Contenu

innovation pédagogique

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > actions éducatives > innovation pédagogique > échanger

le droit au mouvement

Construire l’autonomie des élèves en les laissant choisir l’espace où ils veulent travailler
Pour elle, "c’est humain"1 que les élèves aient besoin d’être libres de se mouvoir en classe. Être libre, c’est leur donner la capacité d’appréhender leurs besoins et les laisser choisir les espaces qui leur conviennent le mieux pour apprendre.
La construction de sa classe flexible a été progressive. L’enseignante a commencé par mettre en place un espace détente, un coin canapé composé de quelques fauteuils et d’une étagère. Ce dernier a deux fonctions, celles d’abord de laisser pour un temps quelques élèves contrariés se détendre avant de s’engager dans le travail et ensuite celles de permettre aux lycéens qui auraient terminé les activités du jour, de réinvestir leurs savoirs acquis au gré des séquences précédentes, en jouant ou en se documentant. Des ressources sont ainsi disponibles en lien avec les apprentissages quotidiens : des documents authentiques, des dictionnaires, des jeux de questions-réponses souvent construits par les élèves.
Au fur et à mesure, la professeure a installé huit zones de travail dans sa classe. Lorsqu’elle change de salle, ce sont ses étiquettes qui font office de repères d’espaces pour les élèves.

Des zones de travail
Ces zones ont d’abord été testées dans le cadre de l’enseignement de l’anglais puis du français. Elles se composent respectivement de :
THE DISCOVERY ZONE : c’est une zone de découverte qui a pour projet de laisser place à l’imagination des élèves.
THE NEWS ZONE : zone de communication pour échanger sur le sujet du jour.
THE SUPPLIES ZONE : zone documentaire.
THE COMMUNITY ZONE : zone de coopération.
THE QUIET ZONE : zone de calme pour travailler seul souvent.
THE WRITING ZONE : zone d’écriture.
THE TEACHER ZONE : zone pour échanger avec l’enseignant.
THE CHILL OUT ZONE : zone de retrait si le besoin se fait ressentir.

Ces espaces ne sont pas toujours tous mobilisés au cours de la séquence. Selon les objectifs d’apprentissage que Sandrine Penven fixe et selon les besoins des élèves, deux ou trois seulement peuvent être convoqués. En revanche, les élèves doivent toutes les avoir éprouvés et savent qu’ils ne peuvent pas être plus de quatre par zones. Si l’un d’entre eux se retrouve seul, alors l’enseignante lorsqu’elle le peut, intervient et l’accompagne.

Dans ces zones, les activités peuvent être identiques ou bien différentes et complémentaires. Mais toutes concourent à un objectif commun, la tâche finale : présenter par exemple un voyage à l’oral en deux minutes. Les élèves peuvent alors choisir la zone qu’il souhaite initier en premier. Ils ont aussi le droit de travailler debout ou assis et décider de l’organisation des tables s’ils veulent travailler avec une personne en particulier.

La configuration de la salle d’ailleurs n’est jamais figée. Il peut très bien y avoir des îlots et en parallèle une disposition en U. Parfois, les élèves peuvent aussi travailler dehors : "Progressivement j’aspire à leur laisser de plus en plus de place. Les élèves gèrent leurs activités, ils sont en mouvement. Il y a des temps où certains vont prendre en charge la classe, d’autres où ils vont chercher des documents ressources, des temps où ils se mettent en groupe, partagent et travaillent ensemble. Et des temps où c’est moi qui tous les quarts d’heure recadre l’essentiel et construis progressivement avec eux la trace écrite."
 

La classe flexible telle que la conçoit Sandrine Penven n’empêche pas par conséquent le modèle de classe plus traditionnelle. À chaque fin de séance par exemple, l’enseignante rassemble ses élèves pour faire le point sur les acquis et la compréhension : "Il y a toujours un moment où je les récupère tous. Ils savent que quand je leur dis 'temps ensemble', ils doivent s’arrêter. Parfois le signal, c’est un compte à rebours ou bien la fin d’une musique".

Un cadre co-construit au fil de l’eau

Pour que l’organisation de ces espaces soit efficiente, Sandrine Penven compte sur la responsabilisation de ses élèves et sur leur bon sens. Hormis le règlement intérieur de l’établissement, il n’y a pas de liste à proprement dite à suivre. C’est au fil de l’eau que se co-construisent les droits et les devoirs des élèves : Je leur dis souvent : "on ne va pas énumérer ce que vous pouvez faire et ne pas faire. Vous n’allez pas vous en souvenir. On a quelques principes de base, par exemple, ne pas mettre les pieds contre les murs, ne pas s’allonger dans le canapé. Pour le reste, vous faites et je recadre au fur et à mesure si besoin". Puis progressivement, c’est venu d’eux "madame, est-ce qu’on peut faire ça ?".

Sandrine Penven a la volonté d’aider ses élèves à s’autoréguler : chacun doit apprendre à être vigilant au bruit parfois difficile à contenir sur des zones d’échange ou lorsque le mobilier est déplacé.

Des élèves plus mobilisés
Ce changement de paradigme peut effrayer certains élèves au début. Ils n’osent pas investir l’espace. Mais très vite, ils s’adaptent et apprécient leur autonomie : "je vois mes élèves acteurs. Ils bougent et s’investissent dans la classe. Ils ne restent jamais à rien faire". Les élèves quant à eux "progressent à leur rythme" et aiment "ne pas toujours travailler avec les mêmes"2.


1. Interview de Sandrine Penven en visioconférence - Cardie - Juillet 2021.
2. Paroles d’élèves rapportées par Sandrine Penven - Visioconférence pour la Cardie, juillet 2021.

haut de page

innovation pédagogique - Rectorat de l'Académie de Nantes