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“Nous demandons à l’imprévisible de décevoir l’attendu.”

mis à jour le 05/11/2014


echanger dossier 11

Au collège Lucie-Aubrac de Vertou, le développement durable, au sens large du terme, constitue le fil conducteur d'une véritable politique d'établissement. Après un tour d'horizon de ce projet, nous mettrons le focus sur deux actions majeures "Sauvons la planète" et "Les jardins intérieurs".

mots clés : échanger, collège, développement durable, arts plastiques, SVT


epuis sa création en 2007, le collège Lucie-Aubrac est un établissement qui a élaboré un projet de développement durable. Installé à l'est de Vertou, le collège se situe à la fois à proximité du centre de l'agglomération et à l'écart de celle-ci, dans un espace préservé. Il a été implanté sur le site des Échalonnières, un site exceptionnel qui constitue une véritable niche écologique. Ainsi, existe-t-il à proximité un parc paysager qui regroupe des milieux naturels différents : prairies de fauche, zones de sous-bois, zone humide avec deux mares et un ruisseau 2. De plus, le collège a bénéficié d'une architecture respectueuse des normes de Haute qualité environnementale. Toitures végétalisées, puits de lumière, lampes basse consommation, facilités d'accès et de circulation, sols, vitres et classes colorés, salles communes claires et spacieuses, il est le premier établissement de Loire-Atlantique à avoir été conçu dans une démarche conjuguant respect de l'environnement, fonctionnalité et confort des usagers. D'ailleurs, l'agence d'architecture, Forma 6, qui l'a conçu a remporté le premier prix départemental ex æquo d'architecture 2008 par le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement 44. Enfin, les deux chefs d'établissement qui se sont succédé ont porté ce projet, notamment en aménageant les emplois du temps afin de favoriser les nombreuses actions dédiées au développement durable. Le principal qui a ouvert le collège est actuellement membre du comité de pilotage académique de l'éducation au développement durable. En 2008-2009, le collège a fait partie des trois collèges pilotes en ce domaine dans le département, avec deux établissements de Carquefou et Pontchâteau. Le conseil général a accompagné le collège, notamment pour sensibiliser le personnel aux enjeux de la démarche durable, via Écopole, une plateforme d'échanges et d'information, qui a été labellisée Centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE) Pays de Nantes. Écopole réunit ainsi quatre-vingts associations agissant dans des domaines aussi variés que l'environnement, l'éducation populaire, l'économie solidaire. Afin de créer une culture commune d'établissement, le personnel a visité des sites à faible empreinte écologique telle La Maison autonome de Moisdon-la-Rivière, située entre Rennes et Nantes.

Penser global

Tous ces éléments ont donc concouru à concevoir, au collège Lucie-Aubrac, le développement durable selon une démarche globale qui imprègne autant les enseignements que la gestion de l'établissement, conformément aux préconisations ministérielles relatives au label E3D : "Peut être considéré comme E3D - école/ établissement en démarche de développement durable" tout établissement scolaire engagé dans un projet de développement durable fondé sur la mise en œuvre d'un projet établissant une continuité entre les enseignements, la vie scolaire, la gestion et la maintenance de la structure scolaire tout en s'ouvrant sur l'extérieur par le partenariat 3. Le développement durable est ainsi considéré sous ses formes environnementales, sociales et citoyennes de manière à concilier le progrès économique, le progrès social et l'équilibre naturel de la planète. De ce fait, la sensibilisation à la biodiversité, l'exercice de l'écocitoyenneté sont inséparables des comportements solidaires et responsables sur le plan des relations humaines. Le projet de développement durable se décline donc en trois axes : permettre à tous de connaître et de comprendre les enjeux du développement durable, agir et s'engager individuellement et collectivement au collège et mettre en place les conditions du bien-vivre ensemble (voir annexe). Chaque volet de ce triptyque donne lieu à de nombreuses actions éducatives et pédagogiques tout en impliquant l'ensemble du personnel de l'établissement. Ainsi, le premier axe donne lieu à la découverte de la biodiversité, de l'habitat et du comportement écoresponsables. C'est là que se situe l'atelier "Sauvons la planète". Du côté de l'action individuelle et collective, second axe du projet global, des actions transversales concernent notamment la réduction des déchets, le manger durable et la consommation raisonnée. Enfin, le dernier axe inclut la solidarité et le respect des différences. Il a donné lieu à la rédaction d'une charte de vie du collégien, ainsi qu'à la mise en place de projets tels que "Jardin(s) intérieur(s)".



