Contenu

innovation pédagogique

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > actions éducatives > innovation pédagogique > échanger

redorer son blason pour réussir enfin

mis à jour le 06/03/2012


echanger dossier 1

Après une année difficile et des classes perturbées, le collège Georges-Desnos de La Ferté-Bernard a décidé d'ouvrir une Unité relais interne 1. Quelques élèves y passent six semaines. À l'issue de la session, ils retournent dans la classe, qu'ils n'ont que partiellement quittée, afin de poursuivre dans de meilleures conditions leur parcours scolaire.

mots clés : échanger, remédiation, dispositif relais, élèves difficiles


Ce sont douze conseils de discipline qui ont eu lieu, en un an, dans ce collège ! Combien furent d'ailleurs évités par le dialogue ? On comptait parfois jusqu'à dix exclusions de classe par heure ; les alarmes intempestives nombreuses et l'agression d'un professeur ont aggravé le problème. Tant de dysfonctionnements ne pouvaient que créer un malaise très visible du côté des enseignants. Ainsi, le clash était sans cesse redouté, tant les motifs d'arrêter le travail étaient nombreux. Devant cette situation, le principal a dû réagir, avec l'accord d'un corps enseignant meurtri par les difficultés qui ne cessaient de croître. Il y avait bien sur le collège un dispositif spécifique aux élèves en décrochage potentiel, une troisième d'insertion, mais, en toute fin de cursus scolaire en collège, il était un peu tard pour un travail de fond.
Pour progresser face à la montée des problèmes liés à une incompréhension, chez de nombreux élèves, des règles de fonctionnement du collège et des exigences de vie commune, il fallait passer par un dispositif permettant d'anticiper et de répondre aux situations difficiles. Cependant, ce dispositif ne pouvait pas s'apparenter à un réceptacle de toutes les misères du collège. Il fallait donc le définir à travers deux axes : la prévention permettant à l'élève de prendre les repères nécessaires à sa réussite et la remédiation, quand ces repères ont été notamment remplacés par des attitudes contraires à la réussite, l'une n'allant pas sans l'autre, les deux étant complémentaires.

Mobiliser les enseignants

Les enseignants ont été sollicités dans la mise en place de l'Unité de relais interne. Ils ont accepté de relever le défi car c'était pour eux le moyen de se saisir du problème à bras le corps. C'est ainsi que seize heures ont été dégagées pour créer ce dispositif innovant à l'intérieur même du collège, alors qu'antérieurement, ce type de dispositif était externe à l'établissement. L'URI, créée de toutes pièces par une équipe d'enseignants, repose sur le postulat que l'élève appartient à sa classe, c'est bien là le lieu de travail et de socialisation où il doit revenir, même s'il en est exclu temporairement.

Pour quels élèves ?

Il s'agit de repérer, dès la classe de sixième, les élèves qui sont potentiellement concernés, ceux qui risquent, au cours de leurs années de collège, de ne plus pouvoir suivre dans de bonnes conditions l'enseignement qui leur est proposé ; ceux que l'on qualifie parfois de velléitaires, dont les refus de travail vont croissant de la 6e à la 3e; ces élèves qui, parce qu'ils n'arrivent pas à se mettre en situation réelle d'activité scolaire, développent des attitudes qui nuisent à la tenue de la classe. On est bien là dans de la prévention : désamorcer des crises avant qu'elles ne soient enclenchées. Il ne s'agit pas d'aller sur des terrains d'expertise externes, mais d'approcher l'élève dans une psychologie éducative globale relevant des compétences internes à l'Éducation nationale. Dans les années à venir, seul l'aspect préventif devrait "perdurer", mais, pour cette année encore, l'aspect curatif sera maintenu pour certains élèves. L'équipe pédagogique mise sur l'efficacité de cette approche : l'intégration dans le dispositif ne se fait qu'au bout d'une phase préparatoire de sept étapes successives évitant toute mise à l'écart trop rapide (voir annexe). Le but est bien de faire évoluer positivement le parcours de l'élève.


Pour quels élèves ?

