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enseignement à distance en éducation prioritaire

témoignages d'élèves et outils pour les aider

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Troisième semaine d’enseignement à distance… Qu’en disent les élèves d’éducation prioritaire ? Quels outils pour leur simplifier la tâche ?

Ces témoignages ont été recueillis lors d’une heure de vie de classe (à distance…) du 30/03/2020 dans une classe de 6ème de REP, ou d’échanges avec les élèves ou leurs parents menés par les professeurs principaux en REP+.

1) Un investissement important pour la plupart des élèves (et des enseignants), qui peut aller jusqu’à la surcharge de travail

« Je consacre quasiment 2 heures par matière tous les jours de la semaine. Même le mercredi…. Je n’en vois pas le bout ! », « Même si je travaille dur je mets quand même 4h par jour ou toute la journée pour faire ce qui est demandé. », « La charge de travail est plus importante qu'au collège. » 
« Je trouve qu’on est surchargé de travail à peine le temps de finir, il y en a déjà d’autre ! »
(6ème)

« M. X a décrit des journées de travail longues de dix heures  la première semaine, tant le travail donné était dense et à rendre dans un délai court. Sa fille ne prend le temps de jouer que le week-end, en semaine elle travaille parfois jusqu'à 22h. Elle a peur d'être en retard dans le travail à rendre et enchaîne une matière à l'autre. J'ai pris conscience pour ma part qu’elle passait des heures sur une séance de français » (Professeur principal d’une classe de 5ème en REP+)

2) Des difficultés à se repérer et à s’organiser

« Nous avons un ordinateur à la maison. Avec mon frère en 4ème et ma sœur en Terminale, c’est la guerre pour l’ordinateur. » (6ème)

« Je ne m’en sors pas car je pense avoir une mauvaise organisation, j’essaie mais je n’arrive pas à m’organiser.» « Je mets beaucoup plus de temps que la normale : je fais 8h-12h/14h-18h (le temps de trouver ce qu’il y a à faire, le temps de lire la leçon, de faire les exercices…). » (6ème)

« Je fais le travail que je trouve mais je pense en avoir oublié, je m'embrouille souvent ou je ne trouve pas le travail ou je ne sais pas ce qu’il y a à faire mais j'essaie de me débrouiller. » (6ème)

« La difficulté rencontrée d'abord fut de se procurer toutes les adresses mail des enseignants pour leur retourner le travail fait. En effet, certains utilisent la messagerie Pronote, d'autres E-lyco, d'autres la messagerie académique, d'autres encore ont finalement donné un courriel personnel au moment où la messagerie académique n'a plus fonctionné. » (Professeur principal d’une classe de 5ème en REP+)

« J'ai mis 2 heures 30 à constituer un document unique récapitulant le travail de la semaine (or je connais bien elyco et j'utilise avec aisance mon ordinateur). J'ai dû joindre 34 pièces jointes... » (Professeur principal d’une classe de 3ème en REP+)

« Pour une fois j’aurais bien aimé être à l’école. Je trouve que c’est difficile de travailler seul devant un ordinateur. » « Je trouve la continuité pédagogique très compliquée et très stressante, car les professeurs ont des méthodes différentes et donc compliquées à suivre. C'est très difficile »  (6ème)

3) Quelques pistes d’ores et déjà testées

  • Utiliser l’ENT pour connaître le travail déjà prescrit et en modérer la quantité
  • Proposer des plannings modestes mais réguliers, par exemple limiter les classes virtuelles – pour les équipes qui en organisent – à 1h par jour et par classe pour tenir compte des ordinateurs partagés par les fratries et réduire le temps passé face à l’écran.
  • Tenir compte du fait qu'en classe, c'est le professeur qui cesse l'activité, même si elle est non aboutie. A la maison, des élèves consciencieux (ou leurs parents) peuvent vouloir aller jusqu'au bout... Autoriser explicitement l'élève à s'arrêter au bout d'un temps imparti ou proposer des activités plus courtes qu'il pourra terminer dans un délai raisonnable.
  • Prévoir un accès plus simple aux documents présents aussi sur E-lyco mais sous des formes très variées (message, message instantané, message dans les mises à jour, message dans les espaces de travail...) : ce peut être un document unique que le professeur principal élabore en lien avec ses collègues (exemple pour une classe de 3ème du REP+ Alain-Fournier   lien de téléchargement d'un fichier) , une adaptation de la page d’accueil du site du collège pour faciliter l'accès aux ressources de la classe …
  • Plutôt que des envois quotidiens, préférer des plans de travail hebdomadaires signalant une date indicative à laquelle faire le travail, si celui-ci est à renvoyer ou pas et surtout, le temps que l'élève doit y passer. (exemple de maquette  lien de téléchargement d'un fichier)
  • Nommer ses fichiers de manière explicite : un rappel de la classe, de la discipline et du statut du document peut faciliter le classement par l’élève (exemple : 6 Français fiche d'exercices présent ou 6 Français leçon présent)
  • S’appuyer sur les manuels pour éviter les photocopies ou les impressions et limiter le temps passé face à l’écran.

Une proposition de lecture

Un entretien avec Pierre Périer, professeur à Rennes II, publié sur le café pédagogique lundi 30 mars 2020.
"Dans le silence de l'Ecole, la montée des inégalités"

 

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