Sensibilisés dès leur entrée au collège

Dès leur arrivée au collège, les élèves sont initiés au développement durable. L'emploi du temps des élèves de sixième intègre une heure hebdomadaire en barrette consacrée à divers ateliers. Pour sa part, Carole Guisnel-Etève, professeure de technologie, anime un atelier intitulé "Sauvons la planète" qui s'inscrit dans la démarche globale de l'établissement. Pendant cinq séances d'une heure, par demi-classe, il s'agit de sensibiliser les élèves aux enjeux du développement durable. Les thèmes abordés sont les suivants : les déchets, l'énergie et les transports, l'alimentation et la biodiversité. Les activités sont aussi variées que les supports : observation de photos ou de vidéos, recherches sur internet, utilisation de traitement de texte, de PAO ou de diaporama, fabrication et manipulation. Les ateliers sont animés par des enseignants, mais aussi par l'infirmière, le CPE, le cuisinier ou des intervenants extérieurs tels que des médiateurs de Nantes Métropole au sujet du tri des déchets, thème sur lequel les élèves réalisent des affiches.

Manger durable

Parmi les thèmes abordés dans l'atelier "Sauvons la planète", figure l'alimentation. 66 % des menus servis au collège sont biologiques. Le cuisinier et l'infirmière sont particulièrement investis dans ce projet. Une diététicienne vient au collège expliquer aux classes de cinquième durant une heure les principes de l'équilibre alimentaire. Le collège fait appel à des fournisseurs locaux et a réintroduit des variétés de produits originaux. Le volet alimentation de l'atelier "Sauvons la planète" porte sur la qualité des aliments. Il s'agit de redonner de la valeur et de retrouver la saveur à/de ce que nous mangeons. Les séances portent sur le pain, le sucre et les épices. Au sujet du pain, en compagnie du cuisinier, Régis Jolys, les élèves observent et goûtent diverses variétés de pain : blanc avec ou sans sel, complet, de seigle, d'épeautre, aux céréales. Ils échangent leurs impressions sur leur goût et apprennent leur composition. Ils en viennent à découvrir les différentes céréales, leurs apports nutritionnels et leurs lieux de culture. Une autre question concerne les déchets alimentaires. Régis Jolys explique qu'ils sont réduits au maximum et recyclés. Pour ce qui est du pain consommé et jeté, les élèves pèsent la quantité concernée et réalisent une affiche de sensibilisation pour inviter les collégiens à limiter le gaspillage alimentaire (voir annexes : Fiche sur les déchets alimentaires et Affiche anti gaspillage). Un autre atelier gustatif est dédié aux épices et aux herbes aromatiques. Après les avoir définies, les élèves les découvrent en photos. Puis ils doivent les reconnaître en les observant et en les goûtant avant d'apprendre leurs bienfaits pour la santé. De l'anis au gingembre, du cerfeuil au basilic, c'est un véritable festival de couleurs, de senteurs et de saveurs digne d'un marché de Provence. Enfin, après le calcul de leur empreinte écologique, les élèves cherchent à mettre en place au collège quelques actions susceptibles de mieux respecter les personnes, le matériel et le jardin.

