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comment différencier en classe avec un lecteur MP3 ?

mis à jour le 22/06/2012


echanger dossier 3

Difficile pour des élèves qui n'ont pas acquis une autonomie de lecture de bien suivre le rythme des cours. Une professeure de lettres a cherché à varier la nature des textes et les façons de les fréquenter en utilisant notamment des lecteurs MP3 audio et vidéo.

mots clés : échanger, différenciation, soutien, multimédia


La scolarité obligatoire jusqu'à seize ans, la suppression des filières ou classes spécifiques, ont confronté les enseignants à des classes de plus en plus hétérogènes ; les écarts entre les niveaux des élèves se sont accrus au cours des années. Il est devenu impossible d'exiger de tous les élèves la même activité, le même rythme, la même quantité de lectures, voire les mêmes contrôles... Le risque, sinon, est grand d'en voir un certain nombre décrocher, se désintéresser peu à peu. Et les échecs se répétant, on voit naître des comportements de rejets scolaires perturbants pour l'ensemble de la classe. Comment éviter ces glissements progressifs ?

Des évaluations diagnostiques

Les évaluations qui se faisaient, il y a peu encore, à l'entrée en sixième mettaient en évidence ces constats. Elles se font désormais en amont pour mieux préparer cette entrée au collège. Néanmoins, les enseignants ont besoin de connaître rapidement le niveau de compétences de leurs élèves pour mettre en place des dispositifs d'aide et de soutien. En plus des dossiers scolaires, sur quoi peut-on s'appuyer ? Cette enseignante fait passer à tous ses élèves de sixième un test facile à mettre en œuvre et qui prend peu de temps, le test ROC (Repérage orthographique collectif), mis au point pour des élèves de CM2, 6e ou 5e 1. "Il permet de détecter rapidement, et avec une bonne fiabilité, les élèves en situation difficile ; solution originale reposant sur la bien connue corrélation entre performances en lecture et en production orthographique. Le dispositif retenu a le double mérite de la simplicité et de la rapidité. En moins d'une demi-heure, l'enseignant peut identifier les élèves de sa classe en grande difficulté avec la langue écrite (lecture, orthographe)". Le repérage des élèves suivis par un orthophoniste est un autre élément pris en compte. Enfin, les exercices de lecture à voix haute et les observations de l'enseignant pendant les activités de lecture et de compréhension permettent de repérer les niveaux des élèves et de déterminer ceux qui ont besoin d'aide. Ensuite, que faire ?

Des réponses structurelles

Pour répondre à cette situation, les établissements disposent de quelques heures pour regrouper, en petit nombre, les élèves les plus fragiles. Ce sont les heures dites de soutien. Une heure existe dans l'emploi du temps des élèves de sixième. Cinq élèves en bénéficient dans cette classe. Deux autres élèves ne sont pas disponibles, hélas, à cette heure de fin d'après-midi. Un travail particulier est effectué pour développer une plus grande maîtrise de lecture à l'aide d'un manuel spécifique racontant une histoire suivie, mais alternant texte et jeux de lecture sur le texte lu. Mais en une seule heure par semaine, peut-on espérer débloquer des élèves qui ont souvent un grand retard ? Le soutien n'est proposé qu'à quelques-uns et pourtant de nombreux autres, bien que moins en difficulté, pourraient aussi en bénéficier. Et si le dispositif est intéressant, les élèves concernés ne le vivent pas toujours très bien. D'abord, ils se sentent parfois stigmatisés, et surtout, ils doivent supporter une heure supplémentaire de cours, toujours plus difficile pour des élèves qui ne sont déjà pas à l'aise dans le système scolaire ! Enfin, comment, malgré ce handicap en lecture, leur permettre de profiter de l'ensemble des cours de français ? C'est pour cette raison que l'enseignante a cherché à développer différents dispositifs dans le cadre des cours en classe entière.

Écouter les textes

Pour ne pas défavoriser toujours les mêmes élèves, il importe de varier le plus possible les travaux et les documents proposés : supports audio, vidéo, images fixes, films, BD, types de textes... C'est ce qui est proposé aux élèves à chaque début de séquence. Mais ensuite, l'importance de la lecture de textes écrits est déterminante. Cependant la formulation de la compétence en lecture est bien d'être capable de "saisir l'essentiel d'un texte lu ou entendu". Peut-être oublie-t-on trop souvent la seconde partie de la formulation. Il existe de nombreuses situations où la possibilité d'entendre le texte soulagerait les élèves qui ont de grosses difficultés pour déchiffrer l'écrit. Les enseignants le savent qui, fréquemment, lisent à haute voix texte ou consignes, mais cela en début de séance de travail ou de contrôle. Est-ce nécessaire pour tout le monde ? Est-ce suffisant pour certains ? Comment pouvoir bénéficier de cette écoute en toute autonomie ? La solution proposée : le lecteur MP3. Elle est en cours d'expérimentation. La classe dispose de huit lecteurs, achetés grâce aux 600€ provenant d'un concours sur l'Europe pour lequel les élèves avaient obtenu le premier prix ! Les élèves disposent donc du texte enregistré, lu par leur professeure (ou par un comédien), au moment du contrôle : en quatrième, un monologue de Figaro, en sixième une fable, Le petit poisson et le pêcheur, lue par Louis de Funès. L'élève peut écouter l'enregistrement, avec le texte sous les yeux, une ou plusieurs fois. Il peut également écouter l'enregistrement des consignes fait par la professeure.

