Depuis 2005, les enseignants du lycée professionnel Léonard-de-Vinci de Mayenne (53) sont à la recherche d’une organisation permettant notamment aux apprentis de pouvoir pleinement trouver leur place dans leur établissement scolaire sans pour autant éprouver des difficultés liées à une présence intermittente au milieu de lycéens constamment présents. Autrement dit, comment aider les apprentis à ne pas se sentir étrangers au lycée et comment aider les lycéens à ne pas se sentir en décalage vis-à-vis des expériences des autres ? Ce questionnement est aussi celui de l’institution qui incite à mixer les statuts, voire les parcours, dans un établissement scolaire. Par exemple, la circulaire de préparation de la rentrée de 2011 (circulaire n°2011-071 du 2 mai 2011) encourageait l’apprentissage en Établissement public local d’enseignement (EPLE), “en s’appuyant sur la mixité de publics”. Aujourd’hui, ce choix répond aussi à une des attentes de l’école inclusive : accueillir dans un établissement scolaire un public qui historiquement n’y était pas accueilli. Cependant, modifier le profil des apprenants dans une classe de lycée, et plus encore constituer des classes mixées, suscitent des interrogations chez les enseignants puisque ce bouleversement a des incidences sur leurs pratiques pédagogiques.

A Mayenne, c’est progressivement et sous l’impulsion de certains enseignants, dont Franck Cléraux et Yohann Suhard, que l’idée de mélanger dans une même classe lycéens et apprentis a germé pour finalement se concrétiser localement. Les enseignants soulignent qu’initialement, “cette organisation a été pensée pour les Techniciens en Chaudronnerie Industrielle (TCI), à la demande du bassin économique et dans le but également de pérenniser la section : avec peu d’élèves sous statut scolaire, la section TCI ne s’en trouvait que fragilisée”. Accueillir des apprentis a notamment permis d’étoffer les groupes d’élèves, mais cela n’a pas été réussi pour la section Production Imprimée (PI) qui a dû fermer en 2012, après quatre années d’expérimentation, faute d’apprentis. Pour les autres sections, l’expérimentation a débuté en septembre 2015 pour les GA (Gestion administrative), et en 2017 pour les MVTR (Maintenance des véhicules de transport routier). Ces enseignants expliquent qu’il s’agissait aussi de “trouver une alternance entreprise-lycée la moins contraignante possible pour les apprentis et pour les professeurs”.
La disparition du CFA de Mayenne en août 2019 pour une absorption par le lycée de Vinci et l’arrivée d’une nouvelle équipe de direction du lycée (Messieurs Sylvestre et Couronné) a permis de prolonger cette ambition de donner, non plus seulement aux apprentis mais aussi à ceux qui s’engagent dans une reconversion professionnelle, une vraie place au lycée.