Inspiration naturaliste

Un autre projet s'intitule poétiquement "Jardin(s) intérieur(s)" et propose une approche sensible et artistique de la nature qui vise à sensibiliser les élèves au monde du vivant. Élaboré et mené, dans le cadre des heures de cours, par Élisabeth Robin-Frocrain professeure d'arts plastiques, et Anne Viaud, professeure de SVT en 2012-2013, ce projet se situe dans le cadre de l'opération "Plasticiens au collège" au cours de laquelle des artistes plasticiens 4 interviennent pour nourrir les élèves de leur présence. Proliférants, ces "Jardin(s) intérieur(s)" sur le thème de la biodiversité développent le vivre-ensemble par la réunion de deux groupes, une classe de cinquième et les dix élèves de l'Unité locale d'inclusion scolaire, élèves en situation de handicap. Nathalie Lecroc est venue, sur deux heures hebdomadaires consécutives, durant les trois quarts de l'année, faire travailler les élèves autour d'un projet conduisant de la collecte de végétaux à la notion de collection.
Le projet "Jardin(s) intérieur(s)" prolonge, d'une certaine manière, l'atelier animé en sixième par Anne Viaud, qui concerne "Le jardin de Lucie", un jardin qui fait office de support pédagogique situé dans l'enceinte du collège. Au cours de cet atelier, les élèves observent et expérimentent la croissance des plantations et la présence des insectes. À la croisée de la science et de l'art, Jardin(s) intérieur(s) perpétue la tradition du courant artistique du naturalisme. D'Aububon à Félix Carme, de nombreux artistes se sont consacrés à la représentation artistique de la nature et à la collection, soit le prélèvement d'éléments naturels rassemblés et recréés en vue d'une œuvre d'art, herbier ou cabinet de curiosités. Le musée d'histoire naturelle rejoint ainsi celui des beaux-arts. L'esprit du projet réside donc dans le fait de créer lentement et minutieusement un univers polymorphe fait de sculptures, de dessins, d'aquarelles, d'installations et de vidéos. Cet ensemble de créations est réuni sous la forme d'un cabinet de curiosités comportant délicats pétales de fleurs, fragments de bois aux formes improbables, écorces et minéraux, des assemblages singuliers nés de l'observation du vivant par les élèves. Le titre "Jardin(s) intérieur(s)" désigne les cabinets de curiosités réalisés par les élèves, et reflètent leur sensibilité intérieure, leur(s) jardin(s) secret(s).
 

Plasticiens en herbe

En septembre, le groupe s'est rendu au domaine départemental de La Garenne-Lemot, situé à Gétigné, à l'occasion d'une exposition intitulée "Une mouche dans la tête". Ils ont participé à l'atelier Hôtels particuliers entre l'observation et la création artistique selon une poétique naturaliste. Des insectes naturalisés tels que des blattes étaient collés sur les murs sous forme d'œuvre d'art contemporaine. Ils ont également participé, dans le parc, à une animation intitulée Sentinelles de l'environnement. Dans un périmètre délimité, les élèves sont invités à créer des refuges à abeilles solitaires sous la forme d'environnements artistiques au moyen de matériel de construction (briques, tiges de bambou, cordelette) qui leur est fourni. Suite à cette visite, les élèves ont collecté, dans le parc des Échalonnières et au Jardin de Lucie, des plantes indigènes telles que la carotte sauvage, la tanaisie, le pennisetum, la centaurée, l'achillée millefeuille... Une partie d'entre elles a été mise sous presse et séchée en prévision de la réalisation d'un herbier (voir ci-contre). Pour réaliser les étiquettes, un atelier de calligraphie, exercice de minutie et leçon de sérénité orientale, a été mené dans un état de silence et de concentration. C'est ainsi que le vivre-ensemble, volet du développement durable, conduit à des instants d'harmonie au cours de la réalisation de tâches créatives. La nature devient un terrain d'expérimentations sensorielles pour contempler, écouter et sentir l'odeur des différents plans, des herbes aromatiques et les reconnaître les yeux fermés. Il s'agit d'une éducation du regard, mais aussi de tous les sens. La seconde étape a consisté à appréhender les techniques de la gouache et de l'aquarelle, dans une réflexion sur la représentation, à la croisée du dessin naturaliste et du dessin artistique, et à dessiner des croquis dans l'esprit de l'art de Nathalie Lecroc, sur le motif Au jardin de Lucieoù ont été plantés jonquilles, lavande, romarin, fenouil, plantes mellifères... Les élèves traduisent à l'aquarelle les effets de couleur, de lumière qui jouent avec les feuilles autour de la transparence des pétales et de l'observation des ombres. C'est l'occasion d'étudier la place des colorants naturels au quotidien.

D'une visite à l'autre

En décembre, les encadrants familiarisent les élèves avec le concept de cabinet de curiosité, un lieu où étaient entreposés et exposés des objets collectionnés, avec un certain goût pour l'hétéroclite et l'inédit. On y trouvait des objets d'histoire naturelle tels qu'animaux empaillés, insectes séchés, coquillages, des herbiers, des fossiles, etc. Nathalie Lecroc, présente ses Artificiala, apports contemporains pour un cabinet de curiosité, et Élisabeth Robin-Frocrain, professeure d'arts plastiques, le travail de Joseph Cornell, un artiste surréaliste américain spécialiste des collages (1903-1972). Une autre visite a lieu, au mois de mai, au moment de la floraison, à l'abbatiale de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, abbaye fondée au XIIe siècle par des bénédictins, centre culturel et lieu de résidence d'artiste de Nathalie Lecroc en 1998. En 2008, une exposition carte blanche lui a été offerte sous le titre La traversée des temps élémentaires de Nathalie Lecroc avec un texte de Marjorie Micucci. Les élèves ont exploré le jardin des simples, un jardin médiéval riche de plantes médicinales, aromatiques et tinctoriales sur lequel ils ont posé un regard naturaliste.