Réactions des élèves

Si l'élève échoue à son contrôle de compréhension, que faut-il en déduire ? N'a-t-il pas compris le texte ? N'a-t-il pas compris les questions sur le texte ? N'a-t-il pas eu assez de temps ? Les élèves lents semblent y trouver leur compte. Cela leur évite un long temps de relecture laborieuse. Certains précisent que l'écoute leur permet de repérer la partie du texte où ils pensent pouvoir trouver la réponse. Ils gagnent ainsi du temps de recherche. L'élève peut aussi réécouter les consignes, qu'il demandait souvent à l'enseignant de lui relire, au moment de son choix. La formulation des consignes a d'ailleurs aussi fait l'objet d'une différenciation. Elle est plus simple pour les élèves en difficulté et leur demande moins de temps pour rédiger des réponses. Les résultats s'en sont-ils trouvés modifiés ? Difficile de le dire avec assurance après ces deux essais. Toutefois, dans une classe, des écarts positifs de trois à six points ont été constatés dans les résultats des élèves autorisés à exploiter leur MP3 au cours de l'évaluation. Dans l'autre classe, les différences sont moins importantes.

Des éditions spéciales

La lecture d'un roman, ou même d'un conte entier, peut représenter une épreuve difficile, voire insurmontable, pour ces élèves. Cela a été le cas pour Alice au pays des merveilles. Que dire de Peau d'âne en alexandrins, et bientôt d'un chant de L'Odyssée, œuvres au programme ? Même dans des éditions adaptées, ces élèves ne peuvent lire à la maison le chapitre demandé par l'enseignant. Ensuite quel profit peuvent-ils tirer du cours s'ils n'ont pas une connaissance minimale du récit ? Aucune participation n'est possible. Incompréhension, passivité imposée... on voit la dérive comportementale possible. Cependant, on ne peut développer des apprentissages en lecture sans jamais passer à l'acte. L'enseignante a donc décidé de mettre à disposition de ces élèves, quand elles existent, des versions de ces textes réécrits selon certains principes adaptés aux enfants dyslexiques (voir ci-dessous). C'est le cas pour Les voyages d'Ulysse 2 de Katia Wolek, qui adaptent L'Odyssée.
L'enseignante a elle-même réécrit le texte de Lewis Caroll en respectant, en grande partie, ces principes, et l'a photocopié pour sept élèves de la classe (voir annexe). Ces élèves disposent aussi de la même édition que les autres et s'en servent lors des lectures ou du travail en classe. En revanche, ils peuvent utiliser la version adaptée lors des évaluations de lecture. Mais c'est surtout ce support de lecture qui sert pour lire à la maison et répondre à un éventuel questionnaire de lecture préparatoire au travail en classe. Les élèves sont contents de s'apercevoir qu'ils peuvent aussi lire seuls. Et la réaction des parents est positive car leurs enfants acceptent plus facilement de faire leur travail, il y a moins de réticences, mais en plus, ils lisent aussi plus facilement avec eux ces textes moins longs !

D'autres supports

Parfois, il arrive aussi que l'élève accède au contenu d'un texte en effectuant un détour par un autre support : le dessin animé pour la fable, la bande dessinée pour les contes ; ces supports sont en accès libre. Dans la classe, il existe une collection de contes classiques en BD. L'élève peut alors suivre le cours, échanger avec ses camarades et construire avec eux les caractéristiques de ces types de textes. Surtout, il a accès aux consignes d'écriture qui suivent les lectures de ces types de textes : rédaction de contes ou de slogans publicitaires sur le modèle du détournement des fables par Badoit ! Il peut comprendre le sujet et rédiger le texte demandé. Peut-être même serait-il possible d'utiliser le lecteur-enregistreur MP3 pour ceux qui auraient de gros problèmes d'écriture. On pourrait évaluer la production enregistrée, ou bien un autre élève pourrait servir de secrétaire... Ce sont des pistes à expérimenter.

Redonner confiance

Il est important que ces élèves ne considèrent pas le cours de français comme un moment douloureux où ils se trouvent en perpétuel échec. Il faut donc chercher à maintenir leur curiosité, leur permettre de participer et d'être mis en valeur. Ils doivent aussi se sentir aidés, bénéficier d'outils ou de documents un peu différents des autres sans être stigmatisés pour autant, car cela leur permet d'intervenir à égalité avec leurs camarades de classe. Différencier au sein même du cours est ainsi possible sans surcharger les élèves ni les mettre à l'écart.

1. Compléments : http://www.coridys.fr
2. Éditions Danger Public, collection "Les mots à l'endroit".
 
auteur(s) :

M. Le Bihan

contributeur(s) :

M. Delatour, Collège Paul-Émile-Victor, Château-Gontier [53]

fichier joint

information(s) technique(s) : pdf

taille : 318 Ko ;

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