innovation pédagogique

Comprendre l’organisation d’un EPI
Les textes de référence (arrêté du 19 mai 2015, circulaire du 2 juillet 2015 et arrêté du 16 juin 2017) définissent les contours des EPI1 : il s’agit de mettre en synergie des champs disciplinaires qui vont interagir. Cette organisation de l’enseignement vise à limiter une juxtaposition cloisonnée de disciplines.
Destinés à tous les élèves du collège, les enseignements pratiques interdisciplinaires “permettent de construire et d'approfondir des connaissances et des compétences par une démarche de projet conduisant à une réalisation concrète, individuelle ou collective (qui peut prendre la forme d'une présentation orale ou écrite, de la constitution d'un livret ou d'un carnet, etc.).”

En convoquant deux ou trois champs disciplinaires au service d’un projet pédagogique, les enseignants aident leurs élèves à identifier les bénéfices d’une association de disciplines en vue d’améliorer les apprentissages, voire de réaliser un projet ambitieux, comme par exemple une exposition. Mettre en projection l’engagement des élèves, développer le travail coopératif, susciter un intérêt autour d’un questionnement collectif, voilà quelques-uns des objectifs qui peuvent être visés. Les EPI enrichissent l’offre d’enseignement en démultipliant les ressources (plusieurs enseignants, plusieurs disciplines, plusieurs focales de réflexion). Les élèves comprennent que la réalisation de leur projet exige de puiser dans plusieurs domaines d’apprentissages et donnent ainsi sens aux compétences développées dans telle ou telle discipline.
Le texte de cadrage précise également que, puisque toutes les disciplines peuvent contribuer aux EPI, tous les enseignants peuvent investir cet enseignement, avec l’accompagnement possible d’un CPE (Conseiller principal d’éducation) ou d’un professeur documentaliste, comme ce fut le cas à Ernée. Ce choix affiché d’associer aux professeurs disciplinaires d’autres personnels de l’établissement procède d’une volonté de créer du lien entre les ressources locales.
Les EPI contribuant aux quatre parcours (éducatif de santé ; citoyen ; avenir ; d’éducation artistique et culturelle), leur mise en œuvre invite à une réflexion en partenariat et à une exploitation des outils numériques au service de projets interdisciplinaires. Commencés dès la sixième, et entrant dans les dispositifs d’accompagnement, les EPI offrent ainsi à chacun un panel diversifié de formations.
Parce que “les enseignements pratiques interdisciplinaires sont des temps privilégiés pour développer les compétences liées à l'oral, l'esprit créatif et la participation”, ils prennent appui sur les compétences et l’investissement de chaque élève, seul ou en groupe.
L’organisation repose sur une souplesse des horaires, de la quantité et des thématiques, adaptables selon les projets et selon une déclinaison locale liée aux contraintes de l’établissement. Ainsi, au collège d’Ernée, Régis Forveille et Lisa Vivier ont bénéficié d’une heure hebdomadaire, afin d’avoir un temps pour échanger et réajuster leur projet. Ces temps de réflexion permettent à la fois de revenir sur les séances effectuées et sur les ajustements à proposer pour les séances à venir.

Les contenus abordés dans le cadre de cet EPI
Le programme d’EMC du cycle 4 invite les élèves à, entre autres, développer des “capacités d’analyse, de discussion, d’échange, de confrontation des points de vue dans des situations problèmes.”. L’EMC ne saurait rester un contenu transmis : par la pratique, les élèves doivent pouvoir vivre des situations leur permettant de questionner la sensibilité, le droit et la règle, le jugement, les enjeux de l’engagement. Par la pratique, les élèves vont “devenir acteurs de leurs choix”, et par une réflexion sur la place des femmes, ils vont se questionner sur “les différentes dimensions de l’égalité”. Ainsi, “L’enseignement moral et civique est par excellence un enseignement qui met les élèves en activité individuellement et collectivement.”.

Le projet mené à Ernée répond doublement aux attendus du programme : sur le fond, par une réflexion sur l’égalité et les droits de chacun ; sur la forme, par la réflexion menée collectivement autour d’une personnalité. “L’enseignement moral et civique se prête particulièrement aux travaux qui placent les élèves en situation de coopération et de mutualisation favorisant les échanges d’arguments et la confrontation des idées.” (BOEN N°31 du 30 juillet 2020).
Par leurs recherches, les élèves ont notamment pu établir des liens entre leur quotidien et l’Histoire. Le programme d’histoire de la classe de troisième permet aux élèves de mieux appréhender le monde depuis le XXe siècle : L'Europe, un théâtre majeur des guerres totales (1914-1945) [Thème 1], Le monde depuis 1945 [Thème 2], Françaises et Français dans une République repensée [Thème 3].

Enfin, ce projet a permis à chacun de travailler des compétences liées à l’ÉMI (l’Éducation aux médias et à l’Information) et au numérique : savoir se documenter, développer un esprit critique face aux informations reçues, connaître les usages du numérique, …
Pour aller plus loin, ajoutons que l’Éducation nationale propose un Vademecum définissant les grandes lignes des attendus et présentant des situations concrètes de mise en œuvre. On pourra aussi lire la circulaire du 24 janvier 2022, généralisant l’ÉMI comme un enseignement transversal.