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comprendre le dispositif "Plus de maîtres que de classes"

De TEMA à la loi de refondation de l’école

Depuis quelques années, dans les écoles, on voit se succéder des expérimentations, notamment par un renforcement de l’encadrement pédagogique par des enseignants supplémentaires. Ainsi, à la rentrée 2003, près de 1 800 classes de CP étaient dotées d’un tel renforcement. Il s’agissait d’écoles volontaires pour Travailler en équipe, mieux et autrement, d’où le nom attribué à cette expérimentation : TEMA. L’Éducation nationale a cependant préféré parler de maîtres surnuméraires pour éviter la collusion avec le slogan d’une organisation syndicale revendiquant "Plus de maîtres que de classes". C’est malgré tout cette dernière expression qu’a repris la circulaire n° 2012-201 du 18-12-2012.
Cette circulaire de cadrage insiste sur le nécessaire engagement pluriannuel des équipes afin de stabiliser le dispositif et de donner du sens à cette action. En cela, ce dispositif s’inscrit dans la loi de refondation de l’école du 08-07-2013 : il convient de repenser l’école, de faire bouger les lignes, de s’interroger sur les missions des enseignants. Selon le rapport de 2015, 2 361 postes de "PE+" ont été créés depuis 2013 (dont treize postes en Mayenne), avec un objectif de 7 000 pour 2017.

Les attendus, les objectifs de ce dispositif

La circulaire du 18-12-2012 fixe comme objectif prioritaire de "Prévenir la difficulté scolaire", notamment par une "méthodologie du travail scolaire". Ce dispositif, qui s’adresse uniquement au premier degré, constitue "une réponse à la difficulté scolaire". Il est complémentaire à d’autres réponses institutionnalisées pour venir en aide aux élèves en difficulté : Rased, PPRE (Programme personnalisé de réussite éducative), APC (Activités pédagogiques complémentaires), accompagnement éducatif. Mais il est demandé au "PE+" d’agir principalement au sein de la classe, davantage en prévention qu’en remédiation, car ce dispositif ne se substitue pas aux aides spécialisées.
Pour les élèves, le dispositif doit, selon la même circulaire, permettre d’acquérir les fondamentaux, de maîtriser le socle commun dans un cadre d'apprentissage cohérent, encourageant et sécurisant : "L’action sera prioritairement centrée sur l’acquisition des instruments fondamentaux de la connaissance […] et de la méthodologie du travail scolaire".
Pour les enseignants, l’affectation sur l’école d’un maître supplémentaire implique de nouvelles organisations pédagogiques en suscitant un travail collaboratif : définir des objectifs communs, identifier des compétences, s’imposer des temps de régulation, partager et analyser sa pratique.
Cette modification de l’architecture de l’école a donc des incidences sur les postures et pratiques enseignantes, non seulement sur le temps d’enseignement, mais aussi sur l’implication des enseignants dans une articulation collective innovante. Le rapport de septembre 2015 du comité national de suivi du dispositif "Plus de maîtres que de classes" reconnaît d’ailleurs que "L’affectation d’un maître supplémentaire favorise le travail collectif des enseignants".
Ce dispositif vise à susciter et à accompagner une réflexion sur les adaptations du métier en encourageant les pratiques collectives dans les établissements scolaires.

Intérêts de ce dispositif pour les enseignants

Par ce dispositif, il s’agit de mettre des compétences plurielles au service des élèves par :
• un étayage renforcé : davantage de disponibilité pour répondre aux besoins des élèves,
• une différenciation adaptée aux difficultés de chacun des élèves : diverses formes de guidance, de postures d’étayage,
• une observation croisée des procédures des élèves : possibilité de prendre le temps d’observer leur travail et leurs stratégies,
• une réflexion partagée en amont permettant de planifier l’enseignement et d’identifier les besoins des élèves,
• une réflexion collective sur la flexibilité des groupements d’élèves.

Travailler autrement, c’est s’inscrire dans une logique de coopération : copréparation, coïntervention, cosynthèse. Le concours d’un collègue permet un partage de questionnements professionnels, un ajustement réciproque, une mutualisation de pratiques, de compétences et de documents de travail. In fine, une nouvelle ambiance se met en place, soudant davantage l’équipe enseignante motivée par des objectifs communs construits ensemble.
 

