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le droit aux émotions et le devoir de réflexion

Sandrine Penven s’emploie au quotidien à aider ses élèves à mieux identifier leurs ressentis. Elle leur donne le droit aux émotions, c’est-à-dire qu’elle accepte une certaine souplesse quand elle s’aperçoit qu’un élève en mal-être ne peut entrer dans les apprentissages. Mais cette flexibilité dépend toujours de la structure non négociable qu’elle instaure en classe : "j’ai un cadre et un programme à respecter". En ce sens, elle réussit grâce à des outils choisis à désamorcer des situations qui auraient pu être conflictuelles avec ses élèves. Par l’analyse de soi, elle leur apprend l’autorégulation.

Le mur d’humeur pour identifier ce que l’on ressent
Constamment observatrice, l’enseignante souhaite prendre le temps de la réflexion individuelle avec ses élèves. Lorsqu’elle s’aperçoit que l’un d’entre eux ne travaille pas ou se sent perturbé, alors elle s’arrête et l’interroge sur les raisons de sa posture. Pour aider l’analyse et engager la conversation avec lui, elle utilise le mur d’humeur Blob Tree. Ce sont de petits personnages - des blobs - qui n’ont pas de genre, pas d’âge, pas de nationalité mais qui parlent le langage corporel, c’est-à-dire qui expriment les émotions en adoptant des positions différentes sur un arbre.
Le questionnement avec l’élève comporte alors au moins deux étapes : "quel blob ressemble le plus à ce que tu ressens maintenant ? Quel est celui que tu pourrais être et qui te permettrait de regagner les apprentissages ?"
Car l’objectif est bien celui-là : permettre à l’élève de rejoindre le groupe et lui demander de réaliser les activités attendues. Le travail n’étant jamais négociable. Seules les modalités pour y parvenir pouvant l’être : "Souvent je lui dis : j’ai compris que tu n’étais pas prêt aujourd’hui à être mobilisé comme je l’attends. Je vais donc faire un effort mais je te demande toi aussi d’en faire un. Il va alors falloir trouver un intermédiaire." La symbolique est souvent celle du blob qui en aide un autre en lui faisant la courte échelle. Alors parfois les élèves lui répondent : "si je vais travailler avec elle, je veux bien faire cet effort-là".
Sandrine Penven a la sensation qu’en écoutant ses élèves, en leur donnant le droit aux émotions, elle peut les récupérer et éviter les situations qui dégénèrent. Pour que cela soit efficient en revanche, l’engagement doit toujours être réciproque.

Le coin canapé pour s’apaiser avant de travailler
Donner le droit aux émotions, ce n’est pas toujours dans l’immédiat les exprimer verbalement. L’enseignante a alors aménagé un coin canapé qui fonctionne de façon figurative comme une cocotte-minute. En d’autres termes, c’est un SAS qui offre la possibilité à l’élève de se calmer, de décompresser, de relâcher la pression avant de se mettre au travail : "J’essaie tout le temps de les confronter à leur propre réflexion et à leur propre réalité. J’ai déjà eu des conflits avec les élèves et j’en aurai encore mais je n’en ai quasiment plus car j’ai appris à désamorcer le conflit. J’ai accepté l’idée que l’élève en question ne soit pas prêt et ait besoin de temps avant d’entrer dans les apprentissages."
Cela ne signifie pas pour autant que la situation reste sans réponse, "je n’oublie pas". Sandrine Penven organise ensuite un entretien avec l’élève et lui demande ce qui l’a empêché de rejoindre le groupe et le travail. Ensemble, ils cherchent des solutions pour se prémunir de situations qui se répèteraient.
Les élèves semblent apprécier cette démarche. D’ailleurs, lors des portes ouvertes, ils présentent souvent cet espace cocotte-minute.

Oser interrompre le cours
Sandrine Penven veut sans cesse comprendre les situations qui empêchent ses élèves de travailler. Lorsqu’elle s’aperçoit que le groupe ne parvient pas à étudier en harmonie, alors elle s’arrête : "je ne veux pas les perdre. Je veux toujours qu’ils s’interrogent sur les raisons de leur comportement. Alors je leur demande clairement : pourquoi cela ne fonctionne pas aujourd’hui ? Est-ce vous ? Est-ce moi ? Nous avons un cours à suivre et vous devez raccrocher. Que devons-nous mettre en place alors ?". L’échange peut durer quelques minutes avant de trouver les solutions. L’objectif de cette démarche consiste à les sensibiliser à l’écoute, à la réflexion et à l’importance de la communication.

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