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autonomie et posture des élèves

Au sens courant du terme, la notion d’autonomie renvoie dans le cadre scolaire à la capacité pour un élève de pouvoir réaliser une tâche seul, sans aide et avec ses propres moyens physiques et intellectuels. V. Renou se fixe un double objectif au niveau de l’autonomie : “Que les élèves aillent le plus loin possible dans le plan du cours en fonction de leurs capacités, et d’intervenir le moins possible durant les séances.” Dans son projet de classe inversée, la quête d’autonomie pour ses lycéens est la conjugaison de trois facteurs :

1. Donner plus de libertés à l’élève dans le choix de ses activités, l’organisation de son travail (à la maison, en cours, seul ou en groupes) et même le choix des moments et du nombre de fois où il se fait évaluer au cours d’une séquence. Concernant l’organisation du travail, quand en classe les élèves ont la possibilité de choisir entre travailler seul ou en groupe « ils décident d’eux-mêmes. Je n’interviens pas dans leur choix mais, généralement, ils font le bon. Par exemple, l’élève X commence une activité seul. Il se retrouve en difficultés à un moment. Il se tourne naturellement vers un camarade pour l’aider ; et s’ils n’y arrivent pas à deux, ils peuvent se déplacer dans la salle et aller chercher la réponse vers un autre groupe. » Et ce n’est qu’en dernier ressort qu’ils font appel à l’enseignante qui les met alors sur la bonne voie. Pour l’évaluation, les élèves sont aussi responsabilisés et se voient conférer une certaine autonomie : ce sont ainsi eux qui choisissent, tant pour les entraînements bac que pour les fiches à compléter, de faire tout ou partie des travaux, de faire noter ou non les devoirs rendus. La seule exigence est que chaque élève, au cours du trimestre, se fasse évaluer au moins une fois sur la compréhension orale, une fois sur la compréhension écrite et une fois sur la production écrite. Les élèves choisissent donc leur stratégie : se faire évaluer systématiquement pour certains, plus épisodiquement pour d’autres, l’évaluation se faisant via les grilles du Cadre Européen de Commun de Référence pour les Langues : “Je situe les élèves à un niveau de la grille pour chaque compétence qu’ils ont choisie de faire évaluer. Je m’appuie sur les grilles officielles du cycle terminal en langue (E3C)”.

2. Donner plus de liberté à l’élève dans sa posture et sa façon de vivre le cours. Ainsi, les élèves, une fois qu’ils ont choisi leur activité après un bref échange avec l’enseignante, ont la liberté de se déplacer dans la salle au gré de leurs besoins : aller chercher un dictionnaire ou un manuel, aller voir leurs camarades ou se déplacer pour solliciter l’enseignante notamment. Ils sont aussi autorisés à utiliser leur téléphone pour aller sur le genially de la séquence, aller sur quizlet, chercher des mots sur internet… Comme nous l’avons déjà évoqué, ils choisissent à chaque séance de s’isoler ou de rapprocher des tables pour travailler en groupe et ils ont le droit de parler librement (à voix basse) si leur activité le nécessite.

3. Toutefois, ces libertés ne peuvent fonctionner et conduire à un réel gain d’autonomie qu’avec son corollaire qui est l’individualisation de l’enseignement et une présence renforcée auprès de chaque élève tout au long de la séquence. V. Renou explique ainsi : “l’autonomie s’acquiert au fur et à mesure des heures passées en classe inversée. L’élève ne change pas radicalement de comportement dès les premières séances. Au départ, il va faire souvent le minimum requis, ne pas travailler plus chez lui et se contenter d’attendre que la réponse vienne à lui.” Mais l’enseignante n’étant plus dans un face à face avec la classe et davantage dans une relation duelle avec chaque élève, une évolution s’observe progressivement : “comme je suis beaucoup plus présente individuellement à chaque séance, je prends le temps de m’arrêter pour lui redonner de la motivation, des encouragements, des techniques méthodologiques beaucoup plus personnelles et adaptées à son cas.” Et de préciser : “L’élève, à partir du moment où il comprend que je continuerai à le suivre quoi qu’il fasse, petit à petit se met à travailler plus efficacement en cours, et en général le travail à la maison devient plus conséquent.”

L’objectif de l’enseignante est donc de pouvoir, à chaque séance, passer un temps individuel avec quasiment chaque élève, certains étant cependant plus autonomes et la sollicitant moins.

Concernant la mesure de cette autonomie par l’enseignante, celle-ci s’effectue de deux manières. Pour les séances en cours, V. Renou explique : “je peux mesurer cette autonomie grâce à mes interventions en cours et au nombre de fois où les élèves me sollicitent, ainsi que les raisons pour lesquelles ils le font. Généralement, je suis beaucoup sollicitée les premières séances, et petit à petit ils trouvent leur rythme et savent où chercher l’information qui leur manque.” Quant au travail à la maison, “je mesure leur autonomie grâce à leur progression dans le plan de la séquence. À chaque séance, je fais un point sur l’avancement de leur plan et je peux ainsi me rendre compte de ce qu’ils ont fait chez eux.” Enfin, sur l’ensemble de l’année scolaire, les cahiers d’évaluation, qui restent en classe et sur lesquels les élèves font toutes leurs évaluations, notées ou non, permettent de vérifier leur progression à plus long terme. V. Renou note : “on les regarde ensemble avec chaque élève régulièrement et je les amène à comparer leurs travaux de début d’année et de fin d’année. Ils peuvent voir l’évolution de leur travail.”
 
En conclusion, on peut constater que ce travail pour l’autonomie de l’élève dans son travail d’apprentissage, avec l’individualisation qui va de pair, est valorisante pour l’élève dans la mesure où “on s’occupe de lui, on s’intéresse à lui et on l’aide, lui en tant que personne, et pas seulement comme faisant partie d’un groupe classe”.

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