Contenu

innovation pédagogique

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > actions éducatives > innovation pédagogique > échanger

la dimension réflexive de ce projet (= plus-values sur le cheminement professionnel, seul et collectif)

Avant de se lancer dans ce projet de classe virtuelle, Luc Taralle a suivi une formation accélérée afin d’être opérationnel avant la fin de l’année scolaire. La visite physique d’un monument parisien étant devenue caduque, il lui a fallu se former pour offrir une visite certes virtuelle, mais en direct et commentée par un spécialiste. Déjà il y a quelques années, il avait participé au dispositif "le Louvre sans conférencier". Pour lui, l’adaptation de l’enseignant au contexte d’enseignement est un préalable. "Le contexte particulier du confinement a réinterrogé nos pratiques", précise-t-il, persuadé que ses réflexions personnelles sont aussi celles de tous ses collègues enseignants et qu’elles doivent être partagées dès lors qu’elles ont montré leurs intérêts et qu’elles peuvent inciter des collègues à oser eux aussi se lancer dans des projets. Oser innover est ce qui caractérise cet enseignant qui n’hésite pas à expliquer sa vision du métier : "on est au service de nos élèves".
Non seulement le projet global qu’il propose à ses élèves est riche, mais en plus il prend appui sur la participation active de quelques acteurs extérieurs à l’école, et en première ligne les parents : "Je m'appuie aussi sur le partenariat avec les parents, différents professionnels comme une infirmière, un restaurateur, etc. pour mettre en œuvre des temps de rendez-vous et d'ouverture sur les apprentissages différents pour maintenir aussi un lien continu avec les élèves et les familles."
Le projet de classe virtuelle s’est donc enrichi d’activités artistiques, musicales, sportives, avec des parents et d’autres partenaires. Chacun a pu contribuer à son niveau puisque, comme le reconnaît Luc Taralle, "on a tous des compétences à partager".
Le projet a donc déclenché de nouvelles pratiques chez Luc Taralle : il lui aura permis de réfléchir sur sa pédagogie et d'introduire de nouvelles pratiques qu'il aura pérennisées en présentiel lors du retour des élèves post-confinement. 
Selon lui, "la visite virtuelle en direct pour la classe, l'implication des parents via des compétences spécifiques, c'est vraiment nouveau pour stimuler la cohésion du groupe-classe et inciter davantage l’investissement de chaque élève."
Il ajoute que lorsqu’il construit un tel projet, tout enseignant "pose les choses, réfléchit, rencontre, partage et bénéficie du regard des autres. Il s’extrait de l’isolement et enrichit son cheminement par les retours qu’il obtient lors de temps de collaboration avec les partenaires » que son projet amène à convoquer. Ce travail en réseau favorise le pas de côté et incite à « sortir des habitudes". Luc Taralle reconnaît la richesse des échanges qu’il peut avoir, lui, avec les partenaires qui viennent à la fois enrichir la réflexion collective et les projets proposés aux élèves. Pour lui, la richesse d’un projet est l’émanation du "aller vers" qui motive l’enseignant : aller vers les collègues, les familles, les élèves, les partenaires. Pour lui, dans ce projet de classe virtuelle : "l’enseignant est acteur et concepteur de son travail."
La dimension réflexive du projet co-construit avec ces acteurs extérieurs constitue donc pour l’enseignant un matériau qui alimente la réflexion personnelle et ouvre des horizons inattendus aux projets initiaux : "Réciproquement, on se nourrit, on s’enrichit."

Bénéfices pour les familles
 : impliquer les parents, leur demander d’aider leurs enfants, ne serait-ce que matériellement, pour que fonctionne le dispositif classe virtuelle, "c’est déjà rendre plus lisible le travail de l’école et construire leur confiance en l’école", comme le précise Luc Taralle. Cette implication peut aussi provoquer des échanges fructueux entre parents et enfants autour des découvertes effectuées en classe virtuelle. Selon l’enseignant, "toute cette expérience déclenche des questionnements de parents et modifie leurs représentations sur l’école. Il faut expliciter aux familles qu’on a construit un parcours avec le numérique, et qu’au cœur du projet il y a les apprentissages et l’engagement de leurs enfants." Les parents qui sont intervenus dans le cadre de cette classe virtuelle (une maman chanteuse, un papa danseur de popping, ...), ont pu être valorisés par leurs compétences mises en avant. "C'est aussi un point important que de créer un lien entre la classe et la maison. On donne à voir ce qu’il se passe dans la classe, on offre une autre image de l'école et des apprentissages aujourd'hui et en contexte. Si on parvient à provoquer un échange intrafamilial sur des sujets abordés à l’école, les élèves deviennent alors des ambassadeurs de la culture."

