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entrer dans la danse de l’écoresponsabilité

mis à jour le 11/06/2013


echanger dossier 11

Une classe de seconde du lycée David d'Angers a vécu son année scolaire 2010-2011 sous le signe de l'écoresponsabilité. Des enseignants ont travaillé en collaboration avec l'association Alisée pour mettre au point et tester un module d'animation et d'apprentissage qui puisse ainsi servir de base à d'autres classes qui entreraient dans cette démarche de sensibilisation. Retour sur images !

mots clés : échanger, pratique de classe transversale, lycée écoresponsable, partenariat


e projet s'inscrit déjà dans un faisceau de perspectives. D'un côté, le rectorat et la Région des Pays de la Loire incitent les lycées à devenir écoresponsables. Ce label se traduit par une charte qui engage le conseil régional, les établissements volontaires et les jeunes lycéens, à la fois dans une logique d'acquisitions de connaissances, mais aussi de mise en place d'actions concrètes. D'un autre côté, le lycée David d'Angers avait, depuis plusieurs années, engagé réflexion et actions en ce sens, constitué un groupe de pilotage E3D (établissement en démarche de développement durable) avec une représentativité calquée sur celle du conseil d'administration. Depuis deux ans, il a inscrit dans son contrat d'objectifs le projet que tous les élèves soient, à terme, sensibilisés, voire engagés, dans une action éducative dite écoresponsable. Alors, quand l'association Alisée, "Maîtrise de l'énergie et énergies renouvelables en Pays de la Loire", a, l'an dernier, émis l'idée de tester dans deux lycées de la région un programme d'animations dans des classes, les membres du groupe de pilotage y ont vu l'occasion d'avancer dans leur propre projet et de trouver une base de travail commune qui, progressivement, pourrait s'imposer à tous.

Un leitmotiv, s'inscrire dans les programmes

Dans le comité de pilotage, et dès le troisième trimestre 2010, chacun des membres a pu se familiariser avec le projet de l'association. Le dialogue s'est engagé. Des outils ont été testés à l'interne, tel le jeu "Planète, horizon 2050" dont nous reparlerons plus tard. D'ores et déjà, il apparaissait clairement que ce ne pouvait être un projet extérieur, ni une animation clefs en mains dont les heures s'ajouteraient et se superposeraient aux objectifs inclus dans les programmes. Vite, des noms d'enseignants volontaires ont émergé et cette première liste a eu valeur de contrainte pour la constitution des équipes pédagogiques. Finalement, c'est la classe de seconde 3 qui a été désignée comme classe écoresponsable ou du moins, classe laboratoire en ce domaine. Se trouvaient réunies dans l'équipe, deux enseignantes de sciences, M.Frère en sciences physiques et F. Moreau en SVT. Deux disciplines où énergies fossiles et enjeux de biodiversité apparaissent en toutes lettres dans les programmes. S'est adjointe à eux une professeure de lettres, Chantal Riou, qui a conçu dans son projet annuel des temps de lecture et d'écriture dédiés à cette perspective. Puis, lorsqu'en début d'année, il s'est agi avec Sophie Aubier, animatrice de l'association Alisée, de planifier les heures, ce furent aussi le professeur d'histoire et géographie, E. Leroi, ainsi que le professeur de mathématiques, D. Lauret qui ont rejoint le projet. Le professeur d'allemand, L. Pannefieu contribua, pour sa part, à organiser un voyage dans la capitale du développement durable Fribourg en Brisgau (voir annexe).

