innovation pédagogique

L’enseignement flexible repose sur le droit au choix. Pour Sandrine Penven, cela se traduit par laisser les élèves libres de restituer les activités à leur manière. Attention, cela ne suppose pas de faire l’impasse sur les compétences du programme de lettres par exemple : dire ou écrire. Mais cela implique de donner la possibilité à l’élève d’être à l’aise pour s’exprimer. Alors il ne se tait plus, il ne s’empêche plus, au prétexte de ne pas réussir à suivre la situation de communication qu’on lui impose. L’enseignante veut élever ses élèves sans modèle préétabli "en les observant, en partant d’eux et de leurs besoins toujours".

Une enseignante qui s’adapte et des élèves qui se sentent compris
À leur manière, les élèves de Sandrine Penven restituent leurs travaux. Ils peuvent très bien choisir la carte mentale, le schéma, le dessin ou encore la rédaction si cela leur permet de mieux comprendre les notions abordées.

Ce choix pédagogique a été initié avec l’expérience d’une élève qui dessinait en classe : "Que fait-on d’un élève qui dessine ? On l’exclut ou on s’interroge sur la manière de mieux l’insérer dans les apprentissages ?" L’enseignante a donc eu l’idée de lui proposer la pratique du sketchnoting1 en lui donnant un défi. À la fin de l’heure, elle devait présenter ses dessins comme synthèse de cours au groupe classe : "C’était fabuleux. Je n’ai pas perdu l’élève, elle a suivi, elle s’est concentrée et cela a généré chez elle un sentiment de fierté. À un autre moment également, c’est une autre personne qui, pour se présenter en trois minutes devant le groupe en anglais, a préféré dessiner plutôt qu’écrire : Moi mon objectif c’était qu’elle parle. Après, les chemins qu’elle choisit, ça lui appartient."


Une autre anecdote marquante que Sandrine Penven aime donner à voir lors des formations qu’elle dispense auprès d’enseignants est celui d’une élève qui avait choisi de fabriquer un origami pour illustrer sa suite de texte en français lors d’une séquence sur Marcel Pagnol : "grâce à cette expérience, les élèves ont mieux compris la méthode d’écriture et ont donné du sens aux mots."


Parfois, ce sont ses élèves qui demandent s’ils peuvent tous construire une carte mentale par exemple. Ce fut le cas pour une activité en anglais - my destination - où ils devaient apprendre du vocabulaire pour rendre compte d’un voyage. Sandrine Penven s’est aperçue en les observant et en les comparant qu’elles étaient toutes différentes : "certaines étaient presque illisibles pour moi. On aurait dit un brouillon et pourtant ça leur faisait sens comme quoi chacun a besoin de s’approprier le contenu comme il l’entend."

Le cahier : leur carnet de voyage
Dans l’une de ses nombreuses vies avant d’être enseignante, Sandrine Penven a été guide interprète. C’est peut-être pour cette raison qu’elle s’amuse à comparer le cahier de ses élèves à un carnet de voyage. Pour elle, il est important que les jeunes s’approprient leur outil de travail et le fasse vivre.
Le déclencheur, c’est le jour où l’un de ses élèves lui a demandée s’il pouvait illustrer les textes qu’il lisait en classe, en dessinant à côté d’eux : "pour faire l’analogie avec les anciens programmes de CAP en français, dans le cahier, il y a une marge et une norme. Je représente la norme et eux la marge. Et la marge c’est leur univers. S’ils ont envie de dessiner ou de coller une image, alors pourquoi pas ?".

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1. Le sketchnoting est une technique de prise de notes qui mêle visuel et dessins.