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quand accompagner suscite réflexions et concertations…

mis à jour le 07/06/2011


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Au lycée Aristide-Briand de Saint-Nazaire, l'accompagnement personnalisé a été l'objet d'une réflexion collective dès janvier 2010. Certes, la perspective de la réforme du lycée à la rentrée suivante a motivé ce travail, mais c'est aussi parce que l'équipe était déjà sensibilisée à cette question qu'une commission du conseil pédagogique a été chargée de mener une véritable réflexion sur les enjeux de ce dispositif.

mots clés : aide individualisée, accompagnement personnalisé, transdisciplinarité, compétences transversales


Pendant les six années, entre 2003 et 2009, où M. Rickauer a été proviseur du lycée, il a transmis à l'équipe éducative les fruits d'expériences menées dans l'académie de Rouen. Région pilote pour l'accompagnement, diverses expérimentations avaient déjà montré l'importance des mots et la nécessité de passer de "individualisé" à "personnalisé". Ne plus être dans une aide disciplinaire plus ou moins éparpillée selon les difficultés de chacun, mais plutôt dans un apport d'outils méthodologiques qui favoriserait la construction de compétences utiles à une meilleure compréhension dans toutes les disciplines. La réflexion avait donc déjà commencé dans l'établissement avec la création du conseil pédagogique dès 2006, et la mise en place d'un dispositif de tutorat. Dès son arrivée, A. Castagné, la nouvelle proviseure, a incité les équipes à poursuivre le travail au sein du conseil pédagogique afin de créer un dispositif adapté au public du lycée. Seul établissement public de la ville, celui-ci accueille deux mille élèves et fait partie d'une cité scolaire immense, puisqu'un lycée professionnel et un collège y sont également installés. Les élèves qui arrivent en seconde viennent de la ville, mais aussi des communes environnantes ; certains ont parfois un temps de transport important quotidiennement, et bon nombre n'ont pas d'ambitions bien définies. Pour beaucoup, il est facile de se perdre dans un tel espace, au sens propre comme au sens figuré: devenir un élève de lycée est une première étape à franchir avant d'envisager de quitter le même lycée, diplômé et autonome, pour aborder la suite...

Heureux concours de circonstances

À Aristide-Briand, le conseil pédagogique a une véritable fonction et environ vingt-cinq personnes (enseignants, conseiller principal d'Éducation, chefs des travaux, personnel de direction) s'appliquent à être des forces de proposition, et à préparer, après travail en commission, des suggestions d'actions concrètes pour les thèmes de réflexion choisis. À titre d'exemple, le tutorat a été créé à l'issue d'une réflexion sur les élèves décrocheurs. Il semblait évident qu'il fallait trouver des solutions pour raccrocher des élèves qui, bien que capables et motivés au départ, se laissaient prendre au piège de leur toute nouvelle liberté. Par ailleurs, plusieurs professeurs font partie de groupes de réflexion extérieurs, que ce soit dans un domaine disciplinaire ou transversal. C'est le cas de Jacques Royer, professeur de physique-chimie, aide-IPR et animant un GRAF (groupe de recherche action formation) sur les problématiques de "l'évaluation au service des apprentissages" et de "l'accompagnement des élèves". L'apport d'une réflexion élargie à l'extérieur de l'établissement a permis d'alimenter celle qui, déjà active et animée, suscitait les débats. Sans doute est-ce pour toutes ces raisons que la commission chargée de la mise en œuvre de l'accompagnement personnalisé s'est mise très tôt au travail, ce qui a eu pour avantage non négligeable de favoriser la maturation, de créer une dynamique et une culture de groupe qui rendent visible la cohérence du projet. Bien sûr, tous les professeurs ne sont pas impliqués pour l'instant, puisque seul le niveau seconde est concerné en 2010, et sans doute faudra-t-il encore du temps pour que cette volonté d'accompagner soit acceptée par tous.

Des objectifs bien définis

Si se fixer des objectifs est une nécessité, il faut au préalable s'appuyer sur les textes officiels (le socle commun de connaissances et de compétences, par exemple) et faire un état des lieux. La commission a donc décidé d'une part de se situer dans un cadre méthodologique transdisciplinaire, et d'autre part, de lister ce qui était attendu d'un élève de seconde, ainsi que ce qui posait problème à bon nombre d'entre eux (voir annexe). En s'interrogeant lui-même sur les objectifs recherchés par la mise en place de modules d'accompagnement consacrés à la méthodologie transdisciplinaire, le groupe a fait ressortir des catégories d'objectifs qui, ensuite, ont été rassemblés par dominante : repérage, maîtrise, expression et communication, transfert (voir annexe). Il est apparu que les types de compétences à développer chez les élèves croisaient ces objectifs : l'autonomie, l'organisation, la capacité réflexive, ou encore les médiations technologiques. Enfin, restait la compétence sans doute la plus fondamentale et la plus significative de la transversalité : la capacité à accéder au système symbolique à partir de la formation de représentations. La difficulté de conceptualisation reste prégnante, mais comment aider les élèves sur ce point crucial ? Même si la commission l'a mise en avant lors du conseil pédagogique de février 2010, la réflexion n'a pas été poursuivie suffisamment pour qu'il y ait un aboutissement concret. Car il était temps, déjà, de poursuivre les échanges à partir des premiers travaux, dans le but, cette fois, de préparer la mise en place concrète de l'accompagnement personnalisé prévu pour septembre. Dès cette période, il a été décidé qu'au minimum, un des deux professeurs principaux de seconde (dans ce lycée, la tâche de professeur principal est assumée par deux enseignants), participerait à cet accompagnement. Observateur privilégié du groupe et des individus, le professeur principal a une connaissance plus précise des élèves et peut ainsi faire le relais entre l'équipe pédagogique et les enseignants qui assurent l'accompagnement personnalisé.