Sensibiliser : photo-langage et jeu

Si, du côté des enseignants, les enjeux semblaient clairs, restait une question de taille : comment convaincre et persuader des élèves d'entrer dans cette perspective qui rompt avec les intérêts, quelquefois un peu nombrilistes, de bien des élèves en début de seconde ? Opération sensibilisation, donc ! Pour cela, selon la démarche arrêtée en commun, ce sont Sophie Aubier et le professeur de français qui ont proposé à la classe un travail de choix, d'argumentation et de débats contradictoires à partir d'un ensemble de reproductions photographiques. Le choix était important et les images proposées pouvaient poser ou non des questions en rapport avec les changements bioclimatiques et les enjeux énergétiques de la planète. Ce photo-langage se révéla une belle occasion de faire le point sur les connaissances pointues de certains, sur une forme d'indifférence pour les autres. Mais très vite, la classe entra dans le jeu et les deux premières heures se soldèrent par des débats de qualité. Pour fixer les esprits, un compte-rendu de ce travail, élaboré par les adultes, a été remis aux élèves (voir annexe). Pour améliorer la sensibilisation, l'association Alisée a prêté un jeu collaboratif sur plateau, "Planète, horizon 2050". Il permet d'aborder la question des enjeux climatiques sous l'angle des solidarités internationales. L'espace d'une séance de travaux pratiques, ils endossaient des rôles de décideurs et devaient faire des choix et des arbitrages pour trouver collectivement des solutions viables. Ce jeu intervenait à un moment où ces questions étaient abordées dans les programmes des matières scientifiques, et en géographie.

L'écologie, un néoromantisme ou une utopie ?

Rien de tel que le détour par l'imaginaire pour, à côté des informations scientifiques, se confronter à la réalité et se forger des idées personnelles. C'est le leitmotiv de C. Riou en français, et c'est dans ce dessein qu'elle a imaginé un projet annuel pour cette classe autour de cette phrase qui sonne comme un slogan : "les arts et la littérature parce que vivre ne suffit pas !" Pessoa. Dans ce cadre, elle a engagé les élèves dans une séquence consacrée aux utopies et dystopies. Des lectures de fictions, romans et nouvelles, associaient des textes classiques ou patrimoniaux et des lectures contemporaines qui avaient toutes comme point commun de traiter des enjeux écologiques dans le cadre de la science fiction (voir annexe). Une question un peu ambitieuse donnait son unité à ces lectures : peut-on dire que l'écologie est une nouvelle utopie, un néoromantisme ? Une occasion de réveiller le sens de ces notions littéraires en les associant à des préoccupations et des débats d'aujourd'hui. Par ailleurs, dans le cadre de la Semaine de la science, l'association angevine Cinélégendes proposait de mettre l'accent sur la question de la biodiversité à partir de la programmation du film La forêt interdite 1. Même si cette programmation se télescopa avec les aléas du blocage du lycée, le film fut finalement projeté en classe avec la participation de l'enseignante documentaliste, E. Pidancier, qui ainsi intégrait l'équipe des enseignants et s'associait au projet. L'occasion d'un beau débat sur le mythe du paradis perdu ou de l'Éden.

L'énergie, des faits

Mais quand on parle énergie ou changement climatique, mieux vaut asseoir ses opinions et engagements éventuels sur des données fiables. Lors d'un cours de géographie, les élèves ont pu faire un point sur les chiffres clefs recensés dans un diaporama. Cela leur a permis aussi de se faire une image claire de l'état de la concertation mondiale, européenne et française. Ils ont eu aussi l'occasion de revenir sur des notions vues en cours, dans le jeu ou dans les débats, et de préciser les actions possibles par chacun dans son quotidien. Une information et des exemples concrets ont pu être précisés à partir du site de l'association Negawatts qui présente des solutions de transition en matière d'énergie.

Place aux projets

Comme nous l'avons signalé, l'établissement est déjà engagé depuis plusieurs années dans une politique de développement durable. On peut citer quelques actions comme le calcul de l'empreinte carbone du fonctionnement du lycée, une réduction de la facture énergétique, une politique de recyclage des papiers, l'installation d'un mur végétalisé, la proposition de fournitures dites écologiques... Mais le groupe de pilotage se heurte à la question de l'information des élèves. Ils n'y vivent que trois ans. Comment les inclure dans une démarche active et les informer des travaux en cours ? Pour essayer de répondre à cette question, l'idée a été lancée d'élèves dits écoréférents dans chaque classe : ils serviraient de relais pour continuer les actions entreprises l'année précédente. Idée difficile à faire vivre dans le flux de toute la vie d'un lycée ! Pourtant, la vague des seconde 3 a essayé à son tour de faire le recensement des actions déjà ouvertes. Les uns ont pris rendez-vous avec le gestionnaire pour faire le point sur les factures ; les autres ont envisagé un modèle de covoiturage testé d'abord à l'échelle de la classe. D'autres groupes se sont lancés sur la question de la gestion des fermentescibles ou de l'amélioration des écopacks de fournitures proposés lors des inscriptions. Le temps a souvent manqué pour déboucher sur des actions concrètes, mais comment garder ce bénéfice pour que l'an prochain tout ne soit pas à reconstruire ?