Il s'agit de repérer, dès la classe de sixième, les élèves qui sont potentiellement concernés, ceux qui risquent, au cours de leurs années de collège, de ne plus pouvoir suivre dans de bonnes conditions l'enseignement qui leur est proposé ; ceux que l'on qualifie parfois de velléitaires, dont les refus de travail vont croissant de la 6e à la 3e ; ces élèves qui, parce qu'ils n'arrivent pas à se mettre en situation réelle d'activité scolaire, développent des attitudes qui nuisent à la tenue de la classe. On est bien là dans de la prévention : désamorcer des crises avant qu'elles ne soient enclenchées. Ces élèves sont considérés à travers tous les aspects de leur vie, à travers tous les angles qui relèvent de la compétence de l'Éducation nationale : il ne s'agit pas d'aller sur le terrain des experts, notamment en psychologie. Logiquement, l'équipe pédagogique ayant l'espoir de son efficacité, seul l'aspect préventif devrait "perdurer" dans la poursuite de ce dispositif, même si, en cette première année, l'aspect curatif, qui concerne les élèves déjà au collège l'année précédente, demeure essentiel. De plus, cette intégration ne se fait qu'au bout d'une phase préparatoire constituée de sept étapes successives évitant toute mise à l'écart trop rapide (voir annexe). Le but est de faire évoluer positivement le parcours de l'élève, parcours déjà caractérisé par l'échec.

Moyens réels

Il a fallu faire des sacrifices et rogner sur des aspects importants de l'enseignement des sciences, puisque les dédoublements en physique-chimie, technologie et sciences de la vie et de la Terre ont été supprimés. Une dotation exceptionnelle de six heures pour la participation d'un enseignant du premier degré a été autorisée par l'Inspecteur d'académie. Les seize heures qui ont ainsi été débloquées ont été attribuées à quatre enseignants (dont chacun assure deux à cinq heures) : un professeur des écoles, un professeur d'espagnol, un professeur d'anglais et un professeur de technologie. Une assistante d'éducation participe aussi à ce dispositif. Les moyens dégagés visent notamment à individualiser au maximum les interventions auprès des élèves, ce dont tout le monde peut prendre conscience aisément. Tous les enseignants sont impliqués, même ceux qui ne participent pas stricto sensu à l'URI, dans la mesure où leur diagnostic est essentiel au bon déroulement des phases ultérieures. Le professeur principal est un relais majeur. Il recueille les avis de ses collègues, analyse les différentes situations, filtre celles qui relèvent de l'URI (tous les dysfonctionnements de classe ne relèvent pas de ce dispositif) et suit ensuite toute la phase d'exploitation de l'URI pour que l'élève soit au mieux réintégré dans sa classe. Ce nouveau mode de fonctionnement a entraîné, de fait, un suivi plus marqué des élèves dans les équipes pédagogiques dans lesquelles les liens ont été plus réguliers, donc plus riches, et auprès des parents avec lesquels des bilans réguliers sont proposés.

Où et comment ?

C'est au rez-de-chaussée d'un bâtiment de ce grand collège qui accueille sept cents élèves qu'est située cette nouvelle structure. Ce lieu dispose d'une salle avec des postes informatiques reliés à internet, des tables disposées de manière plus conviviale que dans la relation frontale d'un cours traditionnel. Dans cette même salle, une bibliothèque spécifique a été créée. Outre les usuels nécessaires à tout travail écrit, elle contient des livres accessibles aux élèves ainsi que des abonnements-presse susceptibles de les séduire, eux qui se sont si souvent détournés de l'écrit et de la lecture en lesquels ils ne voyaient le plus souvent qu'un symptôme de leurs échecs. La journée d'un élève intégré à ce dispositif commence à neuf heures par un premier créneau d'une heure appelée "rituel". L'élève peut choisir son activité parmi plusieurs qui lui sont proposées (lecture, jeux de logique, site internet, maths, magie...) dans une autonomie relative, mais en présence de l'assistante d'éducation. On peut alors voir des élèves feuilleter librement les périodiques qui sont sur les présentoirs. Il peut ne pas s'agir d'une lecture systématique et approfondie d'un article de journal, il s'agit d'un rituel d'entrée dans le travail de la journée. Avec l'arrivée d'un enseignant, le travail se met en place. Il ne s'agit pas de faire les mêmes activités que celles qui sont proposées, ce même jour, dans la classe dont est issu l'élève, mais de revenir autrement sur les lacunes qui ont conduit l'élève à décrocher de sa classe, et qu'il faut désormais combler pour ne pas reproduire le même phénomène. Pour cela, il n'est pas question de reprendre les manuels, mais de réfléchir à des projets permettant de manier simultanément la lecture, l'écrit et le calcul. Les thèmes qui définissent les projets sont d'ordre artistique (par exemple, le Street Art) ou technique (par exemple, un modèle réduit de voiture solaire). Les enseignants s'appuient alors sur les éléments du socle commun pour indiquer à l'élève ce qui est attendu du travail scolaire ; bien entendu, les compétences 6 et 7 du socle (Les compétences sociales et civiques, L'autonomie et l'initiative), mais aussi les autres compétences plus reliées à des connaissances.