À chaque période ses objectifs

Dix-huit classes de seconde, deux heures d'accompagnement personnalisé hebdomadaires, ce sont six professeurs au maximum (il peut y avoir quelques intervenants ponctuels) qui se répartissent les quatre-vingt-quinze élèves à chaque créneau horaire, puisque trois classes sont en barrette. Les six groupes constitués et nommés de A à F vont passer par chaque atelier proposé pendant une période délimitée par les vacances (cinq semaines de septembre à novembre, sept entre novembre et décembre...). La semaine qui précède les congés, les élèves n'ont pas d'accompagnement personnalisé de sorte que les enseignants puissent faire le bilan de la période écoulée, et programmer la période suivante en fonction des observations faites par les professeurs principaux, les équipes pédagogiques et les professeurs impliqués dans l'accompagnement. Pour la première période, il a été décidé de faire arbitrairement des groupes et de proposer des séances de travail sur des points clés en début d'année de seconde : le travail personnel (voir annexe), la prise de notes, l'apprentissage d'une leçon, la communication orale et la communication écrite. Il s'agit avant tout de fournir des outils et les premiers éléments d'une prise de conscience des attendus. Après la régulation de la fin octobre, selon les observations faites, ces mêmes ateliers pourront être à nouveau proposés à ceux qui en auraient encore besoin. La communication écrite sera vraisemblablement encore à l'affiche ! Mais de nouveaux objectifs seront fixés : engager un travail en profondeur pour construire de nouvelles compétences. Par exemple, préparer les élèves au travail de groupe dans la perspective des TPE (travaux personnels encadrés) de la classe de première, ou bien les engager dans un PDMF (parcours de découverte des métiers et des formations) par des ateliers de découverte... et pourquoi pas, associer la compétence "savoir travailler en groupe" à celle de "communiquer par écrit" sur un thème lié à l'orientation...

Une mise en œuvre régulée

Les enseignants impliqués n'ont pas toujours les élèves en cours, ce n'est pas une nécessité absolue quand on travaille de cette façon. En revanche, ce qui est essentiel c'est la concertation et, comme le souhaite J. Royer, une évolution des pratiques vers une approche par compétences. Dans tous les systèmes d'aide mis déjà mis en place, au collège particulièrement, on constate à quel point la tentation est grande de revenir, au fil des séances, à du disciplinaire. En début d'année de sixième par exemple, beaucoup de professeurs acceptent de faire quelques semaines de méthodologie mais ensuite, l'heure d'ATP (aide au travail personnel) est souvent consacrée à un soutien en mathématiques ou en français. Cette dérive, J. Royer aimerait bien l'éviter et espère que le groupe constitué pour 2010 avec des professeurs volontaires évitera cet écueil. Un des points positifs est le travail en binôme pour les enseignants qui le souhaitent car le croisement des disciplines (français/sciences physiques par exemple) est un bon moyen de faire émerger des compétences à travailler (voir annexe). C'est aussi un moyen de croiser les regards portés sur les élèves afin, lors de la concertation, de mieux évaluer les manques à pallier pour tel ou tel. Mais ce changement de posture demande une réelle adaptation aux professeurs : il faut avoir en tête la compétence visée et plus uniquement le savoir à faire acquérir. La réalité s'impose cependant : lors de l'atelier sur le travail personnel, très peu d'élèves ont, dans la liste des choses qu'ils devaient faire, mentionné le fait de relire leurs cours... ! Implicite pour certains, inutile pour d'autres, c'est indispensable pour le plus grand nombre qui néanmoins l'ignore encore : cette compétence non acquise produit sans aucun doute quelques échecs. L'observation et la concertation des professeurs feront évoluer les contenus des ateliers afin d'aborder les compétences transversales pour lesquelles chaque élève a une marge de progrès.

Évaluer pour progresser

Sur le plan pratique, les deux heures successives d'accompagnement personnalisé semblent un peu longues pour les élèves. D'autant plus lorsque, placées en fin de journée, les séances sont consacrée à la méthodologie. Mais ces deux heures seront nécessaires dès lors que les professeurs ou les COP (conseillers d'orientation psychologues) organiseront des visites dans le cadre du PDMF. De plus, la mobilisation de six enseignants pour trois classes apparaît très intéressante pour moduler les groupes : un COP réunit trente élèves pendant qu'un enseignant prend un groupe plus restreint. Le dispositif sera étendu aux classes de première à la rentrée 2011 puis de terminale en 2012. Il faudra vraisemblablement que des professeurs plus nombreux s'impliquent et sans doute le processus de réflexion sera-t-il alors plus difficile à maintenir. C'est une inquiétude pour J. Royer qui espère que la politique de l'établissement sera suffisamment suivie pour entrainer le plus grand nombre vers la poursuite du travail initié. Une réflexion est déjà lancée sur le fait de faire apparaître l'accompagnement personnalisé sur le bulletin scolaire. Pas de note mais une évaluation par acquisition de compétences. Ce serait une suite logique à la mise en œuvre du socle commun au collège. D'autant plus qu'à la rentrée 2011, les élèves de seconde arriveront avec leur livret de compétences, il serait bien dommage de ne pas l'exploiter. Comme J. Royer aime à le dire à ses élèves de terminale, il se sent professionnellement heureux lorsque, à la fin de leur dernière année de lycée, ses élèves ont acquis l'autonomie ! C'est-à-dire la capacité à organiser et gérer leur travail personnel, à anticiper, à savoir faire le petit "truc" supplémentaire, à aller chercher les informations... des compétences construites d'années en années !
 
auteur(s) :

M. Blin

contributeur(s) :

J. Royer, Lycée Aristide-Briand, Saint-Nazaire [44]

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