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les clés du dispositif

Les clés du dispositifs’articulent autour de trois points forts. Ce qui ressort premièrement est la grande autonomie accordées aux élèves au sein d’une organisation ritualisée de la séance particulièrement cadrante. Le fonctionnement de la classe induit une liberté certaine à condition de respecter les modalités de travail imposées : l’élève fait des choix (ordre des activités, travail seul ou avec son équipe) mais au moment de la mise en commun, on attend de lui de participer aux échanges, de se confronter aux idées des autres. Le respect de chacun comme des exigences du professeur est donc central. "Si un élève ne veut pas travailler avec les autres, il est entendu et non pas ignoré. Il est libre de rester seul mais il est régulièrement sollicité par ses camarades ou par le professeur qui lui proposent des situations variées d’implication", explique P. Loukianoff. Mais apprendre par les pairs suppose des échanges et une qualité d’attention, la capacité "d’écouter et de respecter celui qui nous explique". Il y a donc un contrat tacite dans la classe : l’élève choisit ses modalités de travail mais s’engage à participer aux temps d’échanges, fondateurs pour atteindre les objectifs d’apprentissage. La place de l’expression orale constitue justement un autre axe du dispositif : l’organisation du cours implique des interactions verbales de plus en plus élargies au fil de la séance (seul avec son équipe ou quelques membres de son équipe, l’équipe ou une partie de l’équipe avec le professeur, le rapporteur avec la classe entière et le professeur). Chaque élève pourra mesurer la pertinence de sa réflexion à l’aune de celle de ses camarades du petit groupe puis de la classe entière, chacun apportant sa pierre à l’édifice. Troisième point notable, celui de la posture du professeur, à la fois observateur et chef d’orchestre. Durant la phase de travail autonome, son objectif est de faire avancer les élèves sans les guider directement vers les réponses. L’observation du travail produit dans chaque équipe lui permet de créer des réseaux d’aide dans la classe, il propose aussi des outils et, surtout, s’assure que la réflexion des élèves se construit et si nécessaire la relance par des questions qui n’induisent aucune "bonne" réponse : "Vous rappelez-vous comment vous aviez fait la dernière fois ? Que pensez-vous de la réponse proposée par  X ?".

Les éléments incontournables
• Définir clairement les règles de fonctionnement de la classe : ritualiser des temps et modalités de travail au sein desquels l’autonomie des élèves peut se développer Prise de parole, déplacements dans la classe, travail avec son équipe ou seul /à deux au sein d’une équipe, avoir le droit de demander à un pair, au professeur…

• Créer des situations et des supports de travail qui amènent les élèves à « vouloir savoir, vouloir comprendre » et à prendre des initiatives. Prévoir les aides écrites qui leur permettront de découvrir et comprendre par eux-mêmes.

• Permettre aux élèves d’évaluer leurs réussites, accorder une vraie place à l’évaluation formative.
Quand l’élève estime avoir réussi le travail demandé, il peut décider de rendre sa fiche d’activité au professeur pour qu’il l’évalue. Selon le déroulement de la séance, si l’élève a entre temps compris quelque chose en plus, il a la possibilité de rendre deux fois la même fiche (le jour même ou le lendemain). La note est alors améliorée. Certains élèves ont ainsi plus de notes que d’autres. Les évaluations sommatives sont maintenues.

• Penser la posture du professeur : le travail autonome des élèves exige une réactivité accrue du professeur qui ne s’éloigne jamais de son objectif d’apprentissage mais s’adapte pleinement au cheminement des collégiens.
Comment observer pour créer des réseaux d’aide dans la classe ? Comment formuler les questions aux élèves sans jamais guider vers les "bonnes" réponses mais faire émerger leur propre raisonnement ? Comment faire formuler, expliciter, reformuler ? À quel moment introduire la terminologie associée aux notions abordées ? Comment l’intégrer à la trace finale verbale puis écrite formulée par les élèves et validée par l’enseignant ? …

Les perspectives

• Travailler la qualité de l’écoute : comment entraîner les élèves à maintenir leur attention ? "C’est un problème récurrent qui n’est pas forcément lié à l’ennui", note P. Loukianoff. "Les tableaux pourront stimuler cette attention lors des travaux de groupes". On peut envisager par exemple la mise en place d’activités au tableau lors desquelles chacun a une mission (quelque chose à écrire) et doit rester vigilant quant au moment et à la pertinence de son intervention.

• Travailler la qualité de l’explication : "L’enseignement mutuel suppose une qualité de l’explication. Or, les élèves n’y arrivent pas tous spontanément. Je souhaite développer des méthodologies d’explications. Par exemple, le raisonnement inductif, la déduction, l’hypothèse, l’illustration, la progression thématique linéaire ou à thème constant", précise l’enseignant.

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