Aux origines, il y a tout simplement un manque au moment de la conception des cours. Comment construire ses propres séquences sans créer ses propres cartes ? Les manuels en proposent, bien sûr, mais elles ne correspondent pas nécessairement aux objectifs de séance fixés par le professeur. Par ailleurs, elles sont souvent en couleurs. Pour des raisons de coût et de législation, on ne peut envisager de les photocopier pour une classe. Ultime obstacle, majeur, elles sont davantage illustratives que réels supports de réflexion, puisque toutes les informations sont déjà données. Pour Nathalie Regrain, l’analyse d’une carte est efficace si l’élève peut “avoir la main dessus”. Pour apprendre, mieux vaut oublier les cartes couleurs, légendées, pleines de symboles. Bien au contraire, cette enseignante privilégie celles à trames, en noir et blanc : elles sont claires, lisibles. Et c’est pendant les cours que les élèves vont les compléter, l’analyse se faisant en pratique. Ainsi, elle s'est donc lancée dans la création de cartes numériques
1 adaptées aux objectifs de ses cours en développant
une pédagogie active.
Pour les créer, nul besoin de logiciel sophistiqué ou complexe : Nathalie Regrain utilise
Open Office OrgWriter (devenu Libre Office) et son module Cart’ooo. “Ce logiciel permet de réaliser des cartes à trames là où d’autres logiciels privilégient la couleur. Il présente un autre intérêt, celui de créer des cartes vectorielles qui sont redimensionnables et modifiables à volonté une fois que la structure générale de la carte a été faite”, précise l’enseignante. Quand on agrandit des éléments de la carte, objets géométriques (segments, courbes, polygones) créés par un ensemble de points qui sont autant de coordonnées modifiables, la qualité d’image est préservée, il n’y a aucun effet de pixellisation, contrairement aux images matricielles.

Autre avantage de ce logiciel : la possibilité de travailler le nuancé des gris. “Une carte se conçoit comme un millefeuille, les informations s’empilent les unes sur les autres”, explique l’enseignante. Parfois il faut refaire les contours, les frontières… Un travail certes chronophage, puisqu’il faut compter environ dix heures par création, mais passionnant. Pour commencer, l’idéal est de se créer une banque qui sert de base de travail.
Des fonds de cartes sont téléchargeables sur le site de l’académie d’Aix-Marseille (
http://www.histgeo.ac-aix-marseille.fr). Une cartothèque est également à disposition sur le site de Sciences politiques (
http://cartotheque.sciences-po.fr). Cependant, ces deux sites ne proposent que des cartes matricielles au format gif ou jpeg, donc elles ne se modifient pas. Pour disposer de fonds de cartes vectorielles, il faut se diriger vers le module Cart’ooo. Et la formation ? Il faut tout simplement se lancer, nous explique l’enseignante, convaincue que c’est en manipulant le logiciel que l’on apprend. Un apprentissage par l’expérimentation qu’elle met en œuvre également auprès de ses classes et qui fonctionne comme une expérience dynamisante.