innovation pédagogique

Perfectibilité du dispositif

Le dispositif adopté à l’école de Montsûrs émane d’une réflexion collective enrichie d’analyses, de constats, d’expérimentations. D’abord calqué sur le découpage de l’année scolaire en trimestres, le dispositif suit aujourd’hui le rythme des périodes scolaires afin d’engager davantage de classes et de varier les modalités de prise en charge. Car ce sont bien les difficultés des élèves qui guident les choix pédagogiques : accompagnement d’un seul élève, d’un petit groupe de besoins ou d’une demi-classe. Les réflexions internes et l’accompagnement de la circonscription (l’IEN et la CPC) ont fait évoluer l’organisation originelle. « On s’interroge constamment, en vue d’améliorations », reconnaissent les enseignantes. Et même si elles se disent très satisfaites du fonctionnement actuel, elles savent que des ajustements viendront parfaire l’organisation suivie cette année.

Évaluation des élèves

En sa qualité de référente du dispositif, Janine l’évalue, en fait un bilan à chaque fin de période. Il est nécessaire de mesurer les effets d’une telle organisation sur les apprentissages des élèves. Dès le mois de juin, à partir des élèves repérés comme étant fragiles face aux apprentissages, Janine se charge de composer les premiers groupes. En cours d’année, ces groupes vont constamment pouvoir évoluer selon les progrès des élèves concernés.
Assez rapidement après la mise en oeuvre du dispositif « Plus de maîtres que de classes » dans leur école, les enseignants ont fait le constat d’améliorations : « Les premiers résultats sont très encourageants." lit-on dans le compte-rendu du conseil d’école du 7 février 2014. Les évaluations nationales constituent des indicateurs précieux, notamment parce qu’elles permettent d’identifier les élèves ayant moins de 33 % de réussite. Ce sont aussi les évaluations régulières qui mettent en avant les retombées du travail effectué. Ainsi, les enseignantes admettent qu’après avoir mis l’accent sur un petit groupe de cinq élèves de CE1, cet effectif est passé à trois, puis à deux, du fait de sensibles progrès.
Plus encore, les élèves comprennent et voient que leurs difficultés sont prises en compte. Ils s’habituent à côtoyer plusieurs enseignants et non un seul.

Bilan des enseignants

D’emblée Janine précise que le dispositif, tel qu’ils l’ont adopté, s’avère motivant : "On a envie d’aider les élèves, car on nous donne les moyens d’aider ces élèves en difficulté". Elle qui a été maître E aurait pu garder des regrets de ses missions antérieures. Savoir se remettre en question, savoir réinterroger sa pédagogie, ne plus suivre sa propre programmation, mais celle que l’on a définie en équipe, travailler constamment en équipe sont autant de questionnements professionnels par lesquels il a fallu passer, avec l’incertitude du lendemain. Mais si on leur parle du passé, elles trouvent de nouveaux intérêts à ce qu’elles vivent aujourd’hui : "Le plus, c’est d’aller dans d’autres classes et de découvrir de nouveaux fonctionnements » reconnaît Aurore, alors que Janine ajoute : « Au début, il faut accepter d’être observé. Maintenant, on n’a plus peur du regard extérieur". Chacune a pris conscience des modifications en profondeur des pratiques personnelles et collectives. Finalement, la démarche de remédiation s’applique également aux enseignants !

Un travail en équipe renforcé

Certes, avant que ce dispositif ne soit mis en œuvre, l’école de Montsûrs avait développé une culture du travail en équipe, mais le dispositif "PE+" a conforté le sentiment que travailler avec les autres favorise l’engagement professionnel au service de la réussite des élèves. Il faut savoir être réceptif aux remarques des collègues, accorder du temps au dispositif pour qu’il évolue, consacrer quelques instants de sa pause méridienne pour effectuer un bref bilan ou préparer la séance qui va suivre.

Analyse réflexive et processus professionnalisant

La perception des difficultés des élèves et la continuité pédagogique résultent des concertations ; les bénéfices pour sa propre formation professionnelle et la satisfaction de l’enseignement ainsi organisé résultent des échanges avec les collègues ; la connaissance du fonctionnement systémique de l’école et l’expérimentation de formes d’enseignement différentes résultent d’observations autorisées par une disponibilité accrue. Aurore sait que grâce à ce fonctionnement, "On voit différemment ses propres élèves ; c’est enrichissant".
Les enseignantes reconnaissent que cette organisation permet de sortir d’une spécialisation (dans un niveau, un cycle) et qu’en équipe "On s’autorise à". Avec cette organisation, les frontières ont bougé et se développe une culture du partage.