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des pratiques constamment repensées

La principale incidence que reconnaissent Sophie, Yohann et Franck à cette organisation porte sur les pratiques pédagogiques. En effet, il faut repenser sa façon de travailler (rythme, progression,…) : les progressions initialement construites sont souvent modifiées du fait d’un rythme non linéaire. Certes, le plan prévisionnel de formation élaboré par l’équipe d’enseignants est commun aux deux statuts (apprentis et scolaires), mais l’emploi du temps des apprentis peut imposer de modifier sensiblement ce plan pour que les activités en milieu professionnel s’articulent au mieux dans la progression pédagogique. Néanmoins, les trois enseignants soulignent que “même si cette organisation liée à la mixité [les]amène à repenser régulièrement [leurs] progressions, c’est enrichissant”, et Yohann Suhard d’ajouter que “c’est un défi permanent”.
Le vade-mecum (VM) de 2019 reconnaît la complexité de cette architecture liée à des temporalités et des contraintes différentes : “La conception d’un calendrier de l’alternance est un facteur clef du bon fonctionnement de la formation. Le calendrier doit être facilitateur pour les apprenants et les enseignants.” (VM page 13). Yohann Suhard ajoute : “Dès le début d’année, il est essentiel de prendre en compte le calendrier des périodes en entreprises (tout comme celui des PFMP) afin de bien définir un plan de formation qui évitera un possible décalage entre scolaires et apprentis. Personnellement je donne aux élèves comme aux apprentis “la progression à réaliser” chaque trimestre.”

Pour les enseignants, les pratiques pédagogiques doivent donc s’adapter à ces contraintes liées à l’hétérogénéité du public accueilli :
Dans son enseignement, accorder une place au travail effectué en milieu professionnel est primordial pour ces trois enseignants : “Nous nous efforçons d’élaborer des séquences en relation avec le domaine professionnel de l’apprenti qui peut parfois être en lien étroit avec le travail effectué en entreprise. Mais, si les liens avec les entreprises sont éloignés, cela peut être difficile à mettre en place”.

Les supports et les outils sont variés : les enseignants expliquent que “l’utilisation de l’outil numérique prend une part importante dans nos séquences
• Utilisation de logiciels, de tutoriels vidéo
• Réalisation d’enregistrements vidéo ou/et audio par les élèves pour élaborer un compte-rendu.
• Utilisation d’applications mobiles sur leurs smartphones
• Évaluations via l’ENT.”

Trouver un équilibre entre travail au lycée et travail scolaire à distance : “Notre enseignement est bivalent (mathématiques et sciences physiques), nous insistons sur le fait que les apprentis manipulent le plus possible en TP (Travaux Pratiques) lors de leur présence au lycée et nous laissons la partie ”réinvestissement” (c’est-à-dire les exercices) pour un travail à distance.” Effectivement, en plus du travail demandé lorsqu’il est présent au lycée l’apprenti doit aussi fournir du travail en autonomie durant ses périodes en entreprises. Yohann Suhard précise qu’“Il faut s’adapter ; et donc on a su s’adapter, par exemple en proposant, pour les Contrôles en Cours de Formation, un temps de préparation supplémentaire leur est accordé afin de se mettre au niveau des scolaires, notamment pour l'usage des outils numériques”.
Le suivi à distance proposé aux apprentis se fait par internet, pour un accompagnement personnalisé : “le suivi personnalisé s’organise par échange régulier de mails, ou via l’ENT” précise Yohann Suhard. Ce choix suit les recommandations de l’institution : “Proposer un outil d’échange et de suivi à distance de l’apprenti lorsque celui-ci est en entreprise” (VM page 14). 

Il s’est aussi avéré nécessaire d’adapter les exigences vis-à-vis des élèves. Effectivement, puisque les apprentis travaillent chez eux, donc à distance, pour la partie scolaire, “il faut alléger leur travail, être plus succinct, proposer moins d’exercices. Car ils font leur travail scolaire en plus de leur journée en entreprise.” précise Franck Cléraux. Pour surmonter d’éventuelles difficultés et compenser les manques, les enseignants sont amenés à donner certains cours sous un format “à distance”, tout en sachant que ce travail transmis s’ajoutera à la journée vécue en entreprise par l’apprenti. Malgré tout, les apprentis interrogés ne semblent pas pâtir de ce second travail, que les enseignants (Franck Cléraux et Yohann Suhard) voient comme une possible “surcharge de travail” : Laura, apprentie en bac pro (en Terminale GA), préfère le travail en entreprise, apprécie beaucoup le lycée, mais reconnaît que “c’est difficile de faire les deux en même temps”, de cumuler lycée et entreprise.
Les approches et les pratiques sont diversifiées : Yohann Suhard admet que “pour que les élèves ne tombent pas “dans une certaine routine” qui pourrait les ennuyer et les désintéresser, il est important de varier les modalités de regroupement et de diversifier ses pratiques (travail en îlots, tâche complexe, classe inversée,…)”. Mais cela ne modifie en rien le regard porté sur les apprenants, comme l’explique Yohann Suhard : “Personnellement je ne fais pas de différence entre les scolaires, les apprentis et parfois même les Greta présents dans une même classe. Il est important de conserver une certaine uniformité dans notre attitude tout en prenant en compte ces nombreuses différences.”
Ce dernier point est la résultante de toute mixité, il est indispensable de prendre en compte chacun, de l’accompagner dans son projet, de suivre ses progrès, d’identifier ses besoins. Yohann Suhard sait que la différenciation pédagogique s’impose d’elle-même : “il faut prendre en compte le parcours des apprentis, proposer des exercices différenciés par rapport aux scolaires (cibler les compétences à travailler, ou à développer), puis pour certains (ceux qui sont le plus à l’aise), leur proposer des exercices sous forme de tâches complexes dans le but de les rendre encore plus autonomes.”

Pour les trois enseignants, le bilan est positif : ils constatent que la mixité, et donc la diversité, permettent à certains jeunes issus du scolaire de s’épanouir dans une formation en apprentissage.

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