À partir de l'étude de la thématique de la couleur dans la nature et dans l'histoire, les élèves ont abordé les caractéristiques, la symbolique ainsi que les usages d'un jardin médiéval. Suite aux collectes, les élèves ont réalisé des cabinets de curiosité dans lesquels ils ont logé des objets de leur enfance L'émotion suscitée par les couleurs, les odeurs issues de la nature s'est conjuguée à l'affectivité des choses qui tiennent à cœur. En 2013, à l'occasion du dixième anniversaire de l'opération Plasticiens au collège, le conseil général a passé une commande à Judith Josso afin d'obtenir son regard de vidéaste sur ces ateliers. Une vidéo montre donc les étapes du processus de ces Jardins intérieurs, du microcosme naturel et des gestes liés à la terre jusqu'à leur devenir artistique. En juin, une exposition des travaux des élèves a eu lieu au collège dans une salle contiguë à la salle d'arts plastiques. Un goûter a été organisé au cours duquel ont été servis des cocktails de fruits. Les élèves ont particulièrement apprécié de participer à ce projet autant pour les contacts avec la plasticienne que pour ce qui est du développement de la confiance en soi (voir annexe).

Un projet en perpétuel développement

De la sensibilisation à la réalisation, de l'alimentation à l'habitat, de la quinzaine du développement durable à la semaine de l'architecture, de la journée citoyenne aux délégués écocitoyens, le collège Lucie-Aubrac se consacre pleinement au développement durable et y réalise de multiples actions. Les déplacements des élèves lors des sorties pédagogiques s'effectuent à pied ou au moyen de transports en commun qui recourent aux énergies renouvelables. D'autres projets sont en cours, qui allient savoirs et savoir-faire, science et conscience. Sur le principe de la collection et de la vitrine, un projet de matériauthèque, mené en cinquième également en partenariat avec l'association "Grain de pollen" 5 rassemblera en un meuble à vitrines des échantillons de matériaux écologiques utilisables dans le bâtiment, et accompagnés de fiches spécifiant leurs caractéristiques ainsi que leur impact sur l'environnement. En sixième, un professeur va conduire un projet d'installation de ruches sur un terrain municipal adjacent au collège sur le site des Échalonnières ; celles-ci seront fabriquées en ateliers de technologie sous la houlette de Carole Guisnel-Etève. Par ailleurs, dans le cadre d'une convention avec la Ligue de protection des oiseaux, des refuges à oiseaux seront construits par les élèves avec mangeoires et nichoirs. Il est également question de réaliser, en partenariat avec "Graines d'explorateurs" 6 un inventaire raisonné de la faune et de la flore afin d'observer la biodiversité locale autour du collège. L'éducation au développement durable sera ainsi durablement menée. Et, pour paraphraser René Char, gageons que l'imprévisible décevra durablement l'attendu.


1. Aphorisme de René Char.
2. La fiche réalisée en SVT en 2012-2013 par des élèves de sixième et cinquième
3. "Démarche globale de développement durable dans les écoles et les établissements scolaires (E3D)" - Référentiel de mise en œuvre et de labellisation, note de service du 24-VII- 2013.
4. Le conseil général rémunère les artistes plasticiens à hauteur de trente heures d'intervention au sein d'un budget total de 1200euros pour ce projet.
5. Grain de pollen est une association d'éducation à l'environnement et au développement durable : www.graindepollen.org.
6. Graines d'explorateurs est une plateforme de l'ENS de Lyon destinée à accompagner des classes à suivre et/ou concevoir et mettre en œuvre, une expédition scientifique sur la biodiversité.
 
auteur(s) :

J. Perru

contributeur(s) :

M. Arthuis, P. Villoutreix, É. Robin-Frocrain, C. Guisnel-Etève, A. Viaud, Collège Lucie-Aubrac, Vertou [44]

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information(s) technique(s) : pdf

taille : 317 Ko ;

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