Voyage, voyage !

Le temps a peut-être été un peu court et les emplois du temps de cette classe chargés, mais ils ont eu leur récompense qui est aussi une forte sensibilisation. Pendant une courte semaine, ils ont eu l'occasion, avec quelques élèves écoréférents volontaires, de se familiariser avec la ville de Fribourg-en-Brisgau. Concrètement, ils ont pu voir que de nouveaux modèles étaient possibles. Ils ont visité une ferme dans laquelle les vaches et leur lait permettaient de produire de l'énergie. Ils ont visité la maison Héliotrope qui tourne en suivant le soleil ! Ils ont rencontré des élus et habitants de l'écoquartier Vauban et se sont donc interrogés sur les enjeux, certes environnementaux et économiques du concept de développement durable, mais aussi sur sa dimension sociale. Alors, une récompense touristique ? Non ! Un travail de journalistes et de reporters : à l'issue de chaque journée de visites, chacun accomplissait une mutation et devait rédiger un article de presse. Avant de partir, ils avaient lu et étudié les différents types d'articles : éditorial, brèves, reportages. Ce travail d'écriture suivi et collecté par les enseignants accompagnateurs a été rapporté pour être corrigé par leur professeure de français. Le but : produire un numéro du journal du lycée, David O' Vert, consacré aux questions du développement durable. Ce journal est né du volet communication des ateliers liés aux recherches scientifiques et, puisque sa maquette donne satisfaction, autant en faire un vecteur de communication qui signe, en quelque sorte, l'empreinte écoresponsable du lycée.

David 0'Vert n°4

À leur retour, le cahier des charges et le calendrier se sont précisés : le numéro du journal David O'Vert allait paraître le 14 juin et serait présenté à tous les élèves du lycée lors des inscriptions et réinscriptions. La classe de français, dès ce moment, s'est transformée en un comité de rédaction. Une maquette du journal a été arrêtée, une ligne éditoriale décidée : David, un lycée écoresponsable ! Un concours d'éditoriaux a été lancé. Une fois les charges de travail réparties - écriture, corrections, mise en page, collecte d'informations, illustrations - il fallait aller vite, être autonome et vérifier plutôt deux fois qu'une ce qui allait paraître. Deux types de dossiers ont été retenus pour faciliter la lecture : l'un qui ferait le point sur les actions entreprises, l'autre qui serait un reportage sur l'expérience de Fribourg. Mais le travail ne s'arrête pas là. Trente-trois journalistes reporters certes, mais aussi trente-trois "chargés de com. !" En effet, les élèves devraient non seulement, par groupes de deux ou trois, présenter le journal à chaque classe, mais aussi préparer un diaporama de leur crû qui expose les dix bonnes raisons qui seraient de nature à lancer un élève dans une action écoresponsable ou à devenir un écoréférent l'an prochain. Une façon de tenter d'apporter une réponse au souci initial, celui de passer le relais et de soutenir un peu mieux le souffle collectif qui animerait tout un lycée écoresponsable.

Mais comme toujours, c'est ce qu'on ne dit pas qui est le plus important ! Chacun nourrit un rêve : et si, à travers la sensibilisation des élèves, on allait entraîner des collègues à entrer dans cette danse pour que les classes soient de plus en plus nombreuses à faire vivre le projet ? Affaire à suivre, donc !


1. Un film de Nicholas Ray, avec Christopher Plummer, Burl Ives, Peter Falk... (États-Unis) Genre : Drame - Durée : 1 h 33 mn Begat Theater Éditeur DVD : Wild Side Vidéo, année de production : 1958.
 
auteur(s) :

C. Riou

contributeur(s) :

S.  Aubier, J.-M.  Boucher, C.  Chenu, M.  Frère, D.  Lauret, E.  Leroi, F.  Moreau, L. Pannefieu, E.  Pidancier, Lycée David-d’Angers, Angers [49]

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information(s) technique(s) : pdf

taille : 185 Ko ;

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