C'est précisément lors de ces séances de réflexions collectives que certains ont soulevé le problème du langage. En effet, au cours de la séance de médiation, les médiateurs demandent aux "médiés" d'exprimer leur ressenti. Or il n'est pas évident de trouver les mots pour exprimer ce qui relève d'un vécu très personnel, de l'émotion ou encore de trouver les mots un peu abstraits pour parler des valeurs en cause. Cette difficulté est d'autant plus grande que les élèves sont jeunes et relèvent parfois du CP. Un apprentissage s'impose donc. Dans chaque classe, on travaille le lexique des émotions, à l'aide du "Comment chat va ?" régulièrement pratiqué en classe. Les réponses étant si réduites, les élèves se sont peu à peu aidés du tableau des "têtes de chats", chacune exprimant une expression particulière illustrant le mot pour la dire (
voir annexe). Si le tableau entier exprime trente-six émotions, en maternelle, les élèves commencent par choisir entre les sept "frimousses" affichées : joyeuse, effrayée, inquiète, fâchée, vilaine, étonnée, triste. Mais il faut toujours justifier son choix. "Moi, c'est la vilaine, parce que je préfère rester à la maison" ou "Je suis heureux parce que j'aime bien le travail qu'on fait !". Cet apprentissage est approfondi à l'aide d'albums comme
Parfois je me sens... (Anthony Browne, éditions Kaléïdoscope). Chaque année, les médiateurs sélectionnent quelques mots de la liste et les collent sur quatre affiches : peur, colère, joie, tristesse (voir ci-dessous). Ils seront utiles pour aider les plus jeunes à exprimer leurs émotions ou pour leur proposer des reformulations. Lors des rencontres entre établissements, ces tableaux seront des sources d'échanges. Pendant le "parcours citoyen" les mots ne sont pas seulement répartis selon les quatre catégories mentionnées, mais aussi classés dans un ordre progressif du plus faible au plus fort pour chaque émotion. Cet outil, appelé "humeuromètre", permet à chacun d'évaluer son degré d'émotion par le mot qui convient (
voir annexe). La connaissance de soi passe par la maîtrise de la langue, on se connaît et on se contrôle d'autant mieux qu'on peut mettre des mots sur ce qu'on ressent. Un autre travail est aussi mené sur le vocabulaire des qualités. Pour apprendre à regarder les camarades avec un œil positif, on demande de dire ce qu'ils ont de bien. Chacun choisit d'abord son camarade puis, dans un second temps... il est tiré au sort ! Les réponses se limitent, au début, à deux mots : joli, gentil. À l'aide d'une fiche (
voir annexe), ils enrichissent leur vocabulaire. Pour le maîtriser, ils réalisent, par exemple, des acrostiches sur le nom du camarade à partir de cette liste... Ces divers apprentissages sont d'ailleurs tout l'enjeu de l'axe pédagogique du projet d'école autour de la maîtrise du langage de la petite section de maternelle au CM2.