Pour un temps seulement

L'élève intègre l'URI pour une séquence de six semaines, mais cette intégration est finalisée sur la sortie nécessaire et inévitable. C'est pourquoi la mise en place d'un suivi précis de l'élève est indispensable. Chaque élève a ainsi un tuteur parmi les adultes intervenant dans le dispositif, avec lequel il fait le point régulièrement. De même, ces adultes font, eux aussi, le point chaque vendredi. Par ailleurs, le professeur principal est tenu au courant de ce que fait l'élève, de son attitude et de la manière dont il prend en compte les consignes qui lui sont indiquées et qu'il doit respecter. Afin de faciliter la réintégration dans la classe, et pour ne pas couper les ponts avec celle-ci, l'intégration à l'URI peut n'être que partielle. Ainsi, certains élèves cumulent des cours en classe et des séances dans l'URI (dont le volume horaire est de quinze heures pour chaque élève par semaine, heures situées le matin de 9 à 12 h, et l'après-midi, de 13 h 30 à 15 h 30). Intégrer un élève dans l'URI, c'est d'abord penser à son retour dans la classe, sous peine d'un échec de ce dispositif.

Se valoriser enfin

En intégrant l'URI, les élèves sont invités à se représenter. Chacun d'eux réalise alors son propre blason dans lequel il est amené à se présenter. Dans l'une des cases du blason, il décrit son activité préférée, dans une autre, la matière qu'il aime le plus... Ainsi, en fonction du type de blason qu'il aura choisi en lien avec son tuteur (voir annexe), il sera amené à se définir tel qu'il se ressent en ce début de formation. Plus tard dans la session, l'exercice du blason sera renouvelé, et l'élève pourra alors prendre conscience de son évolution. Il est remarquable de voir combien certains blasons évoluent sur le plan de la présentation, voire sur le plan du contenu. Certains élèves qui avaient négligé cet exercice lors de leur intégration ont réalisé, dans un deuxième temps, des blasons plus fournis, plus valorisants. Certes, il faut se garder de crier victoire, la mise en œuvre du dispositif ne datant que de septembre 2010, mais on peut déjà constater que les élèves ont une attitude positive à l'égard du travail demandé et à l'égard des autres, notamment des adultes qui les encadrent. Il restera à mesurer réellement ce qui a été acquis et ce qui ne l'a pas été en référence au socle commun.

1. À la rentrée 2011, six dispositifs relais internes ont été créés en Sarthe, engageant neuf établissements dans une nouvelle démarche. Neuf autres collèges, répartis sur l'académie, accueillent des dispositifs à vocation départementale (Lucyna Moari, IA-IPR EVS).
 
auteur(s) :

P. Chéry

contributeur(s) :

K. Mézière, M. Rébillon, V. Béraud, M. Dufeu, Collège Georges-Desnos, La Ferté-Bernard [72]

fichier joint

information(s) technique(s) : pdf

taille : 750 Ko ;

ressource(s) principale(s)

echanger dossier 1 construire, évaluer des compétences 11/01/2011
La question de la construction et de l'évaluation des compétences prend aujourd'hui une nouvelle actualité avec la mise en œuvre du socle commun de connaissances et de compétences. Désormais, ...
évaluation, évaluer, compétences, livret, socle commun

haut de page

innovation pédagogique - Rectorat de l'Académie de Nantes