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le droit à l’erreur et le devoir d’être évalué

La persistance1 est une compétence clé pour l’école de demain. Cela signifie être capable de donner aux élèves le droit à l’erreur. Et cette aptitude, c’est aussi celle que Sandrine Penven tente de développer auprès des jeunes. Elle conçoit son métier d’enseignant comme celui d’un "chercheur qui expérimente"2. S’il se trompe, alors il doit persister : il doit apprendre et chercher des solutions. En dédramatisant l’erreur, in fine, Sandrine Penven cherche à construire auprès de ses élèves, la confiance dans leur capacité à réussir.

Chercher et réfléchir : l’importance du brouillon et des annotations
Au sens étymologique, le "brouillon" signifie "griffonner", "brouiller". À l’intérieur, on y dépose souvent des idées plus ou moins construites. Et parfois, l’on ne parvient pas dans l’immédiat à aller jusqu’au bout de la réflexion et de la tâche. Il faut bien souvent le manipuler et le reprendre avant de parvenir aux objectifs attendus.
Alors, lorsque les élèves de Sandrine Penven sont en trop grandes difficultés face à une évaluation, l’enseignante décide parfois de ramasser les brouillons et de les évaluer à la mesure de leur état d’avancement. En contrepartie, elle attend des élèves qu’ils expliquent "leur cheminement intellectuel". Chacun doit alors annoter ce qu’il comprend ou ne comprend pas. Cela permet alors à Sandrine Penven de les repositionner en fonction des attentes des activités : "je ne veux pas qu’ils décrochent. Je veux comprendre ce qu’il se passe dans leurs esprits. S’ils ne réussissent pas, c’est aussi parce que je suis passée à côté de quelque chose. Il faut donc pouvoir les aider à avancer."

Une approche différenciée 
En parallèle, l’enseignante différencie ses évaluations, non pas dans le contenu, mais dans l’approche, afin de s’adapter au mieux à certaines difficultés que pourraient rencontrer ses élèves. Par exemple, si l’un d’entre eux peine à comprendre un document sonore, alors elle préférera opter d’abord pour une activité plus dirigée : "je ne vais pas pouvoir lui poser d’entrée de jeu dix questions. J’imagine plutôt un 'qui', 'quoi', 'quand' qui lui permettra de sélectionner les informations au début. Et il progressera ainsi au fur et à mesure."

Des évaluations par niveau de difficulté
Pour s’adapter à la pluralité des besoins, et parce que "chacun n’avance jamais au même rythme", l’enseignante propose à ses élèves deux à trois niveaux de difficulté par évaluation. Chacun va alors avoir le choix de se positionner sur trois supports (deux minimum) respectivement classés ainsi : easy (sur 12 points), difficult (sur 15 points), more difficult (sur 20 points).
Donner ce choix, c’est permettre à l’élève de s’interroger sur ce qu’il est capable de faire à un instant T. Et cela importe à Sandrine Penven d’être disponible pour engager cette conversation avec eux. Car l’objectif pour elle, c’est de les valoriser, leur montrer "qu’ils sont capables de faire et que ce n’est pas grave si chacun n’avance pas au même rythme".
Mais souvent, parce qu’ils ne sont pas habitués, ils peinent à faire des choix : "c’est à vous de nous dire". Alors certains sont tentés de toujours choisir l’évaluation la plus simple afin de se garantir la moyenne. Pour éviter ces écueils et garantir la progression de tous, Sandrine Penven a alors instauré une règle. Les élèves ne peuvent pas choisir plus de trois fois (sur une même compétence) l’évaluation easy. D’ailleurs, elle note leur choix sur une fiche de suivi.
L’objectif de cette pratique consiste à pousser ses élèves dans leurs retranchements, à les inciter à hésiter pour mieux tester leur capacité : "je suis là pour les accompagner. Je veux qu’ils prennent conscience de leurs compétences et de leurs axes de progression".
Aussi, il arrive que certains d’entre eux débordent et critiquent le choix d’autres. Dans ce cas, l’enseignante intervient et recadre le groupe. Le respect de chacun étant le devoir de tous dans la classe. À l’inverse, il arrive aussi qu’ils se challengent et osent prendre en groupe l’évaluation la plus difficile.

Fin des copies blanches et réflexion sur soi
L’intérêt de ce système repose sur la manière dont les élèves se l’approprient. Depuis qu’elle l’a mis en place, elle ne reçoit plus de copies blanches. Tous essaient à chaque fois. Elle leur demande : "Si vous ne savez pas faire alors il faut comprendre pourquoi. Vous m’écrivez donc sur votre copie les questions que vous vous êtes posées".
Ce passage réflexif permet d’échanger avec l’élève : peut-être n’a-t-il tout simplement pas compris une notion ? Ou encore une consigne ? Peut-être n’a-t-il pas appris sa leçon ? Le fait que l’élève conscientise ses erreurs ou ses manques lui permet de les dédramatiser. Elle leur explique souvent : "Regarde la montagne. Ton objectif, c’est d’aller tout en haut. Mais tu sais que tu ne peux pas la gravir en une fois. Il va falloir des étapes. Oui, tu vas trébucher, oui tu vas tomber mais tu vas aussi remonter."

Un suivi encore chronophage
À la fin de chaque séquence, Sandrine Penven demande à ses élèves de s’auto-évaluer. En parallèle, elle suit leur progression en la notant dans un tableau de compétences. Mais le contrôle lui paraît encore trop chronophage malgré la volonté "de les aider à ne pas négliger telle ou telle compétence". Elle cherche à le simplifier et pense à ôter quelques items.


1. "Les compétences du XXIe siècle", déclinées par l’OCDE.
2. Concept évoqué de l’enseignant chercheur évoqué lors de la conférence de Philippe Meirieu au forum des enseignants innovants à Paris en 2015.

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