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la dysorthographie n’est pas une maladie incurable

mis à jour le 07/06/2011


echanger dossier 3

Considérée comme une fatalité par de nombreux élèves, la question de l'orthographe reste toujours d'actualité en lycée, les enseignants le savent bien. Pour résoudre un problème, encore faut-il en être conscient. Comment inciter les élèves à diagnostiquer eux-mêmes leurs propres difficultés ? La conscience de la curabilité de la maladie justifie le remède, qui n'a rien de miraculeux !

mots clés : échanger, diagnostic, autoévaluation, compétence 1, orthographe, accompagnement personnalisé, dysorthographie


L'équipe de français du lycée François-Truffaut de Challans, qui travaille en commun depuis de nombreuses années, s'est attelée à l'épineuse question de la correction ortho-syntaxique. Elle faisait naguère l'objet des premières séances d'aide, et aujourd'hui, de l'accompagnement personnalisé. En partant du principe qu'il est essentiel de donner des prises aux élèves, différentes stratégies sont mises en œuvre pour leur permettre de procéder à un diagnostic des difficultés. Il importe autant d'alerter que de rassurer, en montrant que ces difficultés peuvent être en grande partie résolues. Voici un exemple de cet accompagnement à la prise de conscience.

Identifier la maladie d'après ses signes

Le diagnostic est, selon le TLF (Trésor de la langue française), l'art d'identifier une maladie d'après ses signes, ses symptômes. Signes bien visibles sur les copies des élèves et dont les enseignants ne peuvent que déplorer la récurrente omniprésence. On ne peut, en seconde, consacrer trop de temps aux seules questions orthographiques, mais il est possible en revanche d'utiliser la capacité d'analyse des élèves, dont ils n'ont d'ailleurs pas toujours conscience eux-mêmes. Souvent découragés, fatalistes ou désinvoltes, certains se comportent comme s'ils avaient abandonné une lutte perdue d'avance, renonçant à tenter de comprendre ce qui ne va pas. Pour débloquer la situation, l'une des stratégies envisagées est donc de les inciter à y regarder de plus près, en repérant par eux-mêmes d'où proviennent ces erreurs éternellement recommencées. Histoire d'éviter le constat fataliste du "de toutes façons, je suis nul en orthographe"...

Écrasées comme de vulgaires punaises

Étonnement et déception chez les élèves quand on leur annonce en début d'année qu'on va faire une dictée ! Eux qui pensaient être définitivement débarrassés de ce douloureux exercice qui n'avait comme seul effet que de raviver chez certains le sentiment de leur impuissante nullité... La suite va tenter de leur montrer le contraire : ni nullité, ni impuissance. L'enseignant explique qu'il ne s'agit pas d'une évaluation, mais d'un exercice de diagnostic, histoire de faire ensemble l'état des lieux. La dictée commence donc : "J'ai fait tant de fautes d'orthographe depuis mon enfance ! Je les ai accumulées et elles me démoralisent. Mais je suis décidé(e), ça va changer ! J'ai recommencé toujours les mêmes erreurs. Mais maintenant, je les ai repérées et je vais les éviter. Je me sens encouragé(e) dans ma décision par les séances d'accompagnement personnalisé qui sont aménagées dans mon emploi du temps. Je peux, si je le veux, supprimer un grand nombre de fautes 1. C'est maintenant ou jamais : à la fin de l'année, j'aurai réglé cette satanée affaire. Il n'y a pas une minute à perdre ! Et le jour viendra bientôt où j'aurai écrasé ces fautes comme de vulgaires punaises". Ce ne sont pour l'instant que de belles paroles, comment les transformer en une réalité tangible ?


Diagnostiquer, c'est déjà guérir un peu

La correction est immédiatement donnée aux élèves. À l'aide du texte photocopié qui leur a été distribué, ceux-ci soulignent toutes les erreurs, y compris les majuscules, les mots oubliés ou les accents - ce qui est au passage l'occasion de rappeler que le trait horizontal n'est pas un accent français. Le dépit est parfois grand, certains élèves font une bonne vingtaine d'erreurs. L'étape suivante va les rassurer : ils entourent les fautes qu'ils n'auraient pas pu corriger seuls, celles pour lesquelles ils ont encore un doute et ne comprennent pas pourquoi il faut écrire de cette manière et non d'une autre. Ils calculent ensuite le pourcentage d'erreurs encore irréductibles par rapport à l'ensemble des erreurs commises. On centralise les pourcentages au tableau : le résultat est éloquent. Entre 50 et 80 % des erreurs pouvaient être évitées sans aide extérieure. La fatalité en prend un coup et l'humaine responsabilité voit soudain son blason redoré, tout comme le moral des troupes. Ce constat sera conforté par un second diagnostic. L'enseignant récupère les copies et procède lui-même à la correction en soulignant les fautes oubliées. Très peu d'élèves ont repéré toutes leurs erreurs, et certains ont corrigé celles qu'ils avaient vues de manière erronée. Manque de rigueur, inattention, désinvolture... Les enseignants savent bien qu'une grande partie de la cause du problème vient de là. Mais l'essentiel, c'est que les élèves s'en rendent compte par eux-mêmes, et pour beaucoup, ce n'est pas si évident que cela.

Le diagnostic, c'est bien beau...

Pour aller plus loin dans le diagnostic, les élèves procèdent ensuite à une typologie de leurs erreurs. Ils les classent en plusieurs catégories, auparavant expliquées par l'enseignant : les erreurs d'accords grammaticaux, les homophones, l'orthographe lexicale (en distinguant les cas où le son n'est pas respecté), et enfin, dans un dernier groupe, la ponctuation et les accents. Nouveaux pourcentages qui, certes, mettent en évidence la grande fréquence des fautes d'accord, mais pas uniquement. Les élèves découvrent aussi qu'ils sont en général sujets au(x) même(s) type(s) d'erreurs, ce qui circonscrit d'autant les lacunes à combler. Une fois ce diagnostic effectué, chaque élève décide de trois priorités pour les erreurs qu'il peut corriger lui-même. Il s'engage par exemple à veiller aux accords pluriel / singulier, aux accents et aux homophones à/a. L'objectif est d'aiguiser leur vigilance à chaque fois qu'ils écrivent, aussi les enseignants des autres disciplines sont-ils avertis de cet engagement 2. Ils peuvent ainsi le rappeler aux élèves lorsqu'ils sont amenés à écrire dans leur discipline. Pour ce qui est des autres erreurs, elles demandent une remédiation plus approfondie, dans la mesure où les élèves ne peuvent résoudre seuls des erreurs dont ils ne comprennent ni la cause ni la solution. Ce sera l'objet d'un cycle de séances d'accompagnement personnalisé, les résultats de ce diagnostic servant à constituer les groupes de travail. Mais ceci est une autre histoire...

1. Si les termes faute et dictée restent, et resteront peut-être, toujours liés dans la mémoire collective française, le terme faute tend à être remplacé par erreur, plus porteur en terme de pédagogie, et moins culpabilisant.

2. En prolongement de cet article, les professeurs peuvent consulter, sur le site de l'académie de Toulouse (rubrique "Maîtrise de la langue"), le projet "Orthogram" qui montre comment les équipes pédagogiques, toutes disciplines confondues, peuvent se saisir de préoccupations orthographiques et en faire l'objet de l'attention d'une classe ou de plusieurs classes durant une période donnée avec des effets observés.
L. Le Bras, IA-IPR de Lettres, groupe "Maîtrise de la langue et prévention de l'illettrisme".
 
auteur(s) :

D. Grégoire, Lycée François-Truffaut, Challans [85]

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