Bénéfices pour les élèves : outre les apprentissages liés à des contenus disciplinaires, le projet de classe virtuelle aura permis aux élèves de ne pas se déconnecter de l’école, de rester dans une dynamique d’apprentissages quotidiens surtout lorsque l’on vit l’école en distanciel, de garder le lien avec l’enseignant et ce qu’il représente, de développer sa curiosité culturelle et artistique, de comprendre qu’on doit chercher des solutions face aux obstacles. Lucide, Luc Taralle reconnaît que "l’efficacité de l’enseignement à distance reste imperceptible", mais, par ce dispositif, il aura cherché à "associer tous les élèves, en imaginant des scénarios pédagogiques originaux, des problématiques du lien notamment auprès des élèves désengagés. L'engagement des élèves au profit des apprentissages est un des axes principaux du projet et du scénario pédagogique que j'ai mis en place avec le médiateur de l'Arc de triomphe."
Par ailleurs, l’enseignant a souhaité faire émerger ce projet comme un jeu de piste dont la destination énigmatique est à découvrir progressivement. "J’ai débuté le travail de préparation du projet par différents défis transversaux pour nous permettre petit à petit de découvrir ensemble de quoi il s'agit, et pourquoi. Je dirai que c'est un peu 'une mise en bouche' qui a pour but de susciter la curiosité et de favoriser l'enrôlement et surtout de 'donner envie'. Je me souviens très bien de la réaction des enfants lorsque le dernier défi passant par l'indice de la chanson 'les Champs-Élysées' leur a permis de trouver 'que nous irons à Paris' (comme ils ont dit) et plus précisément visiter l'Arc de triomphe (monument très présent sur le clip de la chanson présenté sur le TNI de la classe). Ce qui a été intéressant de ce point de vue, ce sont les nouveaux les questionnements que cela suscite : Comment on va faire, comment ça va se passer ?"

Bénéfices pour l’enseignant : "l’enseignant est un passeur ", comme l’affirme cet enseignant, en ce qu’il permet aux élèves d’être accompagnés dans leur parcours scolaire, en ce qu’il joue un rôle de médiateur par exemple vers la culture.
"Pour moi, le projet Arc de triomphe s’inscrit dans une démarche d'ensemble qui a plus pour objectif d'éclairer la démarche globale et est un révélateur de mon cheminement réflexif. Cela questionne la pratique dans et hors la classe, et la forme scolaire de l’enseignement."
Comment prolonger l’offre sportive, artistique et culturelle lorsque stades, musées, conservatoires sont fermés ? Ce questionnement initial, qui n’était qu’un projet personnel au début, est progressivement devenu un cheminement collectif mettant en synergie différents acteurs et interlocuteurs, dont le conseiller pédagogique de la Circonscription des Sables d'Olonne et le soutien actif du groupe Le Labo dont Luc Taralle est membre depuis plusieurs années. "Je crois beaucoup à la richesse d’une réflexion collective car ce travail collaboratif offre d’autres dimensions à notre enseignement", explique cet enseignant. Le Labo est un espace de formation animé par nos collègues conseillers pédagogiques. C’est une communauté d'enseignants qui se retrouve et travaille ensemble au profit de la réussite des élèves."

Bénéfices pour les intervenants : Anthony Chenu a pu exploiter cette expérimentation menée avec une classe pour faire découvrir au grand public les arcanes de l’Arc de Triomphe, par le biais de livestream. "C’est un questionnement qui n’existait pas mais qui a été provoqué", explique Luc Taralle. Ce dispositif a finalement répondu à un besoin, notamment une approche pédagogique qui était à construire : "rien ne peut se faire sans ces échanges. Or, ajoute-t-il, avec Anthony Chenu, on a énormément échangé et cela a dépassé le cadre de la technique. Finalement, on a été innovants." En définitive, il reste "persuadé qu’un des leviers de ces différents projets menés tient à la capacité des acteurs quels qu'ils soient à travailler ensemble."
Et Luc Taralle de conclure : "La classe virtuelle donne à voir, mais il faut d’abord accepter le petit pas de côté". Une fois que ce pas est accepté, "on pose une page blanche : chacun d’entre nous se demande comment on va la remplir... et on la remplit ensemble."

haut de page

innovation pédagogique - Rectorat de l'Académie de Nantes