Intérêts de cette expérimentation pour les élèves

Loin d’imposer aux élèves une sur-présence d’adultes qui pourrait s’avérer trop pressante, voire conduire à la passivité, la coïntervention tend à développer la motivation et l’implication des élèves dans leurs apprentissages par une meilleure compréhension des enjeux de l’activité. Augmenter la sollicitation magistrale incite les élèves à poursuivre leurs efforts, à montrer de la persévérance dans l’activité engagée, à rester concentrés, à se recentrer sur leur tâche. Par sa présence, l’enseignant encourage les interactions entre élèves, accompagne la réflexion personnelle et l’explicitation de stratégies de réussite. Il rassure l’élève sur ses propres compétences, développe la confiance en soi en identifiant les progrès. La nouvelle organisation permet ainsi aux élèves de ne pas être perdus au milieu d’un effectif chargé, d’obtenir rapidement des réponses sans longues files d’attente, notamment en production écrite. Ce dispositif reste modeste dans ses finalités : il doit pouvoir limiter le décrochage, surtout à des moments-clés de la scolarité, d’où la priorité accordée au cycle 2 (CP et CE1), sachant qu’au cycle 3 (CE2, CM1 et CM2) le rythme des apprentissages risque de fragiliser davantage certains élèves.
 

Différentes interprétations et mises en œuvre de ces "dispositifs"

La circulaire du 18-12-2012 propose un titre au pluriel indiquant ainsi que ce dispositif « Plus de maîtres que de classes » est protéiforme. Concrètement, les modalités organisationnelles peuvent varier d’un département à l’autre, d’une école à l’autre. Il revient aux écoles dotées de s’emparer de la richesse d’un dispositif innovant qui se construit sur une équation à beaucoup d’inconnues. Comment par exemple faire travailler équitablement et efficacement cinq enseignants dans quatre classes ?
La mise en oeuvre de ce dispositif interroge les modalités de travail en faisant entrer dans la classe un second enseignant. La terminologie s’enrichit de deux termes qu’il convient de préciser : coïntervention, coenseignement.

La coïntervention - terme générique retenu par la circulaire de cadrage - désigne une intervention à deux personnes : les deux enseignants interviennent auprès de petits groupes, par exemple pour des temps de différenciation pédagogique. Chacun gère à ce moment-là un groupe à effectif allégé ; il peut se montrer plus disponible auprès d’élèves qui en éprouvent le besoin. Cette double intervention, proche de la répartition en ateliers, peut se dérouler dans le même lieu, ou en parallèle dans deux salles différentes, par juxtaposition de groupes hétérogènes (découpage quantitatif), ou homogènes (groupes de besoins).

Le coenseignement consiste à proposer un même contenu didactique à tous les élèves présents dans un seul espace-temps. C’est un enseignement où s’exerce simultanément la complémentarité des deux enseignants qui peuvent se substituer l’un à l’autre, ou pour enseigner, ou pour aider. On parle de coanimation lorsque ces deux enseignants animent, en tandem, une séance, avec un même statut, intervenant à tour de rôle, enrichissant ainsi le propos du collègue. C’est un enseignement stéréophonique à deux voix.
Quel que soit le dispositif adopté par l’école, il convient d’élaborer, de clarifier et de formaliser les projets en optimisant le temps institutionnel. Un bref retour réflexif sur sa pratique conduit chacun, par une réflexion bicéphale, à mesurer les écarts par rapport à ce qui était prévu. De fait, ce n’est pas seulement un enseignement à deux voix, mais aussi une réflexion professionnelle en binôme, enrichissante et stimulante.
L’école de Montsûrs, en focalisant sa réflexion sur l’objet de travail commun qu’est la lecture oralisée, s’est donné un objectif clairement identifié qui trace une voie à suivre pour orienter le cheminement professionnel de chacun.

Textes de référence, textes fondateurs

Circulaire n° 92-196 du 3 juillet 1992 (coïntervention avec intervenant extérieur).
Circulaire n°2009-088 du 17 juillet 2009 (coïntervention avec le maître E, qui intervient dans le cadre du Rased).
Circulaire n° 2012-201 du 18-12-2012.
• Dix repères pour la mise en œuvre du dispositif : "Plus de maîtres que de classes", document MEN-DGESCO juin 2013.
Projet et mise en œuvre 2014 : rapport 2014-031 de l’IGEN : juin 2014.
Rapport de septembre 2015.

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