demande un peu de temps, surtout pour les petites classes), l'enseignant peut se concentrer davantage sur les élèves qui ont besoin de lui à un moment précis. Nous avons ainsi le sentiment d'accompagner les élèves dans la construction de leurs apprentissages.
La différenciation
Personne ne fait la même fiche au même rythme. Chaque élève travaille comme il le peut. Il est libre dans ses choix. Les retours des élèves sont positifs sur cette méthode de travail : ils semblent très motivés par ces ateliers de langue, les réclament même, et travaillent sérieusement.
Entraide mutuelle
Ce dispositif, associé aux îlots, permet la cohésion du groupe classe. Nous avons déjà pu observer en trois mois les échanges enrichissants qui se créent entre les élèves. Même les élèves en difficulté peuvent alors se retrouver en situation d'aider un élève réputé "plus fort". L'inverse est souvent le cas également. Le réflexe est bien installé désormais de demander conseil à son îlot avant de poser la question au professeur.
Auto-évaluation
Il est demandé à l'élève de s'auto-évaluer dans plusieurs des phases de la fiche.
Motivation : des élèves et des enseignantes !
Nous trouvons les uns comme les autres beaucoup de points positifs dans cette organisation et nous travaillons dans une ambiance sereine et détendue, mais néanmoins efficace.
Mise en activité
Toujours occupés : un élève ayant terminé une activité quelle qu'elle soit peut reprendre une de ses fiches en-cours pendant que les autres finissent leur travail. Ils ont déjà bien compris ce principe et nous voyons de temps à autres certains élèves prendre leur livre pour un moment de lecture quand d'autres avancent leur étude de la langue pour patienter.
Inconvénients
Un système fondé sur la confiance
Cela ne nous pose pas de problème cette année avec nos élèves mais nous sommes conscientes que ce système est une prise de risque. Nos classes font les mêmes évaluations à des moments différents ; au sein même d'une classe, les élèves ne font pas les évaluations en même temps et pourraient se donner les sujets et les corrigés...
Une gestion lourde en amont et en aval
Ce travail a été très lourd à gérer et l'est encore. La rédaction des fiches a pris beaucoup de temps et d'énergie. Certaines sont à retravailler encore et toujours... Les élèves n'ont pas tous les mêmes notes sur le bulletin : certains ont donc plus d'évaluations que d'autres.
La question du support se pose
Comment l'élève conserve-t-il tout ce travail ? Où ? Dans l'idéal, nous souhaiterions qu'il l'ait tout le temps avec lui, pour s'en servir en situation d'écriture ou de lecture. Mais nos fiches prennent de la place. Une des solutions pourrait être un classeur témoin consultable par n'importe quel élève en cas de besoin. Une autre pourrait être de les classer dans un classeur personnel et que l'élève le laisse dans son casier ou en salle de français afin de s'en servir comme précis grammatical personnel. Mais c'est alors le même souci : le stockage...
Perspectives
- Cette démarche nous encourage à travailler sur un système quasi identique pour le lexique.
- Le dispositif serait adapté à un travail sur tablette tactile, ce qui permettrait de résoudre certains inconvénients liés au support papier, le stockage notamment. Nous suivons donc avec intérêt les expérimentations sur le sujet.